Du solaire à la Pac, comment Revolt.eco veut "aider le passage à l’échelle de la transition énergétique"

Par   Corentin PATRIGEON

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Publié le 26 novembre 2025
© Revolt.eco
De gauche à droite : Fabien Defouilhoux, Guillaume Berson et Charles Gwinner, les trois co-fondateurs de Revolt.eco.
STRATÉGIE. La jeune pousse, qui propose un CRM dédié aux installateurs photovoltaïques, développe actuellement de nouveaux modules destinés aux professionnels du génie climatique. L'un de ses fondateurs, Guillaume Berson, souligne auprès d'XPair la complémentarité des deux activités.

XPair : Pour commencer, pouvez-vous présenter l'historique et l'activité de Revolt.eco ?

Guillaume Berson : Je suis l’un des trois associés et actuel président-directeur général de Revolt.eco, une société créée début 2024 avec mes associés Charles Gwinner et Fabien Defouilhoux dans l’idée d’accompagner les installateurs RGE (Reconnu garant de l'environnement) sur leur cycle de vente. Nous avons lancé notre activité en visant les installateurs photovoltaïques tout en pensant le produit réplicable sur d’autres catégories, avec l'objectif de répondre à deux problématiques.

Le manque de confiance, voire la défiance des clients finaux envers les installateurs, ces marchés étant très impactés par les arnaques et les fraudes ; et l'efficacité opérationnelle des installateurs, qui utilisent en moyenne entre 8 et 10 logiciels différents, ce qui n'optimise pas du tout leur activité.

Partant de ces constats, on a créé Revolt en tant qu’outil d’aide à la vente permettant aux installateurs d’avoir un logiciel SaaS (Software as a Service, en français logiciel en tant que service) tout-en-un, qui centralise leur activité et ne l’éparpille pas entre plusieurs logiciels. Un premier produit est sorti en version bêta au 2e trimestre 2024 et a été commercialisé il y a 13 mois maintenant.

Aujourd’hui, on a plus de 500 sociétés clients, des installateurs PV bien sûr mais pas que, car nos clients sont aussi sur d’autres activités, notamment la brique CVC. Notre ambition actuelle est donc d'étendre notre activité au-delà du solaire : nous allons lancer une bêta en décembre pour s'adresser cette fois aux installateurs de pompes à chaleur, car il y a un bon développement sur ce marché.

La Pac est un produit écologique sain et complémentaire avec le PV, qui va dans le sens de l’électrification des usages. Pour ce faire, nous avons effectué une levée de fonds de 3 millions d'euros auprès du fonds allemand Revent, où le marché est plus mature, et nous avons des ambitions internationales pour l’année prochaine. Notre société compte un peu plus de 20 collaborateurs, tous basés à Paris.

Comment fonctionne concrètement votre solution ?

G. B. : Elle se compose de plusieurs briques, de l’avant-vente à l’après-vente : on se définit comme un outil CRM (Customer Relationship Management, gestion de la relation client) métier permettant de gérer l’ensemble des prospects et des clients. Revolt va aider l’installateur à convaincre de la rentabilité d’un projet sur le terrain.

Le logiciel a été conçu pour tablette et mobile, précisément pour pouvoir expliquer au client, en 10 minutes et de A à Z, la conception du projet lors de la visite technique, et automatiser la conception et le suivi de projets.

Il peut se connecter aux données réelles de consommation (Diagnostic de performance énergétique, compteurs communicants Linky et Gaspar…) et, sur la partie dimensionnement, accède à un environnement 2D/3D de la maison, notamment le toit pour le PV ou les menuiseries pour le CVC.

Il élabore ensuite une étude de rentabilité personnalisable puis une offre financière avec création de devis et facturations, tout en proposant un simulateur des aides à l’installation et un barème de financement. Sur l’après-vente, on permet à l’installateur de gérer l’entretien et la maintenance directement dans l’application.

Pour le 1ᵉʳ semestre 2026, nous prévoyons d'ajouter une fonctionnalité permettant de commander directement le matériel sur les boutiques en ligne des distributeurs. Revolt divise par 4 le temps passé sur les projets et aide à la conversion de devis, pour permettre à l’installateur de se différencier.

Le solaire PV se porte très bien alors que le CVC connaît des difficultés. Pourquoi se lancer dans ce secteur ?

G. B. : Le besoin émerge de notre base de clients actuelle : les trois quarts d'entre eux font du solaire mais ont aussi d'autres activités, comme du génie climatique ou de l'isolation. Ils nous demandent par conséquent de répliquer l’intérêt de Revolt sur d’autres gammes de produits.

Et beaucoup de choses sont encore à faire dans le secteur : de nombreux installateurs CVC gèrent encore leur activité sur Excel... Des installations CVC continueront toujours à se faire même si la filière connaît des difficultés, et le marasme actuel est pour nous l'occasion de proposer une contribution forte, complémentaire au PV.

On estime qu’environ 30 % des projets sont abandonnés par les clients finaux à cause des problèmes que nous ambitionnons justement de résoudre (manque de réactivité, de compréhension…). Avec notre solution, nous espérons ainsi aider le passage à l’échelle de la transition énergétique.

Au-delà de la Pac, comptez-vous élargir votre offre aux autres systèmes ?

G. B. : Bien sûr, Revolt englobera aussi la chaudière gaz, les installations géothermiques ou encore les poêles à bois dans ses futurs modules. Cela se fera progressivement, mais l'idée est bien de permettre aux installateurs qui font à la fois de la chaudière et de la Pac d’aider le client final à prendre sa décision en comparant les offres. L’hybridation est un vrai sujet pour la filière, avec un fort potentiel.

Le solaire thermique, que beaucoup appellent à développer, et la ventilation, le seul segment en croissance à fin août d’après les chiffres d’Uniclima, font-ils aussi partie des solutions intégrées à votre outil ?

G. B. : Nous croyons au solaire thermique mais nous n'avons pas une énorme demande de la part de nos clients sur ce segment d'installations. D'une manière générale, nous nous positionnons comme le partenaire des fabricants pour diffuser leurs offres au sein d’un logiciel dédié. La ventilation sera aussi en itération dans notre solution au cours du second semestre 2026.

Beaucoup d’acteurs pointent le besoin de formation des installateurs. Est-ce que votre outil peut contribuer à cet enjeu de qualification ?

G. B. : On observe dans les centres de formation QualiPV que de plus en plus d’installateurs entendent parler de nous. Nous ne sommes pas un organisme de formation mais nous pouvons, une fois que le professionnel a obtenu sa certification, lui proposer l’outil le plus pertinent pour le rendre plus efficace dans son activité.

Les aides à la rénovation constituent un autre enjeu de la filière CVC. Quels retours les professionnels vous font-ils sur ce sujet et qu'est-ce que votre logiciel peut apporter en termes de réglementation ?

G. B. : Les installateurs sont à la fois perdus et découragés, beaucoup ne parlent plus des aides et disent à leurs clients de se renseigner directement de leur côté. Il n'est pas normal, quand on est installateur, de ne pas avoir le bon outil pour expliquer cette partie-là de son travail, qui est pourtant essentielle. C’est donc notre boulot d’ajuster, d’adapter et de proposer les dernières informations mises à jour.

C'est une difficulté supplémentaire mais c’est aussi un défi stimulant pour nous. Les aides font partie prenante de la vente d'équipements CVC ; si Revolt ne les intégrait pas, elle serait une solution incomplète. Nous voulons par ailleurs intégrer l’intelligence artificielle à notre outil pour aider l’installeur à s’y retrouver, particulièrement au niveau de notre moteur de dimensionnement.

Qu’est-ce que l’IA pourrait apporter de plus par rapport à votre solution actuelle ?

G. B. : L’IA vient simplifier pas mal de choses de la partie gestion : bases de données, synthèse, relance automatique... En tant que surcouche, elle va venir s’intégrer à notre logiciel pour recommander les meilleurs produits. De plus en plus de clients finaux se renseignent en demandant à ChatGPT ou d'autres outils d'IA ce qu'ils devraient faire pour leur logement, mais les réponses peuvent être incomplètes, voire fausses. Il faut donc apporter une brique d’IA à une solution comme la nôtre pour que des professionnels qualifiés leur apportent les meilleures réponses.


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