Porté par l'autoconsommation, le photovoltaïque de petite puissance se fait une place au soleil

Le solaire photovoltaïque a décidément la cote ou, du moins, il l'avait encore l'année dernière. L'Observatoire des énergies renouvelables (Observ'ER) et l'Agence de la transition écologique (Ademe), qui assurent un suivi des raccordements de ces installations, confirment que le segment ≤ 9 kW a enregistré une belle progression en France métropolitaine au cours de l'année dernière. Les deux organisations basent leur étude sur une collecte de données réalisée auprès de 75 fabricants, distributeurs ou importateurs intervenant sur le marché hexagonal.

Il en ressort donc une hausse de 15,3 % des centrales ≤ 3 kW, soit 122.000 unités d'une puissance moyenne de 2,3 kW nouvellement raccordées, et de 30,5 % pour celles entre 3 et 9 kW, soit 124.500 nouvelles unités d'une puissance moyenne de 5,5 kW. Au total, le marché métropolitain des installations PV inférieures ou égales à 9 kW a gagné 25,7 % entre 2023 et 2024, pour une puissance totale de 965.760 kW.

L'intérêt des ménages comme des petits acteurs économiques pour cette énergie semble donc réel, bien que la dynamique soit "moins spectaculaire" que ces dernières années. Le solaire a néanmoins su tirer son épingle du jeu dans un marché 2024 difficile pour le génie climatique. "Le segment des installations PV de petites puissances a été le seul marché d'applications renouvelables pour particuliers qui a progressé dans son activité en 2024. Les pompes à chaleur, les appareils de chauffage domestique au bois ou le solaire thermique ont tous été en net recul", souligne l'étude.

90 % des installations ≤ 3 kW sont réalisées dans le résidentiel

L'instabilité politique et les incertitudes économiques ont effectivement refroidi les projets d'investissement des ménages. Malgré cela, la tendance de fond est pour le moins encourageante : "En huit ans, le segment des installations de petites puissances a été multiplié par 13, passant de 71.000 kW en 2017 à près d'un million en 2024", notent les auteurs.

Si ces centrales étaient encore "marginales" en 2020, ne pesant que 10 % du marché, elles sont aujourd'hui devenues "un pilier du solaire résidentiel et tertiaire", après avoir atteint les 19 % l'année dernière. Le marché du segment ≤ 3 kW est très largement dominé par le secteur résidentiel, les professionnels interrogés dans le cadre de l'enquête estimant à 90 % la part des installations réalisées sur ce créneau, les 10 % restants étant attribués au petit tertiaire et aux commerces.

En termes de puissance, cela représente 252.680 kW branchés dans des logements sur une puissance nouvellement installée de 280.760 kW. Sur le segment compris entre 3 et 9 kW, la prépondérance du résidentiel se rétracte un peu avec une part de marché de 84 % : sur 685.000 kW fraîchement raccordés, 575.400 l'ont été dans des logements.

L'autoconsommation, ou le "renouveau" des petites puissances PV

Observ'ER et l'Ademe constatent en outre une hégémonie des installations en autoconsommation sur le segment ≤ 3 kW. "Il n'y a quasiment plus d'opération faite en revente totale, une option qui n'est plus autorisée depuis mars 2025 pour les installations inférieures à 9 kWc", rappellent les auteurs.

Sur les dix dernières années, ils évaluent "à près de 820 MW le volume des installations PV de moins de 3 kW qui fonctionnent en autoconsommation". Ils considèrent que le "déclin" des petites puissances PV observé entre 2010 et 2015 a amorcé un "renouveau" grâce à "la diffusion de l'approche en autoconsommation", perçue comme un mode "innovant" ayant "progressivement insufflé une nouvelle dynamique".

L'écrasante majorité (94 %) des opérations en autoconsommation sur le segment ≤ 3 kW ont été réalisées sans équipements de stockage mais avec une injection des surplus de production électrique. Entre 2023 et 2024, la part des centrales avec stockage a cependant augmenté de 2 %. Deux tendances relativement stables dans le temps, le pic des installations sans et avec stockage ayant été respectivement atteints en 2023 (98 %) et 2022 (7 %).

La moitié Sud de la France cristallise le marché

Sur le plan géographique, les quatre mêmes régions dominent le marché tant sur le segment ≤ 3 kW que sur celui entre 3 et 9 kW : l'Auvergne-Rhône-Alpes (avec respectivement 22 % et 28 %), la Nouvelle-Aquitaine (18 % et 12 %), Provence-Alpes-Côte d'Azur (11 % et 16 %) et l'Occitanie (9 % et 10 %). On notera que si l'Île-de-France ne s'octroie qu'une part de marché de 5 % sur le segment entre 3 et 9 kW, elle grimpe à 8 % pour le segment ≤ 3 kW.

La distribution du marché  ≤ 9 kW s'articule surtout autour des réseaux d'artisans installateurs multimarques (65 %), suivis par les grossistes (25 %) et les ventes en ligne (5 %). Ce dernier canal progresse pour la première fois depuis sept ans mais demeure à un niveau faible.

Baisse des réalisations dans le neuf, hausse dans l'existant

Pour autant, le solaire PV n'est pas épargné par les difficultés de la filière bâtiment. La chute de la construction neuve de maisons individuelles depuis 2022 a fait tomber la part des réalisations dans le neuf de 8 % à 5 %. A contrario, les opérations dans l'existant ne cessent de progresser, passant de 84 % en 2020 à 95 % en 2024.

Le coût moyen des équipements a diminué de 3 %, atteignant un prix de 2,32 € / Wc pour 3 kW et de 1,70 € / Wc pour 9 kW, pose incluse. Le chiffre d'affaires total englobant la vente et la pose d'installations du segment ≤ 3 kW a atteint 651,36 millions d'euros l'année dernière, en augmentation de 11,9 %, à comparer aux 9,19 millions enregistrés en 2025... et au 1,64 milliard d'euros en 2010 !