Ma prime rénov' suspendue : les filières Pac et solaire demandent un aménagement

Par   Corentin PATRIGEON

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Publié le 6 juin 2025
Crédit photo iStock/fokkebok
Des unités extérieures de pompes à chaleur et des panneaux solaires photovoltaïques équipent des logements.
ÉCONOMIE. Suite à la suspension temporaire du dispositif d'aide à la rénovation énergétique, l'Association française pour les pompes à chaleur (Afpac) et le syndicat Enerplan souhaitent que l'État préserve une partie du mécanisme.

Après l'annonce de la suspension temporaire de Ma prime rénov' du 1er juillet jusqu'à l'automne 2025, la gronde des professionnels du bâtiment et de l'énergie ne faiblit pas. Au lendemain d'une prise de position commune à 19 organisations professionnelles, c'est au tour des filières de la pompe à chaleur et du solaire d'interpeller le Gouvernement sur les répercussions de cette décision.

Du côté d'Enerplan, le syndicat des professionnels de l'énergie solaire, on dénonce "une décision brutale" qui n'a "fait l’objet d’aucune concertation". Le gel du dispositif d'aide à la rénovation énergétique est dépeint comme "un coup dur porté à l’industrie du solaire thermique, qui espérait des vents porteurs avec le plan d’action pour la filière appelé par la PPE (Programmation pluriannuelle de l'énergie)".

Si le secteur partage évidemment la volonté affichée par les pouvoirs publics de lutter plus efficacement contre les fraudes, il affirme aussi que ces dernières se concentrent sur les rénovations globales, et qu'à ce titre "le soutien au mono-geste ne devrait pas être suspendu, afin de ne pas paralyser le marché pendant plusieurs mois".

En équipant d'abord les ménages d'un chauffe-eau solaire, d'un système solaire combiné ou d'une Pac solaire, le mono-geste est présenté comme "un premier pas" vers des chantiers de rénovation globale. "Plutôt que de chercher des ajustements avec les acteurs de la rénovation, le Gouvernement a choisi de stopper toute la dynamique et de jeter le bébé du mono-geste avec l’eau du bain de la rénovation globale", tance Richard Loyen, délégué général d’Enerplan.

Menace sur l'outil de production

Cette approche est selon lui "catastrophique" dans la mesure où elle "casse" le marché du mono-geste, un "vecteur de diffusion des équipements solaires qui est bien régulé". Au sein de l'Afpac (Association française pour les pompes à chaleur), on partage évidemment cette grille de lecture, et on l'amplifie même : d'après l'organisation, la suspension de MPR équivaudrait à "une menace pour la pérennité de la filière française des Pac" et pour les "milliers d’emplois" qui y sont liés.

Il s'agirait d'une troisième mauvaise nouvelle, après les précédentes chutes du marché (-14% en 2023 et -40% en 2024). Elle tacle au passage l'argumentaire de l'exécutif, assurant que "le traitement des dossiers mono-gestes par l’Anah (Agence nationale de l'habitat) ne souffre pas d’engorgement" et que les contrôles "ont démontré leur efficacité dans la lutte contre la fraude".

Les industriels, installateurs et BET membres de l'Afpac demandent donc "a minima" de maintenir le parcours mono-geste afin de ne pas entraver les changements de systèmes de chauffage. Et, plus largement, la fin des "'stop and go' permanents" et leur remplacement par "une vision de long terme".

La filière explique qu'elle veut éviter "une crise majeure" pour son outil de production, alors qu'elle est en train de plancher avec les pouvoirs publics sur le nouveau plan stratégique en faveur des Pac, qui devrait être prêt pour "fin décembre 2025".


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