Solaire thermique : comment passer à la vitesse supérieure, et vite ?

La troisième version de la Programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE), dont la consultation publique s'achève bientôt, prévoit d’atteindre 16 gigawatts d’énergie solaire thermique d’ici à 2035. "Un défi sans précédent pour la filière", a souligné Richard Loyen, délégué général en charge des territoires et de la chaleur solaire à Enerplan, lors d'une conférence intitulée "Chaleur solaire : agir pour le changement de paradigme" organisée par le syndicat sur le salon BePositive à Lyon, le 26 mars.
En effet, il faudra à terme produire 10 térawattheures par an, contre 1,4 TWh en 2023 pour les 2 GW installés. Cela implique, d’ici à 2035, une multiplication par trois des installations individuelles pour atteindre 6,5 millions de mètres carrés, et par quatre des installations sur toitures moyennes pour atteindre 4 millions de m². En parallèle, il faudra aussi réaliser 1 million de m² par an de grandes installations solaires thermiques d’ici à 2030.
"Le critère Zan désavantage fortement les installations solaire thermique au sol car elles sont considérées comme artificialisantes, contrairement aux installations photovoltaïques – alors qu’il s’agit du même type d’installation."
Pourtant, la filière solaire thermique (ST) n'a pas été au meilleur de sa forme en 2024. Bien que les marchés aient renoué avec la croissance depuis 2021, ils étaient en recul l'an dernier en métropole, et s’écroulaient dans les Drom (départements et régions d'outre-mer), notamment aux Antilles (-80% en 2023) en raison de la fin brutale de la défiscalisation des installations.
"Le critère Zan (zéro artificialisation nette) désavantage fortement les installations solaire thermique au sol car elles sont considérées comme artificialisantes, contrairement aux installations photovoltaïques – alors qu’il s’agit du même type d’installation", a notamment regretté Richard Loyen.
De même, un manque cruel d’installateurs pour le ST collectif et le fait que 50% des Français ne puissent s’équiper en raison de leur présence dans une zone ABF (architectes des Bâtiments de France) empêchent l’accélération des installations. Selon Enerplan, le Fonds chaleur est insuffisamment doté par rapport à l’ambition PPE 2030.
Complémentarité avec les autres ENR
"Le solaire thermique est complémentaire au photovoltaïque, ainsi qu’à toutes les autres solutions d'énergies renouvelables", a souligné Richard Loyen. "Il existe des installations géothermiques qui peuvent être rechargées activement avec le solaire thermique, ce qui les rend plus performantes, avec moins de forage."
Il serait par ailleurs particulièrement avantageux de faire appel au ST lorsque les besoins en eau chaude sanitaire et en chauffage sont importants, ce qui peut être le cas pour les hôpitaux, maisons de retraites, complexes hôteliers, piscines...
Un plan d’action national
À cette fin, la plateforme collaborative Socol a été élaborée afin de renforcer les compétences des professionnels, qui peuvent y trouver des conseils, exemples de bonnes pratiques, outils techniques et bien d’autres informations. En attendant, le prochain rendez-vous de la filière aura lieu à Bordeaux le 18 juin, pour les États généraux de la chaleur thermique.
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