Solaire thermique : comment passer à la vitesse supérieure, et vite ?

Par   Émilie WOOD

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Mis à jour le 7 avril 2025
Publié le 4 avril 2025
Crédit photo Émilie Wood pour XPair
Richard Loyen, délégué général en charge des territoires et de la chaleur solaire à Enerplan.
FOCUS. Pour atteindre 16 gigawatts en 2035, la filière solaire thermique doit renouer avec la croissance, digérer des réglementations comme le Zan et améliorer son image. Ses installations sont pourtant complémentaires à d'autres ENR.

La troisième version de la Programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE), dont la consultation publique s'achève bientôt, prévoit d’atteindre 16 gigawatts d’énergie solaire thermique d’ici à 2035. "Un défi sans précédent pour la filière", a souligné Richard Loyen, délégué général en charge des territoires et de la chaleur solaire à Enerplan, lors d'une conférence intitulée "Chaleur solaire : agir pour le changement de paradigme" organisée par le syndicat sur le salon BePositive à Lyon, le 26 mars.

En effet, il faudra à terme produire 10 térawattheures par an, contre 1,4 TWh en 2023 pour les 2 GW installés. Cela implique, d’ici à 2035, une multiplication par trois des installations individuelles pour atteindre 6,5 millions de mètres carrés, et par quatre des installations sur toitures moyennes pour atteindre 4 millions de m². En parallèle, il faudra aussi réaliser 1 million de m² par an de grandes installations solaires thermiques d’ici à 2030.

"Le critère Zan désavantage fortement les installations solaire thermique au sol car elles sont considérées comme artificialisantes, contrairement aux installations photovoltaïques – alors qu’il s’agit du même type d’installation."

Richard Loyen, délégué général en charge des territoires et de la chaleur solaire à Enerplan

Pourtant, la filière solaire thermique (ST) n'a pas été au meilleur de sa forme en 2024. Bien que les marchés aient renoué avec la croissance depuis 2021, ils étaient en recul l'an dernier en métropole, et s’écroulaient dans les Drom (départements et régions d'outre-mer), notamment aux Antilles (-80% en 2023) en raison de la fin brutale de la défiscalisation des installations.

"Le critère Zan (zéro artificialisation nette) désavantage fortement les installations solaire thermique au sol car elles sont considérées comme artificialisantes, contrairement aux installations photovoltaïques – alors qu’il s’agit du même type d’installation", a notamment regretté Richard Loyen.

De même, un manque cruel d’installateurs pour le ST collectif et le fait que 50% des Français ne puissent s’équiper en raison de leur présence dans une zone ABF (architectes des Bâtiments de France) empêchent l’accélération des installations. Selon Enerplan, le Fonds chaleur est insuffisamment doté par rapport à l’ambition PPE 2030.

Complémentarité avec les autres ENR

Richard Loyen a aussi rappelé que la technologie est désormais fiable et éprouvée, et qu’elle permet aux ménages et entreprises de faire des économies. De plus, le ST permet de stocker naturellement la chaleur pour plusieurs mois, même si le réservoir est enterré dans le sol, comme cela se pratique depuis longtemps dans certains pays comme le Danemark.

"Le solaire thermique est complémentaire au photovoltaïque, ainsi qu’à toutes les autres solutions d'énergies renouvelables", a souligné Richard Loyen. "Il existe des installations géothermiques qui peuvent être rechargées activement avec le solaire thermique, ce qui les rend plus performantes, avec moins de forage." 

Il serait par ailleurs particulièrement avantageux de faire appel au ST lorsque les besoins en eau chaude sanitaire et en chauffage sont importants, ce qui peut être le cas pour les hôpitaux, maisons de retraites, complexes hôteliers, piscines...

Un plan d’action national

Enerplan est convaincu qu’un plan d’action national est nécessaire pour le ST, sur le modèle du plan d’action pour le géothermie, actualisé en décembre 2023. L’image de la filière doit cependant être encore travaillée, de même que sa compétitivité, afin qu’elle ne soit plus éclipsée par le PV.

À cette fin, la plateforme collaborative Socol a été élaborée afin de renforcer les compétences des professionnels, qui peuvent y trouver des conseils, exemples de bonnes pratiques, outils techniques et bien d’autres informations. En attendant, le prochain rendez-vous de la filière aura lieu à Bordeaux le 18 juin, pour les États généraux de la chaleur thermique.


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