Bercy confirme la suspension de Ma prime rénov', le génie climatique en "alerte rouge"

Par   Corentin PATRIGEON

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Publié le 5 juin 2025
Crédit photo iStock/olrat
Le ministère de l'Économie et des Finances.
ÉCONOMIE. Le ministre de l'Économie Éric Lombard a confirmé la suspension temporaire du dispositif d'aide à la rénovation énergétique. La filière du bâtiment assure que les conséquences vont être lourdes, surtout pour les installateurs qui estiment être "en première ligne".

L'avenir de Ma prime rénov' est de plus en plus incertain. Le 4 juin 2025 en fin de journée, le ministre de l'Économie Éric Lombard a confirmé devant le Sénat la suspension du dispositif d'aide à la rénovation énergétique. En cause, d'après le locataire de Bercy : "un encombrement (...) et un excès des fraudes". Cette pause ne serait toutefois que temporaire, le temps de régler la situation, puisque l'exécutif aurait "bien l'intention de rétablir le fonctionnement avant la fin de l'année".

Les professionnels, eux, montent au front. "Le Gouvernement met en danger le pouvoir d'achat des Français, fragilise nettement les entreprises de la filière de rénovation et affaiblit la transition écologique", grondent 19 organisations du bâtiment et de l'énergie (voir ci-dessous*) dans un communiqué commun. Les mêmes avaient déjà pris la plume il y a quelques jours pour signer un manifeste demandant des "conditions de marché favorables" à la rénovation énergétique.

"Effet de falaise sur les carnets de commandes"

Cette fois, ils font part de leur "stupéfaction" et de leurs "inquiétudes fortes" sur les conséquences économiques de cette décision. Une rencontre prévue ce 6 juin entre ces organisations et le cabinet d'Éric Lombard "n'a, semble-t-il, plus lieu d'être, car sans objet désormais", font-elles savoir.

Elles déplorent "l'absence totale de vraies concertations de fond" et de stabilité de MPR, ce qui fragiliserait, selon elles, "des milliers d'entreprises d'installateurs, d'artisans du bâtiment, de distributeurs et d'emplois industriels". Sur l'argument des fraudes, la filière reconnaît le problème mais assure être mobilisée pour lutter contre le phénomène.

Du côté des installateurs et mainteneurs, on avoue être carrément en "alerte rouge". Pour le Synasav, les entreprises de génie climatique "sont en première ligne de la mise en œuvre des opérations de remplacement et d'entretien des systèmes thermiques". Or, "40% à 50% de la part de leur activité liée au remplacement d'appareils est aujourd'hui soutenue indirectement par les mécanismes MPR". Dans ces conditions, geler voire réduire l'enveloppe aurait "un effet de falaise sur les carnets de commandes, avec des pertes d'activité immédiates dès le 3e trimestre 2025".

Matignon directement sollicité

Le syndicat exhorte donc le Gouvernement à maintenir MPR dans son intégralité, et même avec "une rallonge budgétaire", pour le reste de l'année 2025. Il plaide également pour une programmation pluriannuelle des aides à la rénovation et pour le renforcement du rôle de l'Anah (Agence nationale de l'habitat), "bras armé de l'État pour la rénovation énergétique". Cyril Radici, le directeur général du Synasav, appelle pour sa part l'exécutif "à la cohérence, à la hauteur de vue et au respect de ses engagements climatiques".

Plus largement, la filière demande désormais à être reçue "directement par le Premier ministre" François Bayrou, "afin qu'il clarifie comment il entend remettre de la cohérence dans les ambitions environnementales, économiques et industrielles de la France". Affaire à suivre.

(*) L'Afpac (Association française pour les pompes à chaleur), l'AFPG (Association française des professionnels de la géothermie), la Capeb (Confédération de l'artisanat et des petites entreprises du bâtiment), Coédis (Fédération des distributeurs d'équipements et solutions électriques, génie climatique et sanitaires), l'association Énergies & Avenir, le syndicat Enerplan, la Fieec (Fédération des industries électriques, électroniques et de communication), la FFB (Fédération française du bâtiment), la FFQ (Fédération française de la quincaillerie, des fournitures pour l'industrie, le bâtiment et l'habitat), la FND (Fédération nationale de la décoration), le Gifam (Groupement des marques d’appareils pour la maison), le GPCEE (Groupement des professionnels des certificats d'économie d'énergie), Ignes (Alliance des industriels des solutions électriques et numériques), le Synasav (Syndicat national des entreprises de maintenance en génie climatique), l'association Propellet, le SFCB (Syndicat français des chaudiéristes biomasse), le Sycabel (Syndicat professionnel des fabricants de fils et de câbles électriques et de communication), l'UFE (Union française de l'électricité) et Uniclima (Syndicat professionnel des industries thermiques, aérauliques et frigorifiques).


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