Rénovation : 7 artisans sur 10 affirment que la complexité des aides freine les travaux

Par   Corentin PATRIGEON

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Publié le 27 octobre 2025
© iStock / Khanchit Khirisutchalual
Photo d'illustration du financement de travaux de rénovation énergétique.
EN CHIFFRES. La moitié des artisans labellisés RGE indiquent que le manque de moyens financiers est l'une des principales raisons invoquées par leurs clients pour refuser leur devis, selon le dernier baromètre Sofinco. Ce qui relance le débat sur les autres solutions de financement de la rénovation énergétique.

Plus que jamais, les aides paraissent indispensables pour lancer des travaux de rénovation énergétique. Dans sa dernière édition, le baromètre OpinionWay pour Sofinco (Groupe Crédit Agricole) a interrogé des artisans labellisés RGE (Reconnu garant de l'environnement) sur l'accompagnement proposé à leurs clients pour réhabiliter leur logement.

Alors que le guichet MaPrimeRénov' dédié aux rénovations d'ampleur a rouvert le 7 octobre dernier et qu'il ne pourra prendre en charge que 13.000 dossiers d'ici au 31 décembre, les dispositifs d'aide jouent clairement un rôle incitatif, aussi bien auprès des particuliers que des professionnels. Voici les principaux enseignements de l'enquête à retenir.

7 artisans RGE sur 10 jugent les aides trop difficiles d'accès

Selon le Sofinscope, 7 artisans RGE sur 10 affirment que les démarches administratives pour accéder aux aides à la rénovation freinent le lancement des travaux. Ils sont autant à dresser le même constat en matière d'accès aux solutions de financement.

1 sur 5 sous-traite la préparation du dossier d'aide de ses clients

Une observation qui soulève un problème de formation des professionnels, puisqu'ils sont dans le même temps seulement 56 % à se dire capables d'accompagner leurs clients dans la préparation de leur dossier MPR, en baisse de 3 points par rapport à 2024. À noter : 21 % des sondés admettent sous-traiter ce service, soit une hausse de 4 points en un an.

42 % évoquent le crédit amortissable comme solution de financement

Le même phénomène impacte les solutions de financement. En janvier 2025, l'Anah (Agence nationale de l'habitat) avait chiffré le coût moyen des travaux de rénovation énergétique en logement individuel à 59.197 €. Pour financer un tel montant, les aides publiques constituent la principale réponse, citée par 49 % des sondés. Mais elles doivent parfois être complétées par d'autres dispositifs, tels que des crédits amortissables (42 %).

45 % se disent intéressés par l'avance des aides publiques par un tiers de confiance

Les artisans RGE sont donc de plus en plus amenés à conseiller leurs clients pour qu'ils préparent au mieux leur dossier de demande d'aide, et ils sont donc de plus en plus nombreux (31 %, +6 points en un an) à leur proposer des solutions de financement. Un tiers d'entre eux souhaiterait même diversifier encore plus leurs offres, quand 45 % se disent intéressés par l'avance des aides publiques par un tiers de confiance, ces dernières étant souvent versées plusieurs mois après la fin de travaux.

Les artisans appelés à "opérer une révolution"

"L'instabilité des dispositifs d'aide publics comme MPR freine le passage à l'acte des Français pour rénover leur logement", analyse le directeur général de Sofinco, Franck Oniga. "Cependant, ces aides ne sont dédiées qu'aux publics avec des revenus très modestes et il est impératif de proposer des solutions de financement pour tous les profils de propriétaires afin qu'ils puissent valoriser leur bien et réduire la facture d'énergie."

Par conséquent, le responsable estime que les artisans RGE doivent "opérer une révolution dans leur distribution et proposer, en même temps que leur devis, des services de financement d'un tiers de confiance" s'ils veulent développer leur activité. Les initiatives ne manquent pourtant pas.

Fin août, Roquelaure et Bercy ont mis sur pied le programme Adapt Bâti Confort, qui soutient plus d'un térawattheure-cumac de projets de rénovation. Neuf millions d'euros de CEE (Certificats d'économie d'énergie) sont ainsi consacrés à la massification du confort d’été passif. À la même période, l'État a lancé un nouveau crédit d'impôt censé simplifier le financement des travaux de réhabilitation du parc social ultramarin.


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