MaPrimeRénov' : le guichet des rénovations d'ampleur a rouvert mais ne fait pas l'unanimité

Comme prévu, le guichet dédié aux rénovations globales de MaPrimeRénov' a rouvert ce 30 septembre, après une pause estivale censée évaluer les dossiers frauduleux et recalibrer le dispositif d'aide... et avant de tomber en panne face à un afflux de demandes. En cause : "un très fort pic de fréquentation, avec près de 150.000 visites en quelques heures", a expliqué l'Agence nationale de l'habitat (Anah) à l'Agence France Presse.
Nonobstant ce souci technique, le secteur reste très partagé sur les dernières orientations du dispositif d'aide. Le réseau Cler dénonce notamment un "abandon" de la politique de rénovation énergétique par les pouvoirs publics, qui s'éloignerait ainsi de l'objectif de 600.000 logements rénovés de manière performante chaque année d'ici à 2030.
"En détricotant MPR, le Gouvernement fait le choix de l'abandon social et climatique. Il balaie d'un revers de main tout un secteur économique et associatif qui s'est structuré pour conseiller et accompagner les personnes dans la rénovation énergétique de leur logement", appuie la responsable plaidoyer efficacité énergétique du réseau, Isabelle Gasquet.
L'organisation épingle notamment le nombre restreint de dossiers qui pourront être financés d'ici au 31 décembre, un reste à charge jugé "démesuré" du fait d'un plafond de prise en charge "divisé par deux", l'exclusion d'une majorité de propriétaires bailleurs qui se répercutera en bout de chaîne sur les locataires, ainsi qu'un mauvais ciblage des aides vers les gestes uniques, "comme l'installation d'une pompe à chaleur dans un logement non isolé".
Faire du confort d'été "un pilier central de la politique du logement"
Le collectif Rénovons (qui compte entre autres Coénove, Négawatt, Effinergie ou encore Dorémi), pour sa part, saisit l'occasion pour fustiger une nouvelle fois la révision du coefficient de conversion énergie primaire / énergie finale, qui aurait fait sortir "trois millions de logements" du statut de passoire thermique. En réduisant de moitié "l'aide maximale potentielle pour les ménages les plus modestes", les pouvoirs publics enverraient également "un message regrettable".
Dans une lettre ouverte, les membres du collectif mettent en garde : "Ce qui est en jeu, ce n'est pas seulement l'énergie, c'est la vie quotidienne, le bien-être et parfois même la survie des personnes". Pour rectifier le tir, ils demandent de pérenniser MPR dans sa version du budget 2024.
L'idée serait aussi de "mobiliser l'ensemble des financements disponibles" en vue d'un plan pluriannuel de rénovation, et de faire de la prise en compte du confort d'été et des bouilloires thermiques "un pilier central de la politique du logement et de l'aménagement urbain". Pour l'heure, la filière n'a toujours pas d'interlocuteur étant donné que le Premier ministre Sébastien Lecornu n'a pas encore nommé son gouvernement.
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