Réchauffement climatique : la géothermie sort de l’ombre pour faire valoir ses atouts

"Nous allons parler de la chaleur qui est sous nos pieds, pas de celle qui est au-dessus de nos têtes", sourit Catherine Lagneau, présidente du BRGM (Bureau de recherches géologiques et minières), en introduction d'une conférence de presse organisée ce 1er juillet 2025 à Orléans. La géothermie, pourtant ancienne, reste une énergie peu développée en France. "Elle est pourtant peu génératrice de nuisances", rappelle-t-elle.
Derrière cette énergie venue du sol se cachent de nombreux usages : chauffage, froid renouvelable, stockage. "La géothermie est une source quasi-inépuisable, avec peu d’impacts en surface", poursuit Catherine Lagneau. "Elle permet aussi de stocker de la chaleur en sous-sol." Dans un contexte de transition énergétique, cet atout est de taille.
"La chaleur représente 45% de l’énergie finale utilisée en France. Elle est plus utilisée que l’énergie mécanique ou l’électricité." Alors que la Maison de la Radio, à Paris, utilise la géothermie depuis 1963, l’Île-de-France et la Nouvelle-Aquitaine sont les principales zones d’implantation pour la géothermie profonde. L’objectif ? Étendre ces usages, et faire du Centre-Val de Loire une "région d’expérimentation".
Faire réseau, former, convaincre : les défis de la filière
"Il faut forcer les habitudes pour se dire : on a aussi la géothermie. Ce n’est pas le supplément qui vient après", continue-t-il. Et de rappeler que les qualifications manquent, tout comme les preuves concrètes "qui éloigneront les faux procès". Un point partagé par Sophie Brocas, préfète de la région : "La géothermie est désormais plus acceptable socialement, face aux éoliennes, qui ne sont plus autant appréciées".
Elle insiste sur l’implication nécessaire des élus : "On peut voter autant de PPE (Programmation pluriannuelle de l'énergie) qu’on veut, mais si derrière, on n’a pas de maires qui disent 'moi j’y vais', tout ça devient des promesses de papier". Les annonces du Premier ministre François Bayrou lors des Journées de la géothermie à Biarritz, fin juin, viennent appuyer cette stratégie : relance industrielle, simplification administrative, renforcement territorial et outils de financement. L’État veut faire passer la part de la géothermie de 1% à une échelle plus ambitieuse.
Éviter les climatiseurs gourmands en électricité
Mais des freins subsistent. "L’absence de cadre et de vision traduit une forme d’absence de volonté", regrette Jules Nyssen, président du Syndicat des énergies renouvelables (SER). Pour lui, il faut aussi "alléger le cadre réglementaire" et pérenniser les financements publics, à l’image du Fonds chaleur de l’Ademe (Agence de la transition écologique).
David Coutelle, président de la commission géothermie du SER, ajoute que la géothermie offre des rendements notables : "1 kilowattheure d’électricité donne 4,5 kWh de chauffage et 6 à 30 kWh de froid". Mais le coût initial reste un obstacle : entre 15.000 et 20.000 € hors aides, selon l’Ademe.
Enfin, Damien Bonte, responsable du programme d'énergie géothermique et ingénieur au BRGM, rappelle que le froid renouvelable est "une ressource sous-exploitée", capable d’éviter les climatiseurs gourmands en électricité dans les bâtiments tertiaires et résidentiels. Un potentiel discret, mais stratégique dans le contexte climatique actuel.
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