Le premier chantier de "façade réservoir d’eau pluviale" est dans les tuyaux

Par   Bernard REINTEAU

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Mis à jour le 14 janvier 2025
Publié le 13 janvier 2025
Pereskia Pluie
Cactile
Le système de tuiles stockantes Pereskia, développé par Cactile.
INNOVATION. C’est l’une des annonces qui a marqué l’année 2024 : Cactile, conçu par Jean-Baptiste Landes, propose des éléments de couverture et de façade qui participent à la gestion de l’eau sans consommer de foncier pour y enterrer une cuve. 2025 doit voir la montée en charge industrielle et commerciale.

Retenu dans le cadre de l’appel à projets Perfecto 2022 piloté par l’Ademe (Agence de la transition écologique), l’innovation défendue par la start-up Cactile – concaténation de Cactus, plante connue pour retenir l’eau, et de "tile", tuile en anglais – a fait l’objet de nombreux articles et reportages en 2024. Après plusieurs années de développement, l’entreprise va installer ses premiers produits et réfléchit à une organisation industrielle.

Exploiter rationnellement les eaux pluviales

Cette entreprise cofondée par Jean-Baptiste Landes en 2021 a imaginé des éléments de toiture dotés en sous-face d’un réservoir d’eau pluviale. "L’intérêt du produit est double : en premier lieu, exploiter une ressource en eau alternative pour les toilettes ou l’arrosage avec un approvisionnement uniquement gravitaire, sans pompe et sans consommation d’énergie ; en second lieu, exploiter pleinement la toiture – ou les façades – et éviter une empreinte foncière pour le stockage de l’eau de pluie", explique le concepteur.

L’élément de toiture se compose de panneaux en acier profilé dans lequel est pratiqué un avaloir placé à contre-pente pour éviter l’entrée de solides – feuilles ou branches. En sous-face est placé un réservoir en PEHD (polyéthylène haute densité) mince, de qualité alimentaire et composé de 50% de matériaux recyclés, d’une capacité d’une quarantaine de litres.

Les panneaux de couverture sont réunis sur un cadre d’une surface finie de 1,4 m², d’une épaisseur d’environ 10 cm et d’un poids de 20 kg. Sur le chantier, tous les réservoirs sont interconnectés et reliés au réseau d’usage spécifique : sanitaires, arrosage d’espaces verts… À noter que la charge de cette couverture, d’au maximum 60 kg par élément, est adaptée aux charpentes traditionnelles.

Cactile - Le système de clôture stockante Opuntia, développé par Cactile.

Pour les bâtiments collectifs et individuels

Les premières démarches commerciales de Cactile se sont orientées vers les collectivités locales et les entreprises. "Cette couverture est adaptée à la ville comme à toutes les zones urbaines imperméabilisées puisqu’elle permet de retenir le flux d’eaux pluviales. À ce titre, c’est une solution technique qui participe à l’adaptation au changement climatique", argumente Jean-Baptiste Landes.

Le premier chantier sera lancé fin janvier. Au total, 200 m² de façade de l’entreprise Sirea, fabricant d’automates de gestion d’équipements électriques implantée au sud-est de Castres (Tarn), seront équipés de ces éléments. "C’est un bon test", commente le créateur du produit.

"C’est une solution technique qui participe à l’adaptation au changement climatique"

Jean-Baptiste Landes, cofondateur de Cactile

"La façade dispose de nombreuses ouvertures, et l’opération nous permettra, à nous et à l’installateur Bois Concept Occitan, de tirer de l’expérience des nombreuses complexités que nous allons rencontrer." Au total, cette surface offre un volume de stockage de 2 m³ qui sera orienté vers les toilettes et les points d’irrigation autour de cette usine.

Au cours de l’année 2025, Cactile doit aussi équiper le préau d’une école à Albi (Tarn). Cette surface permet d’installer une capacité de 7 m³ d’eau. Jean-Baptiste Landes évoque aussi l’équipement d’une médiathèque ainsi que de la palissade d’un site de logements sociaux.

Besoin de personnels technico-commerciaux

Après des mois de recherche et développement, vient maintenant le temps du développement commercial et des projets industriels. Start-up, Cactile se compose de deux emplois à plein temps et de deux emplois à temps partiel. Sous l’effet médiatique rencontré l’an passé, l’entreprise se développe.

Elle s’est rapprochée des organisations professionnelles du bâtiment (Capeb et FFB) pour faire connaître le produit et initier des formations d’installateurs. Le besoin de personnels technico-commerciaux est aussi évident, et l’entreprise devrait prochainement recruter pour faire connaître plus largement cette solution aux bureaux d’études comme aux constructeurs de maisons individuelles. Ultérieurement, l’initiative pourra être portée vers des pays européens.

Autre sujet important : la production. "Aujourd’hui, notre capacité avec nos partenaires est de l’ordre de 100.000 m² par an", et Jean-Baptiste Landes reconnaît réfléchir à une production propre pour le second semestre 2025. La greffe du réservoir d’eau pluviale sur le toit semble avoir pris.


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