Orléans creuse la voie de la transition énergétique grâce à la géothermie

Par   Yousra GOUJA

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Publié le 2 juillet 2025
Crédit photo Yousra Gouja pour XPair
L'installation géothermique du Co'met, à Orléans.
REPORTAGE. Face aux enjeux climatiques et énergétiques, Orléans et sa métropole misent résolument sur la géothermie. Trois lieux emblématiques incarnent cette ambition et partagent une même conviction : l’avenir de l’énergie passe aussi sous nos pieds.

Face aux enjeux climatiques et énergétiques, Orléans et sa métropole misent résolument sur la géothermie. Trois lieux emblématiques incarnent cette ambition : le laboratoire de recherche du BRGM (Bureau de recherches géologiques et minières), la vitrine technologique de Co’Met et le projet pragmatique de la Caisse d'allocations familiales (Caf) du Loiret. Trois échelles, trois usages, une même conviction : l’avenir de l’énergie passe aussi sous nos pieds.

BRGM : la plateforme qui forge la connaissance

Antoine Voirand (à gauche), responsable de la plateforme géothermie au BRGM, explique le fonctionnement d'une sonde géothermique. Crédit photo Yousra Gouja pour XPair

Sur les hauteurs d’Orléans, nichée au cœur du campus du BRGM, la plateforme géothermie ne paie pas de mine. Pourtant, elle est unique en France. Inaugurée en 2008, elle fête ses 20 ans de recherches sur les échangeurs géothermiques, les pompes à chaleur et les solutions de stockage d’énergie.

"À l’origine, c’était un site pour tester les échangeurs en boucle fermée. Aujourd’hui, on y fait bien plus : on développe aussi des outils pour aider au dimensionnement des systèmes et on accompagne les professionnels sur le terrain", explique Antoine Voirand, responsable de la plateforme géothermie au BRGM.

Sur ce terrain discret, des dizaines de sondes, dont certaines descendent jusqu’à 200 mètres, simulent les conditions réelles d’usage. Des fibres optiques, déroulées dans le sol, mesurent finement les températures pour évaluer les performances des installations. Le BRGM s'apprête à franchir une nouvelle étape : cet été, des panneaux solaires thermiques seront couplés aux sondes pour tester de nouvelles synergies. Un prototype aérothermique est aussi dans les cartons.

Co’Met : la performance énergétique au cœur de l’équipement phare de la métropole

Avec ses vastes volumes et ses multiples fonctions – enceinte sportive, palais des congrès, parc des expositions –, le bâtiment Co’Met est l’un des plus énergivores de la métropole orléanaise. Crédit photo Yousra Gouja pour XPair

Avec ses vastes volumes et ses multiples fonctions – enceinte sportive, palais des congrès, parc des expositions –, le bâtiment Co’Met est l’un des plus énergivores de la métropole orléanaise. Le choix de la solution s’est porté sur la géothermie de surface, exploitant une nappe phréatique peu profonde située à seulement 30 mètres. Deux forages ont été réalisés : l’un pour pomper l’eau, l’autre pour la réinjecter après usage.

Cette eau, naturellement tempérée entre 9 et 13°C, alimente une thermofrigopompe de 500 kW. À la clé : 70% des besoins en chauffage et 100% des besoins en rafraîchissement assurés, soit 1,3 GWh d’énergie renouvelable produit chaque année. Pour Paul Séchaud, directeur d’Orléans Events, le système "permet de garantir un confort thermique optimal tout en réduisant significativement l’impact environnemental du bâtiment".

Un surcoût a bien été identifié au départ : environ 330.000 € pour l’installation géothermique, contre 100.000 € pour une solution gaz classique. Mais pour Mathieu Shlesinger, président délégué de la métropole en charge de la transition énergétique, "ce choix est un investissement d’avenir : le gaz ne sert plus qu’en appoint. C’est une réponse concrète à la hausse des coûts de l’énergie et aux objectifs climatiques."

Caf du Loiret : quand sobriété énergétique et santé au travail s’alignent enfin

L'installation géothermique de la Caf du Loiret. Crédit photo Yousra Gouja pour XPair

Dans un bâtiment tertiaire des années 1980, difficile d’imaginer une révolution énergétique. La Caf du Loiret, au sud d’Orléans, a pourtant relevé le défi. En 2019, avec l’aide du bureau d’études Cebi 45 et un soutien financier de l’Ademe (15% du coût via le Fonds chaleur), douze puits verticaux de 90 mètres ont été forés sous le parking. Objectif : activer un système de geocooling pour rafraîchir naturellement l’air intérieur.

"Avant, on ne pouvait pas maintenir d’écart de température avec l’extérieur. Avec la géothermie, on atteint désormais un écart de 7°C, ce qui améliore le confort des agents sans avoir recours à une climatisation énergivore", explique Sylvain Dévergé, responsable maintenance. Ce système géothermique n’a pas pour vocation de tout remplacer : il agit en complément du chauffage existant (chaudières à condensation).

Résultat : une baisse de 36% de la consommation de gaz. Et une meilleure stabilité thermique dans les bureaux. La Loire, qui passe à proximité, contribue aussi à maintenir une température constante dans les nappes. Pour la Caf, ce projet s’inscrit dans une stratégie de long terme, commune à l’ensemble du réseau national.


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