Ma prime rénov' suspendue : le CVC entre incompréhension et colère

La pilule a toujours du mal à passer. Quelques jours après la décision gouvernementale de suspendre Ma prime rénov' durant l'été, les professionnels du génie climatique oscillent toujours entre incompréhension et colère. "On a été surpris par cette annonce brutale mettant en danger la filière Pac", dénonce François Deroche, à la tête de l'Afpac (Association française pour la pompe à chaleur), à l'occasion d'une conférence sur la Pac en logement collectif organisée ce 10 juin à Paris.
"Il faut donner de la perspective aux fabricants et aux installateurs, mais pas des coups d’arrêts brutaux comme ça. C’est d'autant plus un mauvais signal que le marché de la Pac souffre depuis 2023." Fin de semaine dernière, l'Afpac, aux côtés d'Enerplan, le syndicat des professionnels de l'énergie solaire, avait enjoint l'exécutif à préserver a minima le mono-geste.
La filière confirme aujourd'hui vivre cette situation comme "une injustice" dans la mesure où "la Pac répond aussi au monogeste, pour lequel il n’y a pas d’engorgement des services de l’Anah (Agence nationale de l'habitat) et moins d’écodélinquance que pour les rénovations globales", argue François Deroche.
Les entreprises bientôt dans la rue ?
La décision de Bercy aurait aussi provoqué "un vent de panique chez les particuliers, qui se demandent s’ils vont avoir leur prime alors que leurs dossiers sont déjà engagés", déplore Pascal Housset, président de l'UMGCCP-FFB (Union des métiers du génie climatique, de la couverture et de la plomberie de la Fédération française du bâtiment). Selon lui, "on va punir des milliers d’artisans à cause d’un faible pourcentage d’entreprises qui fraudent".
Le responsable appelle également le Gouvernement à maintenir "a minima" les travaux par gestes. "Si ce n’est pas le cas, je pense que ça ne va pas bien se passer. Les entreprises artisanales du bâtiment sont rarement descendues dans la rue, mais là c’est difficile de les retenir", prévient-t-il. Car les répercussions économiques et sociales pourraient être lourdes, surtout à l'heure de la volonté affichée par les pouvoirs publics de réindustrialiser la France pour répondre aux défis de la transition énergétique.
"On va punir des milliers d’artisans à cause d’un faible pourcentage d’entreprises qui fraudent."
- Pascal Housset, président de l'UMGCCP-FFB
L'Afpac avance déjà un impact chiffré sur sa filière. "Si la décision de suspension de MPR est maintenue, c’est entre 30.000 et 40.000 Pac et 400 millions d'euros de chiffre d'affaires en moins pour la filière cette année. Dans ces conditions, ce serait inimaginable de penser avoir un développement industriel", s'alarme Arnaud Kautzmann, secrétaire de l'association.
Pas de crainte en revanche pour le logement collectif : d'après le vice-président de l'Afpac, Roland Bouquet, également président du Synasav (Syndicat national des entreprises de maintenance en génie climatique), Ma prime rénov' Copropriété "n’est pas impactée" par la mise en pause du dispositif. Les choses peuvent encore toutefois changer.
10% des dossiers seraient frauduleux
Ce 10 juin au matin, la ministre des Comptes publics, Amélie de Montchalin, a annoncé que MPR serait relancée le 15 septembre, le temps d'identifier les dossiers frauduleux. Interrogée sur RTL, l'une des locataires de Bercy a précisé que les propriétaires peuvent déposer leur dossier de demande d'aide "jusqu'à la fin du mois de juin". Les trois mois suivants devraient ensuite être consacrés à "une revue totale", à savoir que "tous les dossiers des honnêtes gens qui ont été déposés seront payés, tous les dossiers des fraudeurs seront exclus".
C'est donc bien la chasse aux éco-délinquants qui semble motiver le Gouvernement. De son côté, le ministre de l'Économie Éric Lombard a avancé qu'"1 dossier sur 10 est un dossier frauduleux". Parmi les professionnels du CVC sondés ce matin, certains considèrent que ce sont les arbitrages du budget 2026 qui commencent à faire des victimes, MPR étant dotée, pour l'heure, d'une enveloppe de 3,6 milliards d'euros. Un argument balayé par Bercy, qui espère au 15 septembre "rouvrir le guichet et [allouer] 100% des fonds qui sont dans cette politique publique à l'usage des personnes honnêtes".
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