Natran attend de la future PPE "un soutien" aux filières de gaz renouvelables

Si la France joue un rôle pivot dans le transit européen de gaz, elle en joue également un dans le développement des gaz renouvelables. Lors d'une conférence de presse qui a officialisé son changement de nom, Natran (anciennement GRT Gaz) a dressé le bilan gazier de l'année 2024 et a fait un point d'étape sur ses projets en matière de transition énergétique.
Avec sa nouvelle appellation, Natran est censé "incarner la dimension industrielle et technologique de notre entreprise, qui se dirige vers le monde décarboné de demain en s'engageant dans la transition énergétique avec les gaz renouvelables", comme l'explique sa directrice générale, Sandrine Meunier.
L'industrie gazière doit effectivement préparer la suite : l'année 2024 a confirmé la tendance baissière observée en France depuis 2022, avec une consommation de gaz en baisse de 5,5% en 2024 par rapport à 2023, atteignant 361 térawattheures. En cause : une chute (-56%, seulement 16 TWh consommés) de la sollicitation des centrales électriques au gaz, qui s'explique elle-même par le redressement de la production nucléaire (+13%) et l'essor des énergies renouvelables (+12%).
Efficacité et sobriété énergétiques érodent la consommation de gaz
La consommation domestique sur les réseaux de distribution du gaz (qui regroupe les secteurs résidentiel, tertiaire et de la petite industrie) recule de 1,4%, quand celle des gros clients industriels progresse timidement de 0,8%. Dans le premier cas, Natran estime que les mesures d'efficacité énergétique et les efforts de sobriété participent à cette "érosion tendancielle" qui s'observe depuis la crise énergétique et la guerre en Ukraine : entre 2021 et 2024, la consommation de gaz a diminué de plus de 20%.
Cela s'est notamment traduit par le remplacement de vieilles chaudières énergivores par des équipements plus récents et plus performants, preuve selon Sandrine Meunier que le plan de sobriété a eu "un impact durable sur les consommateurs".
Certes, l'intérêt pour ces différentes filières s'est confirmé avec la parution en juillet 2024 du décret fixant la trajectoire des certificats de production de biométhane jusqu'en 2028, avec une possible extension jusqu'à 2035 attendue d'ici la fin 2025. Dans le même temps, le Conseil national de l'industrie (CNI) a confirmé que la moitié des solutions de décarbonation qui s'offrent à l'industrie à l'horizon 2050 se basaient sur le gaz : captage du CO2, hydrogène, biogaz... Tout cela a fait bondir de 36% en un an les nouveaux projets entrés au registre de capacité.
La méthanisation produit l'équivalent de deux tranches nucléaires
Les gaziers ont donc une carte à jouer. "La filière méthanisation est la plus mature en termes de production : actuellement 731 sites sont raccordés (79 unités supplémentaires depuis 2023) à notre réseau et ont injecté 11,6 TWh en 2024 (contre 9,2 TWh en 2023), soit l'équivalent de la production de deux tranches nucléaires ou de la consommation de gaz de l'Occitanie ou de la Bourgogne-Franche-Comté", souligne Sandrine Meunier.
Les réseaux s'adaptent également : le développement des postes de rebours (qui acheminent le biométhane produit localement depuis le réseau de distribution vers celui de transport) s'est poursuivi l'année dernière avec la mise en service de huit unités supplémentaires, portant à 28 le total des rebours en service.
Force est de constater que la reconnaissance des gaz renouvelables doit encore être confortée.
Soixante-dix autres sont en réalisation, en études ou simplement identifiés dans les zonages validés par la Commission de régulation de l'énergie (CRE). Pour atteindre les objectifs de la prochaine Programmation pluriannuelle de l'énergie (50 TWh de biogaz en 2030, dont 44 injectés), Natran prévoit en effet une multiplication par 5 de ses rebours.
D'autres filières semblent prêtes à s'industrialiser mais attendent pour cela de bénéficier de la même dynamique. C'est le cas de la pyrogazéification, dont une cinquantaine de projets ont déjà été identifiés. En 2024, Natran a d'ailleurs conclu un partenariat avec Federrec (Fédération professionnelle des entreprises du recyclage) pour valoriser en gaz des combustibles solides de récupération issus du recyclage.
Une concertation publique lancée en avril
Avec le Comité stratégique de filière des Nouveaux systèmes énergétiques (CSF NSE), l'opérateur de transport a aussi lancé l'année dernière un appel à manifestation d'intérêt sur la gazéification hydrothermale, qui a pour sa part mis en avant 24 projets. Un coup de pouce supplémentaire serait toutefois le bienvenu. "Il faudrait que l’on ait un soutien dans la future PPE pour la production des filières de pyrogazéification et de gazéification hydrothermale", glisse Sandrine Meunier.
Concernant l'hydrogène, plusieurs projets régionaux et transfrontaliers d'infrastructures continuent à avancer dans un marché européen qui se structure. Enfin, Natran a annoncé lancer en avril une consultation publique "pour développer une vision commune et partagée des infrastructures de transport de gaz". Seront conviés des institutionnels, des associations de producteurs et de consommateurs, ou encore des syndicats de prospective énergétique.
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