Emploi, industrie : ce que l'hydrogène pourrait apporter à l'économie française d'ici 2035
Un "fort potentiel de croissance économique et industrielle" : voici, selon une étude réalisée par le cabinet d'audit BDO et la fédération France Hydrogène, ce que pourrait apporter la filière hydrogène à l'économie française si les conditions de son développement sont réunies.
Quelques mois après la remise du rapport de Mario Draghi sur la compétitivité européenne, et alors que la réindustrialisation patine dans l'Hexagone, le secteur met ainsi en avant les retombées économiques et sociales qu'il induit déjà et qu'il pourrait encore induire, à horizon 2035.
Plus précisément, cette étude s'est intéressée à l'ensemble de la chaîne de valeur de l'hydrogène renouvelable et bas-carbone, en analysant l'activité économique de 120 projets, 200 entreprises et 340 établissements. Chaque entreprise a été évaluée sur la base de trois indicateurs (chiffre d'affaires, valeur ajoutée et emplois) et selon quatre écosystèmes (activité directe, fournisseurs de premier rang, employés des entreprises et utilisateurs d'hydrogène).
13 milliards d'euros de contribution au PIB
Dans le cadre de la Stratégie nationale hydrogène, portée aussi bien par des acteurs publics que privés, un certain nombre de projets couvrant l'ensemble de la chaîne de valeur ont en effet déjà pu être lancés en France. D'après l'enquête, la filière hydrogène génère actuellement près d'un milliard d'euros de valeur ajoutée, majoritairement portée par la production et les usages qui mobilisent 80% des emplois (respectivement 30% et 50%).
Le secteur totalise ainsi plus de 16.400 emplois, dont 6.300 directs. Des chiffres qui traduisent "une filière en pleine expansion" et dont "il convient d'exploiter pleinement le potentiel", assurent ses auteurs. D'ici 10 ans, l'hydrogène pourrait encore contribuer à hauteur de 13 milliards d'euros au Produit intérieur brut et représenter 66.600 emplois.
La mobilité tirerait l'essentiel de cette croissance et pèserait 54% de la valeur ajoutée générée par la filière dans les transports routier, ferroviaire, maritime et aérien. L'industrie et les carburants de synthèse concentreraient quant à eux 70% de la production d'hydrogène, participant à 7% à la réindustrialisation du pays.
Un retour sur investissement intéressant pour l'État
Toujours selon l'étude de BDO et France Hydrogène, le retour sur investissement serait par ailleurs "particulièrement significatif" pour les caisses de l'État : l'essor de la molécule rapporterait 36 milliards d'euros en impôts, taxes et cotisations sociales, soit 4€ rapportés pour 1€ investi par les pouvoirs publics. Dans le même temps, la filière pourrait réduire de 8% le déficit de la balance commerciale en biens.
"Face au risque de déclin industriel, la filière hydrogène représente une opportunité réaliste pour la France de transformer ses atouts en valeur ajoutée et de créer des emplois durables dans les territoires", affirme le président de France Hydrogène, Philippe Boucly. Toutefois, le compte n'y est pas encore à ses yeux, et il appelle l'État à "réunir les conditions nécessaires pour assurer un déploiement pérenne de la filière" puisque "des efforts ont certes été enclenchés mais sont aujourd'hui insuffisants".
Le responsable propose ainsi de réviser la Stratégie nationale hydrogène et de donner un nouveau souffle au mécanisme de soutien à la production, tout en sécurisant l'approvisionnement en hydrogène de la France. "Développer des marchés pilotes pour nos industries clés, accélérer la transition vers une mobilité hydrogène et projeter la filière à l'international sont les conditions indispensables au maintien de la France dans le peloton de tête", conclut Philippe Boucly, qui va jusqu'à parler d'une "opportunité stratégique pour l'avenir de notre économie".
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