Électricité renouvelable : une dynamique positive mais des incertitudes pour l'avenir
![Photo d'illustration ENR solaire photovoltaïque](https://actu.xpair.com/img/d9080f4d-1696-45ab-bf79-14821b684ef0/20240621-120316-istock-1386418381.jpg?fm=jpg&q=80&fit=max&crop=1200%2C675%2C0%2C84)
Une année record pour l'électricité renouvelable.
L'Observatoire des énergies renouvelables (Observ’ER) a publié son baromètre annuel, qui dresse un bilan très favorable de l'année 2024. La production d'électricité renouvelable a atteint 148 térawattheures (TWh), un record, avec une répartition dominée par l'hydroélectricité (48%), suivie de l'éolien (30%), du photovoltaïque (15%), et enfin de la biomasse et de la géothermie (7%).
En parallèle, la puissance installée a connu une forte progression, avec 6 gigawatts (GW) supplémentaires raccordés, portant la capacité totale des parcs à 78,5 GW. Un rythme de développement jugé "plutôt bon" par Frédéric Tuillé, responsable des études d’Observ’ER.
"Nous avons franchi un véritable seuil aujourd’hui. Les énergies renouvelables couvrent 32 % de la consommation d’électricité française", souligne pour sa part Vincent Jacques le Seigneur, président d’Observ’ER. Pour lui, "nous ne sommes plus dans les balbutiements".
Le photovoltaïque, moteur de la croissance
L'essor du photovoltaïque a largement contribué à ces résultats positifs. Entre 2021 et 2024, 19.480 mégawatts (MW) de nouvelles installations PV ont été mises en service, représentant 65% des capacités raccordées sur cette période.
"Cela se traduit en partie par le développement de l’autoconsommation individuelle, qui atteint 617.000 installations PV pour une puissance de 3,4 GW", précise Jérôme Mousset, directeur bioéconomie et énergies renouvelables à l’Ademe (Agence de la transition écologique). "Il s’agit d’un signal très positif."
Le développement des ENR repose sur les collectivités locales, soumises à un coup de rabot, ainsi que l’industrie, qui connaît des difficultés économiques.
Ce dynamisme devrait permettre au PV de devenir la première source d’électricité renouvelable en 2025. "Il a raté de peu ses objectifs de la PPE 2023, mais devrait respecter les prochaines échéances s'il continue sur cette dynamique", commente Frédéric Tuillé.
À l’inverse, l’éolien accuse un retard de 2 GW pour le terrestre et de 1 GW pour le maritime. L'hydroélectricité, bien que proche de ses objectifs, n'a pas totalement atteint ses ambitions. Quant à la biomasse, la méthanisation et la géothermie, leur développement demeure plus limité. "Ces filières avaient des objectifs plutôt faibles dans la PPE, que la géothermie n’a d’ailleurs pas atteints", note Frédéric Tuillé.
Cap sur la nouvelle PPE
La troisième version de la PPE, mise en consultation en novembre 2024, fixe des objectifs ambitieux pour le PV, avec une capacité cible comprise entre 54 et 60 GW d’ici 2030, et entre 75 et 100 GW à horizon 2035.
En revanche, les perspectives sont plus incertaines pour l’éolien, dont les objectifs sont désormais plus modérés : entre 40 et 45 GW pour le terrestre et 18 GW pour le maritime d’ici 2035. L'hydroélectricité vise quant à elle 28,5 GW.
Les autres ENR comme la géothermie, la biomasse et la méthanisation restent secondaires dans cette programmation, confirmant qu’elles ne sont pas des priorités face au solaire et à l’éolien.
Observ’ER souligne l'importance de plusieurs enjeux pour maintenir la dynamique actuelle, notamment l’acceptabilité des projets, le rattrapage du retard dans l’éolien offshore, la mise en place des zones d’accélération des ENR, ainsi que la sécurisation du cadre réglementaire pour le développement du PV sur les grandes toitures.
Un avenir incertain face aux contraintes budgétaires
Malgré ces avancées, Observ’ER reste prudent sur l'évolution des ENR. "Les signaux ne sont pas tous très rassurants", avertit Vincent Jacques le Seigneur. "Nous sommes à un tournant pour les ENR aujourd’hui. Or, leur développement repose sur les collectivités locales, soumises à un coup de rabot, ainsi que l’industrie, qui connaît des difficultés économiques."
L’émergence d’un discours plus critique envers les ENR dans une partie de la classe politique inquiète également les acteurs du secteur. En particulier, la déclaration de politique générale du Premier ministre François Bayrou a suscité des interrogations, puisqu’elle "n’a pas mentionné d’ENR à l’exception de la géothermie et a pu laisser entendre une prochaine baisse de budget pour des agences pourtant indispensables à leur développement", en référence à la polémique autour des attaques dont l'Ademe a été la cible.
Charles-Antoine Gautier, président de la Fédération nationale des collectivités concédantes et régies (FNCCR), partage ces préoccupations : "Nous restons vigilants par rapport aux coupes sombres qui ont émergé du budget 2025. Les défis qui nous attendent pour développer les ENR électriques sont considérables, tant sur le plan économique que climatique." L’avenir du secteur dépendra donc en grande partie des décisions politiques à venir et de la mise en œuvre effective de la nouvelle PPE.
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