Le secteur fustige les derniers arbitrages de MaPrimeRénov' sur le chauffage

Les nouvelles modalités de MaPrimeRénov' ont du mal à passer. Alors que l'incertitude politique et budgétaire plane, l'arrêté prévoyant la réouverture du parcours accompagné du dispositif d'aide à la rénovation énergétique jusqu'au 31 décembre 2025 et pénalisant les chaudières biomasse et l'isolation des murs en 2026, est paru. L'aide dédiée aux rénovations d'ampleur devrait également être fortement réduite.
De quoi mécontenter les professionnels. "La politique énergétique de la France est sacrifiée sur l'autel de Bercy !", fustige le président de la FFB (Fédération française du bâtiment), Olivier Salleron. D'après lui, le projet de révision de MPR "ne pourra que casser définitivement le marché de la rénovation énergétique en France, déjà à la peine depuis la mi-2024", et toujours en difficulté selon les derniers chiffres de la fédération.
Le responsable s'interroge : "Comment les ménages, mais aussi les artisans et entrepreneurs du bâtiment pourraient-ils comprendre la répétition de tels virages à 180 degrés ?" Une analyse partiellement partagée par le secteur des énergies renouvelables. D'un côté, il salue le maintien de MPR pour les poêles et inserts ; de l'autre, il exprime de "vives inquiétudes" concernant l'exclusion des chaudières biomasse des parcours monogestes.
Effondrement du marché
Un choix "d'autant plus incompréhensible que ce segment de marché représente déjà très peu dans le budget global du dispositif - seulement 75 millions d'euros sur les 900 millions que représente la totalité des opérations en monogestes", précise le SER (Syndicat des énergies renouvelables).
La même organisation rappelle que la réforme des CEE (certificats d'économie d'énergie) d'août dernier a déjà acté "une baisse substantielle des aides 'Coup de pouce'", mettant un clou supplémentaire dans le cercueil des chaudières bois dont le marché s'est "effondré" depuis 2023, et ce, alors qu'elles peuvent représenter "une alternative" aux systèmes fossiles dans les régions rurales.
Ce qui amène le président du SER, Jules Nyssen, à s'étonner "de l'inégalité de traitement entre les pompes à chaleur et les chaudières biomasse qui répondent pourtant au même objectif, à savoir remplacer les appareils à énergie fossile, et notamment le fioul", et donc à présenter cette exclusion comme une "mesure lourde de conséquences", entre remise en cause des objectifs de décarbonation et fragilisation des acteurs du secteur.
Pousser la Pac… et la fraude ?
Sans surprise, Propellet (association des professionnels du chauffage au granulé de bois et pellet) et le SFCB (Syndicat français des chaudiéristes biomasse) vont jusqu'à parler d'un "coup fatal" pour leur filière. "Après avoir réduit de 50 % les aides MPR pour le chauffage au bois en 2024 et divisé par trois en août 2025 les crédits CEE accordés aux chaudières biomasse, le Gouvernement risque d'achever la filière", alertent les deux organisations dans un communiqué commun.
Pour eux, cette décision "totalement injustifiée et dangereuse" s'inscrit dans un "acharnement contre une filière qui fournit l'énergie la moins chère du marché". Ils mettent aussi en avant les retombées économiques de la subvention aux chaudières biomasse, d'un montant de 20 millions d'euros en 2025 mais qui génèrerait en contrepartie "200 millions de travaux et plus de 25 millions de recettes fiscales".
Plus largement, la filière aurait "perdu 80 % de sa valeur en trois ans", tant auprès de ses clients particuliers que professionnels. Une situation qui ne risque pas de s'arranger avec l'augmentation parallèle du Coup de pouce CEE sur la Pac, qui "porte ce soutien à des montants tels que c'est une nouvelle machine à fraude qui se met en place", cinglent le SFCB et Propellet.
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