La qualité de l'air et l'environnement intérieur, nouveaux chevaux de bataille de la GTB

Par   Corentin PATRIGEON

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Publié le 3 octobre 2025
© Corentin Patrigeon pour XPair
Quentin Hémeury, chef de projet dans l'équipe grands projets et projets complexes de Legrand.
STRATÉGIE. En réponse aux enjeux climatiques, sanitaires et énergétiques, les industriels de la GTB focalisent leurs innovations sur les données environnementales et la qualité de l'air intérieur. Sur IBS, deux d'entre eux ont décrit à XPair les tendances marché ainsi que les évolutions des équipements.

Dans le cadre du salon IBS qui vient de se tenir à Paris, XPair s'est entretenu avec le directeur France d'Airzone, Antonio Calvo, au sujet des tendances qui se dégagent sur le marché de la gestion technique du bâtiment, ainsi qu'avec Quentin Hémeury, chef de projet dans l'équipe grands projets et projets complexes de Legrand, sur les évolutions des équipements connectés. Lors de l'évènement, les deux fabricants ont d'ailleurs officialisé un partenariat sur leur dernière solution conjointe, Weoz.

XPair : Quelle est votre analyse du marché de la régulation de la GTB ? S'il est toujours évidemment question de performance et de sobriété énergétiques, on parle aussi de plus en plus de la qualité de l'air intérieur...

Antonio Calvo : Ces dernières années, le marché a été poussé par la réglementation et les aides financières. La performance énergétique a été au centre de la proposition de valeur de la quasi-totalité des fabricant de GTB et des industriels associés. Je pense, humblement, qu'on a un peu laissé de côté le confort et le bien-être des occupants.

La performance énergétique, qui est évidemment nécessaire pour réaliser la transition énergétique, a débouché sur une sorte de syndrome du bâtiment malsain, c'est-à-dire des espaces qui sont parfois surchauffés, ou sous-climatisés, ou avec un niveau de QAI qui est très loin d'être acceptable.

"Nous avons toujours cherché cet équilibre entre confort thermique et performance énergétique, mais nous avons réfléchi en interne à une manière de faire évoluer cette proposition de valeur vers le bien-être, et pour nous cela passe par la QAI."

- Antonio Calvo, directeur France d'Airzone

Comment avez-vous adapté votre stratégie suite à ce constat ?

A. C. : La vision d'Airzone sur le bâtiment tertiaire est plus globale : bien sûr, on doit avoir une approche centrale de la performance énergétique, mais sans oublier que les bâtiments sont construits pour accueillir des occupants. Nous avons toujours cherché cet équilibre entre confort thermique et performance énergétique, mais nous avons réfléchi en interne à une manière de faire évoluer cette proposition de valeur vers le bien-être, et pour nous cela passe par la QAI.

C'est pourquoi nous avons lancé des solutions qui vont dans ce sens, en apportant une bonne QAI mais surtout une approche globale qui permet de donner le poids nécessaire à chacun de ces axes : performance énergétique, confort thermique et QAI. Il faut intégrer tous ces aspects sans en oublier un en particulier.

La performance énergétique est évidemment la priorité, mais elle ne peut pas provoquer un effet contraire, tel que ce syndrome du bâtiment malsain. Nous pensons que le marché du tertiaire va aller dans ce sens-là. En tout cas, c'est notre vision à moyen terme. Notre activité est néanmoins très équilibrée, car cette approche globale que nous portons, avec cet aspect QAI, concerne aussi bien le résidentiel que le tertiaire.

Différents capteurs de la gamme Light Up de Legrand. © Corentin Patrigeon pour XPair

XPair : Quelle carte Legrand veut-il jouer dans le domaine du bâtiment intelligent, du moins connecté ?

Quentin Hémeury : Nous proposons une solution de gestion du bâtiment, Weoz, qui se veut assez simple comparée à d'autres solutions qui peuvent exister sur le marché et qui s'adressent plus à des très grands bâtiments. Pour que cette solution existe, il a fallu qu'on trouve des partenaires, soit pour fabriquer des produits à intégrer dans notre solution, soit pour développer le rendu de la solution et son exploitation pour les besoins des utilisateurs.

Comment la solution Weoz fonctionne-t-elle concrètement ?

Q. H. : On va utiliser un petit boîtier nommé area manager, qui va venir centraliser des informations provenant de différents capteurs, comme des détecteurs de mouvement de notre gamme Light Up, positionnés dans des couloirs, des salles de réunion... Ils sont capables de mesurer tout un tas de données, notamment environnementales, comme la température ambiante, le taux d'humidité, l'équivalent CO2, le taux d'occupation...

"Weoz propose des règles d'efficacité énergétique qui vont permettre au bâtiment d'avoir un fonctionnement autonome et de finalement réduire la consommation de l'utilisateur."

- Quentin Hémeury, chef de projet dans l'équipe grands projets et projets complexes de Legrand

Weoz utilise aussi des capteurs d'autres marques, comme Airzone qui propose des capteurs pour la partie CVC venant s'interfacer avec des unités intérieures de climatisation. Cela permet de récupérer les informations provenant de ces unités intérieures – état de fonctionnement du produit, températures, points de consignes... – et d'agir sur ces produits à partir de notre solution.

En centralisant toutes ces informations, on va pouvoir d'une part visualiser toutes les informations issues des capteurs sur un tableau de bord avec une vue de toutes ses pièces du bâtiment, et d'autre part générer des règles de fonctionnement sur le CVC : par exemple, si une fenêtre est ouverte, l'installation CVC se coupe pour ne pas consommer d'énergie tant qu'elle reste ouverte. Ce sont des règles d'efficacité énergétique qui vont permettre au bâtiment d'avoir un fonctionnement autonome et de finalement réduire la consommation de l'utilisateur.

La GTB est aujourd'hui confrontée à l'émergence de l'IA et aux menaces de cybersécurité. Comment Legrand anticipe-t-il ces défis ?

Q. H. : L'intégration de l'intelligence artificielle dans nos produits est en cours, toute une équipe est dédiée à ce développement. C'est une piste de travail qu'on met de plus en plus en oeuvre, et dans nos usines pour optimiser leur fonctionnement, et dans nos produits pour améliorer leur efficacité et le confort des utilisateurs.

Dans tous les produits que nous proposons, étant donné qu'il s'agit de produits connectés, toutes les données sont toujours chiffrées grâce à des protocoles de sécurité dédiés. Dans la mesure où l'on met en oeuvre une solution connectée qui requiert un accès Wi-Fi pour fonctionner, il faut être très rigoureux sur les risques cyber.


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