GTB : "Il faut vraiment accélérer pour se rapprocher au mieux du décret Bacs", N. Champeaux (Schneider Electric)

Par   Corentin PATRIGEON

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Publié le 25 juillet 2025
© Schneider Electric
Nathalie Champeaux, directrice marketing "Digital Energy" chez Schneider Electric.
ZOOM. S'il est censé offrir des opportunités aux exploitants de bâtiments tertiaires, le décret Bacs semble jusqu'à présent surtout les freiner dans leur équipement. Nathalie Champeaux, directrice marketing "Digital Energy" chez Schneider Electric, revient sur les enjeux de la régulation pour XPair.

En matière de régulation, le secteur tertiaire s'équipe sans se presser. Le décret Bacs (Building automation and control systems) les y pousse pourtant, mais les enjeux de cette transition à la fois énergétique et numérique ne semblent pas toujours bien perçus par les acteurs du bâtiment.

"Cela représente une opportunité pour les propriétaires et occupants de bâtiments d'améliorer leur efficacité énergétique, en comprenant mieux et donc en améliorant leur consommation d'énergie, tout en réduisant leur facture grâce à un système de pilotage", décrypte pour XPair Nathalie Champeaux, directrice marketing "Digital Energy" chez Schneider Electric.

Le taux de déploiement reste cependant faible : selon un observatoire publié par le Gimelec (Groupement des entreprises de la filière électronumérique française) et tous segments confondus, 12 % des sites tertiaires étaient pourvus en 2022, contre 15 % en 2024. "On est encore loin du compte pour atteindre les 100 % imposés par le décret Bacs au 1er janvier 2025 pour tous les bâtiments de plus de 290 kW, et au 1er janvier 2027 pour tous ceux de plus de 170 kW", reprend la spécialiste.

Méconnaissance de la GTB… et des bâtiments

Certes, 84 % des grands bâtiments s'avèrent relativement bien équipés, mais ceux entre 1.000 et 5.000 m² sont encore à la traîne. Les technologies de pilotage existent pourtant depuis longtemps dans les immeubles de bureaux et les technologies sont éprouvées de longue date, alors comment l'expliquer ? Pour Nathalie Champeaux, deux freins ralentissent le déploiement.

"D'abord le niveau de connaissance sur la régulation, que les propriétaires ont tendance à voir comme quelque chose de complexe et de coûteux. Certaines offres sont plus adaptées à la rénovation, d'autres au CVC, certaines proposent des services d’accompagnement dans le temps, des interfaces simples ou des capteurs sans fil, afin de démocratiser le pilotage pour tous les types de bâtiments. Ensuite, le niveau de connaissance des bâtiments, et plus particulièrement le manque de compétences en automatisation des systèmes."

La filière assure qu'elle fait preuve de pédagogie en insistant sur les opportunités induites par les systèmes de régulation et en expliquant les avantages des nouvelles offres. Mais cela ne suffit pas à pallier un manque de bras : "Il y a rarement des personnels techniques sur site, et les systèmes connectés remontant des informations cybersécurisées nécessitent une expertise sur leur mise en œuvre et leur exploitation dans le temps".

Flexibilité

Cela dit, un phénomène participe aussi à altérer la vision des acteurs sur la GTB : "On imagine qu'on installe un système de régulation et ensuite qu’on le laisse vivre sa vie, or, en faisant comme ça, on perd des potentiels énergétiques et le système n'arrive pas à suivre les changements d’usages des bâtiments." Le décret Bacs impose d'ailleurs des visites régulières de maintenance.

Plus largement, des systèmes mal configurés ou laissés à l'abandon ont également un impact, alors que pouvoirs publics et secteur privé cherchent précisément à faire coïncider offre et demande en énergie en garantissant la flexibilité du réseau électrique. Dans tous les cas, les spécialistes espèrent maintenant accélérer franchement le rythme de déploiement, en dépit que la première échéance ait été ratée.

Ils misent aussi sur le renforcement de leur offre en gestion technique des bâtiments pour s'inscrire dans cette tendance. Chez Schneider Electric, la plateforme IoT EcoStruxure Building Activate est commercialisée depuis fin 2024 à destination des bâtiments de moins de 10.000 m². Son interface multisites peut se connecter à tout ou partie des équipements existants (ventilation, chauffage, éclairage...) et propose aux usagers des plans d’action pour optimiser leurs installations.

Un marché porteur

Le géant de la gestion de l'énergie travaillent en outre à rendre le décret plus lisible, de même que les solutions pour y répondre. Sur ce dernier point, un coup de pouce des pouvoirs publics s'avèrerait utile. "Les CEE (certificats d'économie d'énergie) ont déjà mis en place des aides intéressantes, notamment sur des offres GTB plus performantes que celles demandées par le décret Bacs, pour lesquelles un bonus existait en 2023-2024 et avait permis de booster un certain nombre de projets", relève Nathalie Champeaux.

La filière ne ménage donc pas ses efforts pour amplifier le mouvement. "La régulation est un marché porteur, les projets se font, le déploiement augmente, mais il faut vraiment accélérer cette tendance pour se rapprocher au mieux des exigences du décret et répondre au double défi de la réduction de la facture énergétique et de la stabilité du réseau", conclut la responsable.


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