Data centers : des certifications s'adaptent pour ne pas "perdre de vue" certains enjeux

Par   Corentin PATRIGEON

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Publié le 8 décembre 2025
© iStock/quantic69
Des serveurs informatiques dans un centre de données.
ACTEURS. L'essor des centres de données amène certains organismes certificateurs du bâtiment à intégrer à leurs référentiels de nouveaux critères. Ces installations soulèvent des questions dépassant le simple cadre énergétique.

La croissance des centres de données, stimulée par la multiplication des usages numériques et de l'intelligence artificielle, soulève aussi un certain nombre de préoccupations, auxquelles le CVC tente d'apporter des éléments de réponse. On recense déjà plus de 10.000 de ces installations à travers le monde, dont 250 en France pour l'année 2022, avec des conséquences palpables sur le plan énergétique : plus de la moitié (54 %) de leurs dépenses sont liées à l'électricité, ce qui devrait faire tripler la consommation électrique de l'Hexagone entre 2023 et 2035.

Leur gestion de la ressource en eau est également remise en question : les data centers pourraient utiliser jusqu'à 6,6 milliards de mètres cubes d'or bleu par an à l'échelle mondiale, ce qui représente la moitié de la consommation d'un pays comme le Royaume-Uni. La région Provence-Alpes-Côte d'Azur, qui voit un nombre croissant de ces infrastructures s'implanter sur son territoire, s'inquiète du stress hydrique qu'elles risquent de générer à terme dans un climat déjà sec et confronté qui plus est au réchauffement climatique.

Ces chiffres, compilés par Certivea depuis des travaux de l'Ademe (Agence de la transition écologique), de RTE (gestionnaire du réseau haute tension) ou encore du groupe de réflexion The Shift Project, amènent des acteurs à s'interroger sur la conception et l'exploitation de ces bâtiments. "Le développement des data centers, pour répondre à la flambée des usages du numérique, a un impact environnemental que plus personne ne doit ignorer", prévient son président, François Jallot.

Le refroidissement, premier poste de dépense d'un data center

Si l'organisme estime que la transition énergétique du secteur des centres de données "est déjà en marche", en avançant que 96 % de leur consommation d'énergie provient de "sources non carbonées", dont 55 % d'énergies renouvelables, il affirme dans le même temps qu'ils représentent déjà la deuxième activité la plus polluante de la filière numérique tricolore, derrière la fabrication des équipements.

C'est pourquoi l'organisme certificateur spécialiste du tertiaire a décidé d'intégrer de nouveaux critères à ses référentiels afin "d'aider toutes les parties prenantes (entreprises du numérique et de la tech, collectivités, etc) à prendre ce virage de l'essor du numérique sans perdre de vue les enjeux de sobriété énergétique et carbone, et de qualité de vie des usagers".

Les certifications délivrées par Certivea (HQE Bâtiment et HQE Bâtiment Durable) proposent ainsi de remplacer les systèmes de refroidissement, considérés comme le premier poste de dépense énergétique d'un data center, par des équipements plus sobres, tels que des compresseurs performants, du free cooling (rafraîchissement passif) ou du refroidissement naturel. Une intégration dans les racks ou l'utilisation d'eau de nappe ou de rivière sont d'autres innovations à envisager.

Des enjeux sanitaires aussi

Les consommations d'énergie peuvent également être optimisées via la conception architecturale (allées chaudes et froides, refroidissement par rangées, systèmes VAV - ventilation à débit variable...), des dispositions techniques particulières (la dissipation de chaleur par la production de froid) ou des équipements informatiques "éco-labellisés", qui affichent des caractéristiques plus flexibles en matière de températures et d'humidité.

D'après la filiale du CSTB (Centre scientifique et technique du bâtiment), les classes de consommation énergétique exprimées en kilowattheures d'énergie primaire par mètre carré et par an (kWhEP/m².an) sont "adaptées" aux centres de données, et la baisse mesurée des consommations sur cinq ans en phase d'exploitation est valorisée. Certivea explique mesurer par ailleurs la consommation d'eau des installations, sur la base de données nationales, ainsi que leur empreinte carbone, en se fondant sur leurs dépenses énergétiques globales et selon des classes adaptées à leurs particularités.

Ses référentiels évaluent enfin le confort acoustique, visuel et hygrothermique des espaces occupés en permanence par les salariés, avec une grille évidemment différente lorsque le personnel est ponctuellement présent dans des zones techniques. La qualité de l'air intérieur, celle de l'eau et l'exposition aux ondes électromagnétiques sont pour leur part calculées uniquement dans les pièces occupés en continu par des employés. 


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