Immobilier : cette innovation veut réduire la pression des bâtiments sur la ressource en eau
On l'oublie peut-être mais l'impact environnemental du secteur du bâtiment englobe aussi la ressource en eau. C'est à cette fin que le projet de recherche et développement porté par le bureau d'études AIA Environnement, le Centre scientifique et technique du bâtiment (CSTB) et l'Alliance HQE-GBC a été sélectionné dans le cadre de l'appel à projets InnovEau de l'Ademe (Agence de la transition écologique) et vient officiellement de lancer ses travaux.
Baptisé Aqua'Print, il veut aider les acteurs de la conception et de l'exploitation des bâtiments à diminuer leur consommation d'eau tout au long de leur cycle de vie. Le réchauffement climatique et la multiplication des canicules et des sécheresses qu'il entraîne ont conduit les pouvoirs publics à imposer une baisse de 10 % des prélèvements d'eau d'ici à 2030, tous secteurs d'activité confondus, dans le cadre du Plan Eau.
D'après le Programme des Nations Unies pour l'environnement, le bâtiment est concerné au premier chef puisqu'il représente environ 20 % de la consommation d'eau douce mondiale. "Ce chiffre inclut la quantité d'eau utilisée en amont – le chantier et la fabrication des matériaux –, pendant la phase d'exploitation du bâtiment et, en aval, lors des opérations de déconstruction ou de rénovation lourde", précisent les trois porteurs du projet dans un communiqué commun.
Quantifier les flux prélevés, consommés et rejetés
Le problème étant qu'il n'existe à ce jour ni méthodologie ni solution pour pouvoir évaluer précisément l'empreinte eau des bâtiments dans une approche d'analyse du cycle de vie (ACV). C'est donc ici qu'Aqua'Print entre en scène : dans l'optique d'adapter la conception du bâti pour réduire les prélèvements comme les rejets d'eau, et de repenser la sobriété en eau des bâtiments comme des quartiers dès les phases de programmation des travaux, il se présente comme une solution logicielle "clés en main" qui mettra l'or bleu sur le même plan d'arbitrage que l'énergie, le carbone et le coût.
Capable d'évaluer la pression sur la ressource en eau des projets urbains en quantifiant les flux prélevés, consommés et rejetés, il ouvrira la porte à des démarches de certification ou de labellisation dédiées à la performance des projets en matière de gestion de l'eau ou de finance verte. Selon les trois acteurs, il "se distinguera également par sa fonction expérimentale et itérative : l'outil permettra de tester des solutions innovantes et low tech de réutilisation, de stockage, de recyclage et de traitement à la source de l'eau, afin d'en mesurer les effets sur l'empreinte globale du projet".
Mais pour ce faire, les partenaires ont encore "trois grands verrous" à faire sauter. D'abord, pallier au "manque de connaissances sur l'empreinte eau du bâtiment en fonction des choix constructifs", puis répondre à "la difficulté technique à rendre opérationnelle une méthode d'évaluation de l'empreinte eau pour le secteur de la construction". Enfin, Aqua'Print devra être accessible à l'ensemble des acteurs (de l'architecte au bailleur) et ne pas se cantonner aux seuls bureaux d'études et cabinets spécialisés dans l'environnement.
Un logiciel disponible fin 2027
C'est pourquoi les porteurs du programme devraient associer les acteurs de toute la filière à son élaboration et documenter son développement au fur et à mesure. Le calendrier devrait s'étaler sur une trentaine de mois, avec notamment la finalisation du prototypage de l'outil prévue en mai 2026, puis le lancement de son expérimentation en septembre de la même année.
Les méthodes de calcul pourraient être achevées en janvier 2027, pour une mise à disposition de la solution logicielle fin 2027. AIA Environnement, le CSTB et l'Alliance HQE-GBC précisent d'ores et déjà que deux versions seront proposées : "une version socle, accessible à tous les acteurs opérationnels des projets, et une version plus détaillée, permettant notamment aux bureaux d'études d'accéder à des fonctionnalités supplémentaires".
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