Rénovation : comment cette fintech veut utiliser l'IA et la blockchain pour lutter contre la fraude

Et si l'intelligence artificielle et la blockchain étaient la solution pour lutter contre la fraude à la rénovation énergétique ? C'est le pari de la fintech Enedger, qui a développé une technologie de sécurisation de financement des chantiers, alors que plusieurs milliards d'euros de fonds publics comme privés sont investis chaque année dans les chantiers de rénovation thermique.
Une manne qui suscite forcément des convoitises et donc des délits : falsification d'identités de professionnels qualifiés, faux diagnostics, usurpation de labels RGE, faux devis, déclarations de chantiers fictifs, travaux non réalisés... L'écodélinquance monte en puissance et la filière en fait les frais, comme en témoigne la décision du Gouvernement de suspendre partiellement le dispositif d'aide MaPrimeRénov' cet été, le temps de purger les dossiers frauduleux.
C'est pourquoi les professionnels veulent renforcer leur arsenal de lutte contre la fraude. Dans le cas d'Enedger, l'ambition est assurément forte puisqu'il est question "d'éradiquer définitivement la fraude qui touche aussi bien MPR que les CEE (certificats d'économie d'énergie)", sans oublier les subventions des collectivités territoriales et des fondations diverses. "La fraude est un véritable fléau pour le marché de la rénovation énergétique. Pour que cela change radicalement, il est urgent de mettre en place une infrastructure de confiance, collective et souveraine, pour lutter contre la fraude", affirme son fondateur et président, Guillaume Loizeaud.
Vers le risque zéro de fraude ?
Comment ? Développée par l'entreprise française Ocode, spécialisée dans la traçabilité numérique et la protection des données, la solution Enerblock d'Enedger intègre une IA automatisant et fiabilisant les contrôles de conformité sur plus de 180 critères. Parmi eux, on trouve la vérification de l'identité et de l'intégrité des personnes physiques et morales, la signature électronique, l'horodatage des documents (devis, factures, attestations...), le contrôle de l'existence du chantier par l'IA ou encore la prise de photos infalsifiables, horodatées et géolocalisées.
La blockchain garantit pour sa part l'intégrité et la traçabilité de chaque opération grâce à une empreinte cryptographique infalsifiable apposée à chaque document. La fintech avance que "les risques de fraude et d'erreur sont ainsi réduits à zéro". Celle-ci travaille également avec IN Groupe, anciennement l'Imprimerie Nationale, qui assure quant à lui l'hébergement et le stockage des documents déposés dans la blockchain avec de hauts standards de sécurité.
"Nous devons rompre avec cette défiance généralisée envers les dispositifs d'aide à la rénovation énergétique, alors même qu'ils soutiennent des centaines de milliers d'emplois dans notre pays."
- Gilles Berhault, directeur de la stratégie et des affaires institutionnelles chez Enedger
Enerblock s'adresse à l'ensemble des acteurs (opérateurs publics, collectivités, obligés, délégataires, entreprises, banques, diagnostiqueurs...) en mettant en avant sa simplicité d'utilisation ainsi que son coût "marginal" d'utilisation (15 € par chantier, tarif fixe). Au-delà du fait de restaurer la confiance et de lever les freins, l'entreprise espère aussi "libérer des ressources financières considérables" afin de les réorienter vers des rénovations "de qualité".
"Nous devons rompre avec cette défiance généralisée envers les dispositifs d'aide à la rénovation énergétique, alors même qu'ils soutiennent des centaines de milliers d'emplois dans notre pays", appuie Gilles Berhault, directeur de la stratégie et des affaires institutionnelles chez Enedger, allant jusqu'à parler d'un "impératif national, climatique et de santé publique". Pour l'heure, pouvoirs publics comme secteur privé semblent curieux, et même convaincus, par cette solution.
Soutiens publics et privés
Le ministère du Logement a par exemple indiqué soutenir "la démarche entrepreneuriale qui vise à sécuriser le parcours usager, simplifier la vie des entreprises et lutter contre la fraude". La Capeb (Confédération de l'artisanat et des petites entreprises du bâtiment), l'organisme de certification Qualibat, la Fnaim (Fédération nationale de l'immobilier) et l'Unis (Union des syndicats de l'immobilier) apportent aussi leur soutien à l'initiative.
"Grâce à la solution développée par Enedger, nous allons gagner un temps précieux en matière de facturation, de remontée d'informations terrain et surtout dans l'apport de preuves concrètes des chantiers vertueux réalisés, et in fine de rétablir la confiance sur le marché", illustre le président de la Capeb, Jean-Christophe Repon.
Le patron de Qualibat, Gérard Sénior, estime pour sa part qu'Enerblock "va permettre de sécuriser davantage les données, de les vérifier et de les recouper". Chez Enedger, on ambitionne déjà de "devenir rapidement la référence en matière de sécurité et de confiance" dans le secteur de la rénovation énergétique. Affaire à suivre.
Lire aussi
-
Tournée vers un idéal, Energys SAS du groupe STH poursuit sa croissance
-
MaPrimeRénov' : le guichet des travaux d'ampleur ferme le 23 juin, les CEE prennent le relais
-
Fraudes : ce qui va changer pour les professionnels avec cette nouvelle loi
-
Deux nouveaux documents sont lancés pour lutter contre l'éco-délinquance
Sélection produits
Contenus qui devraient vous plaire

- VINCI ENERGIES FRANCE FACILITIES IDF TERTIAIRE