Pour la première fois en Europe, le solaire a dépassé le charbon dans la production d'électricité
La solarisation du Vieux Continent se confirme. Dans un rapport publié ce 23 janvier, le groupe de réflexion Ember affirme que la production d'électricité d'origine solaire (11% du bouquet énergétique, soit 304 térawatts-heures) a dépassé de manière inédite celle à partir du charbon (10%, 269 TWh) dans l'Union européenne au cours de l'année 2024. L'électrification des Vingt-Sept se serait ainsi poursuivie à "un rythme soutenu" et ce, en dépit "des conditions politiques et économiques difficiles".
Le charbon a donc été rétrogradé de la troisième plus grande source d'énergie de l'UE en 2019, à la sixième en 2024. Les électrons produits à partir du gaz ont aussi poursuivi leur déclin, avec un recul pour la cinquième année consécutive. La consommation totale de gaz du continent a dégringolé de 20% sur ce laps de temps, un tiers de la baisse s'étant réalisée dans le secteur de la production d'électricité.
Une tendance qui a permis au secteur électrique de l'UE de réduire ses émissions de gaz à effet de serre de moins de la moitié de leur pic de 2007, et de s'affranchir encore davantage de la dépendance aux combustibles fossiles importés. Selon les analystes d'Ember, "sans l’ajout de capacités éoliennes et solaires depuis 2019, l’UE aurait importé 92 milliards de mètres cubes de gaz fossile supplémentaires et 55 millions de tonnes de charbon supplémentaires, ce qui lui aurait coûté 59 milliards d’euros".
Électrifier et flexibiliser
Selon le rapport consulté par XPair, "le Pacte vert pour l’Europe a entraîné une transformation profonde et rapide du secteur électrique de l’UE". Grâce à l'éolien et au solaire - dont les nouveaux raccordements ont atteint un record et dont la production a bondi de 22% par rapport à 2023 -, la part d'énergies renouvelables est passée de 34% en 2019 à 47% en 2024. Dans le même temps, la proportion des énergies fossiles a chuté de 39% à 29%, un plus bas historique.
Dans le trio de tête des sources d'énergie de l'Europe, l'éolien arrive dorénavant en deuxième position, devant le gaz mais derrière le nucléaire. "Cette tendance est généralisée ; le solaire se développe dans tous les pays de l'UE, tandis que le charbon devient de plus en plus marginal. Plus de la moitié des pays de l'UE n'ont pas d'énergie au charbon ou une part inférieure à 5% dans leur mix énergétique", précise le document.
Malgré ces bons résultats, Ember estime que le Vieux Continent devra passer à la vitesse supérieure s'il veut atteindre ses objectifs de décarbonation pour 2030. Deux pistes sont suggérées pour soutenir la filière solaire, "une flexibilité propre accélérée et une électrification intelligente".
Baisse des coûts
Concernant l'éolien, les spécialistes appellent à des réformes pour en faciliter le déploiement car le parc actuel, bien que compétitif, risque de ne pas suffire pour répondre à la demande : d'ici la fin de la décennie, il faudrait que le rythme de raccordement soit plus de deux fois supérieur à celui des dernières années. Et plus largement, les infrastructures réseau doivent être modernisées, notamment pour y implémenter des capacités de stockage.
Car au-delà des enjeux de souveraineté énergétique, une transition électrique permettrait, d'après le rapport, de baisser les coûts pour l'ensemble des consommateurs. "L’UE se rapproche d’un avenir énergétique propre alimenté par l’énergie éolienne et solaire locale. Ce nouveau système énergétique réduira la vulnérabilité de l’Union aux chocs des prix des énergies fossiles, s’attaquera à la crise climatique et fournira une énergie abordable à ses ménages et à ses entreprises", souligne Beatrice Petrovich, analyste senior en énergie chez Ember.
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