MaPrimeRénov' : l'exclusion des chaudières biomasse des monogestes provoque une "vive opposition"

Par   Corentin PATRIGEON

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Publié le 22 septembre 2025
© iStock/ronstik
Illustration de bûches et de granulés de bois.
CHAUFFAGE. Quatre organisations professionnelles ont pris la plume pour demander au Premier ministre Sébastien Lecornu de revenir sur la suppression de l'aide pour l'acquisition de chaudières biomasse dans le cadre des monogestes. Déjà chahutée, la filière craint de ne pas s'en relever.

Les pouvoirs publics se prennent une volée de bois vert après leur décision d'exclure les chaudières biomasse des monogestes aidés par MaPrimeRénov'. Plusieurs organisations professionnelles étaient déjà montées au créneau il y a une semaine, allant jusqu'à parler d'un "coup fatal" donné à un marché qui s'effondre depuis deux ans.

Ce week-end, d'autres fédérations ont pris le relais en écrivant au nouveau Premier ministre Sébastien Lecornu - dont on attend toujours la composition du gouvernement et le projet de loi de Finances 2026 - pour lui faire part de leur "vive opposition".

Dans un courrier adressé à Matignon, la Capeb (Confédération de l'artisanat et des petites entreprises du bâtiment), Propellet (association des professionnels du chauffage au granulé de bois et pellet), le SER (Syndicat des énergies renouvelables) et le SFCB (Syndicat français des chaudiéristes biomasse) considèrent que le rabotage sur les systèmes biomasse "est contraire à toute logique de transition énergétique, de soutien au pouvoir d'achat des Français les plus modestes et de mix énergétique adapté aux territoires".

Ils vont même jusqu'à parler d'un "revirement parfaitement incompréhensible", en référence à la majoration de 1.000 € que l'État avait pourtant accordé au printemps 2022 à MPR pour l'installation de systèmes de chauffage fonctionnant aux ENR.

Des économies moins avantageuses que les retombées générées

Les cosignataires rejoignent plus largement le constat alarmant formulé par l'Observatoire des énergies renouvelables (Observ'ER) et l'Ademe (Agence de la transition écologique) dans leur dernière étude sur le marché des appareils domestiques de chauffage au bois : le secteur, dont tous les segments sont en repli, est passé pour la première fois sous la barre des 300.000 unités vendues en 2024.

"Le marché de la chaudière biomasse, déjà fragilisé par la crise énergétique, a connu une diminution de son chiffre d'affaires de 80 % et a déjà été durement affecté par la décision du précédent gouvernement de diviser par trois les bonifications des Certificats d'économie d'énergie (CEE) leur étant accordées dans le cadre du Coup de pouce chauffage, sans aucune logique budgétaire", arguent-ils.

D'après eux, l'exclusion du chauffage au bois des monogestes aidés par MPR ne représenterait par ailleurs qu'une "très faible" source d'économies pour les finances publiques, qu'ils chiffrent à "environ 20 millions d'euros", et qu'ils comparent aux retombées (chantiers, recettes fiscales…) engendrées par ces primes, estimée à "environ 100 millions".

Fort logiquement, les quatre organisations signataires demandent donc "solennellement" à Sébastien Lecornu "la suppression rapide de cette mesure réglementaire" ainsi qu'une politique de rénovation énergétique qui soit "durable, lisible et stable". À leurs yeux, les responsables politiques devraient même "plus que jamais faire preuve de responsabilité vis-à-vis des acteurs économiques du pays". À voir si ce ton grave trouvera un écho favorable aux oreilles du nouveau locataire de Matignon.


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