"Malgré la conjoncture, nos adhérents ont des carnets de commandes qui se tiennent", P. Housset (UMGCCP-FFB)

Dans la foulée du congrès de l'UMGCCP-FFB (Union des métiers du génie climatique, de la couverture et de la plomberie de la Fédération française du bâtiment) qui s'est tenu les 10 et 11 avril à Lille, son président, Pascal Housset, revient pour XPair sur les temps forts de l'évènement ainsi que sur les principaux enjeux du secteur.
XPair : Quel bilan tirez-vous de l'édition 2025 de votre congrès ?
Pascal Housset : Nos adhérents viennent chaque année de plus en plus nombreux à nos congrès - ils étaient près de 500 cette année. C'est un évènement durant lequel il y a toujours un bon état d’esprit, un vrai moment de partage, un rendez-vous d’échanges entre installateurs mais aussi entre régions, avec nos partenaires industriels et institutionnels, qui permet de nouer des liens forts entre chefs d’entreprises.
L'édition 2025 avait deux grands axes : le changement climatique, ses impacts sur nos métiers, nos compétences, nos installations ; et un axe commercial pour bousculer les professionnels et leur redonner les fondamentaux, car souvent on se projette sur des choses lointaines en oubliant les bases du commerce. Des sujets techniques ont également été abordés, notamment la qualité d'air intérieur dans le domaine de la ventilation.
Quel est l'état d'esprit de vos adhérents dans un contexte difficile pour le CVC ?
P. H. : Ce qui est rassurant, c’est que nos adhérents, malgré la conjoncture, ont des carnets de commandes qui se tiennent. Nous n'avons donc pas d’inquiétude majeure mais nous restons suspendus au traitement des dossiers Ma prime rénov' par l’Anah (Agence nationale de l'habitat) : près de 40.000 sont toujours en instance de déblocage au niveau national, ce qui empêche les entreprises d'amorcer les chantiers de rénovation.
Les professionnels qui sont plus axés sur le neuf devront encore prendre leur mal en patience mais plusieurs bonnes nouvelles sont tombées : le renforcement du PTZ (Prêt à taux zéro), le statut du bailleur privé, le Zan (Zéro artificialisation nette des sols) qui s’assouplit… Les transactions immobilières reprennent aussi un peu et redonnent des lueurs d’espoirs au marché de la rénovation. Malgré que nous soyons un peu pénalisés par la TVA à 20% sur les chaudières, nos installateurs, qui souvent ne sont pas monoproduit, proposent d’autres solutions, notamment hybrides.
"Nos clients sont de plus en plus sensibles à la provenance des produits"
La mise en conformité avec le décret tertiaire commence également à donner du volume au marché tertiaire. Tout cela nous permet d’avoir des messages plutôt positifs en dépit de la conjoncture difficile car les entreprises du bâtiment ont toujours eu cette capacité d’adaptation. Il faut en permanence se remettre en question et travailler sur des propositions, être ensemble et faire front.
Pensez-vous que le réajustement du Plan Pac, prévu pour la fin 2025/début 2026, permettra aussi de redynamiser le marché ?
P. H. : En tant que membre de l'Afpac (Association française pour les pompes à chaleur), je vous confirme que nous défendons le Plan Pac auprès des ministères en insistant sur la nécessaire stabilité des mesures afin de ne pas brouiller le message envoyé aux professionnels, installateurs et fabricants, dont certains ont des chaînes de production en Europe.
Nos clients sont de plus en plus sensibles à la provenance des produits, alors quand on leur dit que des Pac sont fabriquées sur le territoire national, c’est le petit plus qui peut faire la différence puisqu'en achetant ces produits, on fait tourner l’économie du pays et on conforte les finances publiques françaises.
Lors du congrès, une table ronde consacrée à l'hybridation des systèmes a été l'occasion de rappeler que l'industrie gazière développe des molécules renouvelables. Estimez-vous que ces solutions ont leur place dans le futur mix énergétique du bâtiment ?
P. H. : Malheureusement, les biogaz ne sont pas assez pris en considération par nos pouvoirs publics. Avoir un mix énergétique décarboné est une très bonne chose et on sait que les objectifs de développement des gaz renouvelables tiennent la route, mais le marché français a tendance à être orienté vers le 100% élec. Cependant, les chaudières individuelles dans les logements collectifs n’ont pas d’alternative technique.
On n'aura pas des produits de substitution du jour au lendemain, cela a donc du sens de soutenir les solutions à base de gaz bas-carbone. Nous croyons beaucoup à des systèmes hybrides avec des contrats de fourniture en gaz renouvelables, qui permettent d’équilibrer le mix énergétique en ayant une souplesse de consommation pendant les pointes hivernales.
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