"L’électrification est le meilleur moyen d’accélérer l’efficacité énergétique", plaide Schneider Electric

Par   Corentin PATRIGEON

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Publié le 8 avril 2025
Crédit photo Schneider Electric
Olivier Delépine, vice-président Home & Distribution chez Schneider Electric France.
MARCHÉ. Entre poussée de l'autoconsommation et mise en conformité avec le décret Bacs, le spécialiste de la gestion de l'énergie veut mobiliser les électriciens sur l'enjeu de la transition. Selon son vice-président maison et distribution, Olivier Delépine, le marché de la GTB est à "un moment beaucoup plus que charnière".

Ce n'est un secret pour personne, l'électrification des usages est un processus bien lancé qui concerne tous les métiers de l'énergie dans le bâtiment à l'heure de l'urgence climatique. Le phénomène, auquel s'ajoute l'essor des appareils connectés et la hausse des coûts de l'énergie, nécessite toutefois une adaptation des infrastructures.

Dans le résidentiel comme dans le tertiaire, cela se traduit par la poussée de l'autoconsommation, notamment photovoltaïque. Une manière de réduire sa dépendance au réseau et aux fluctuations des prix, tout en maîtrisant sa facture d'électricité et en réduisant son empreinte carbone.

La marge de progression reste cependant énorme, en raison de contraintes techniques, financières ou encore réglementaires. "L’électrification des usages est le meilleur moyen d’accélérer l’efficacité énergétique", a affirmé Olivier Delépine, vice-président maison et distribution chez Schneider Electric France, lors d'un échange avec la presse organisé ce 8 avril 2025.

"Elle est supportée depuis plusieurs années par l’effet pérenne d’un certain nombre de mesures et de réglementations, comme la RE2020 et la NFC 15-100. La hausse des prix de l’énergie a aussi amplifié la demande de renseignement et d’installation de systèmes de régulation et de GTB. Des solutions sécurisées, robustes et intelligentes deviennent alors nécessaires."

Une compréhension encore parcellaire du public

S'il reconnaît que la RE2020 a le mérite de prendre en compte l'intégralité du cycle de vie du bâtiment dans le calcul de son empreinte carbone, le spécialiste de la gestion de l'énergie et des automatismes industriels souligne néanmoins que les aléas induits par les variations de températures au fil des saisons - le fameux confort d'hiver ou d'été - n'ont pas toujours été privilégiés dans son raisonnement.

"Pour que ça fonctionne, il ne faut pas que l’utilisateur se pose de question", reprend le responsable. D'autant que la demande semble être au rendez-vous : d’après une étude menée par Schneider Electric en 2024 auprès de 13.000 personnes résidant dans 11 pays, 38% souhaitent devenir "énergétiquement indépendants" en produisant leur propre électricité et 70% reconnaissent l'importance de réduire leur empreinte carbone.

"On est à un moment beaucoup plus que charnière, avec un alignement des sujets économiques, énergétiques, techniques, réglementaires… pour accélérer l’acceptabilité, en tout cas la compréhension des solutions d’efficacité énergétique, particulièrement dans le résidentiel."

Olivier Delépine, vice-président Home & Distribution chez Schneider Electric France

En France, cela s'est constaté avec la progression des taux d’équipement en PV, pompes à chaleur et bornes de recharge pour véhicule électrique. Globalement, les solutions de pilotage arrivent à percer aussi bien dans le neuf, étant donné que les constructions qui sortent de terre les intègrent dès leur conception, que dans la rénovation, où la prise de conscience énergétique et environnementale fait aussi évoluer les habitudes de consommation.

"On est passé dans un nouveau mode de perception de l’énergie, mais la compréhension du grand public est encore un peu éloignée", analyse Olivier Delépine. La même étude relève en effet que 52% des sondés pensent que l'éclairage intelligent améliore l'efficacité énergétique, alors qu'un thermostat connecté peut réduire les factures d'énergie jusqu'à 30% par an. De même, 65% installent seuls leur assistant vocal, mais seulement 28% leur thermostat intelligent, tandis que 52% jugent la domotique trop chère, malgré des économies potentielles pouvant atteindre 22% sur la facture.

Le rôle de l'IA

Sur ce point, "les aides sont extrêmement importantes pour réduire le reste à charge dans le budget des ménages mais ce ne peut pas être le premier déclencheur". Le risque est alors de faire "obstacle au travail de pédagogie. Si le déclencheur se résume à l’aide, on ne comprend pas pourquoi on doit faire les choses, alors que la pédagogie explique les bonnes raisons pour adopter ces solutions." L'accompagnement des professionnels devrait être davantage considéré, selon lui : "On a beaucoup mis en avant la rénovation dans le passif mais on ne peut pas décorréler le passif de l’actif".

Comme dans bien d'autres domaines, l'intelligence artificielle joue également un rôle en assurant une gestion intelligente et un pilotage fin des systèmes apprenants d'un bâtiment et de la manière d'y vivre (nombre d’occupants, consommation d’eau et d’électricité, conditions météorologiques…). Cela dit, les choses doivent rester cadrées : "L’IA sert de compagnon dans la gestion des usages. Ce n’est pas l’IA à tout prix ; il faut que son déploiement présente un intérêt et une pertinence", insiste le vice-président maison et distribution.

Un autre élément "essentiel" dans l’électrification des usages consiste à embarquer les artisans électriciens de France. Cet "écosystème dont le maillage territorial est inégalé" va faire l'objet d’une campagne de communication intitulée "Vous Faire Briller", lancée à la fois directement par Schneider Electric et au travers du réseau de distribution.

L'objectif de l'industriel est de "travailler avec eux ces notions d’efficacité énergétique, de leur proposer un accompagnement technique, des formations et certifications, et de leur mettre à disposition des outils de configuration de solutions", explique Olivier Delepine. Le contexte s'y prête tout particulièrement à ses yeux : "On est à un moment beaucoup plus que charnière, avec un alignement des sujets économiques, énergétiques, techniques, réglementaires… pour accélérer l’acceptabilité, en tout cas la compréhension des solutions d’efficacité énergétique, particulièrement dans le résidentiel".

Décollage de la GTB

Il faut dire que le marché vient "de très loin" : d'après le syndicat ACR, les solutions de GTB ont bondi de 31% en 2024, portées par le coût de l'énergie, les décrets Bacs et tertiaire ou encore les primes CEE (certificats d'économie d'énergie) bonifiées.

Interrogé par XPair sur ces chiffres, le vice-président maison et distribution de Schneider Electric France considère que "cette succession de mesures et de prises de conscience des entreprises sur l’absolue nécessité de réduire leur consommation pour baisser leurs factures et leurs émissions de carbone, a permis l'accélération du taux d’équipement, qui était assez lent au départ. On passait parfois beaucoup plus de temps et d’énergie à essayer de contourner la réglementation qu’à l’adopter."

Certes, le chemin qu'il reste à parcourir est "énorme" mais l'industriel est confiant : "Les solutions existent, la simplification est en cours. La GTB était auparavant un marché confidentiel car complexe, mais la technologie en permet une meilleure compréhension, aidée par le réseau français des installateurs, large et compétent."


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