Logement : quels sont les pesticides les plus présents dans l'air et les poussières ?

Par   Corentin PATRIGEON

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Publié le 4 décembre 2025
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Illustration de la pose d'une VMC.
FOCUS. L'Observatoire de la qualité des environnements intérieurs dévoile les résultats de son étude Pestiloge, chargée de quantifier la concentration en pesticides dans l'air et les poussières des logements. Il s'agit de la première analyse de cette envergure consacrée à l'exposition à ces substances en milieu résidentiel.

Que respire-t-on dans nos logements ? C'est pour répondre à cette question que l'Observatoire de la qualité des environnements intérieurs (OQEI), porté par le Centre scientifique et technique du bâtiment (CSTB) et l'Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail (Anses), a mené entre novembre 2020 et février 2023 une étude chargée de quantifier la concentration en pesticides dans l'air et les poussières des habitations. Baptisée Pestiloge, celle-ci a été réalisée dans le cadre de la deuxième campagne nationale sur les logements, ou CNL2, dont les résultats ont déjà été dévoilés cet automne.

Les deux études ont reçu le soutien de la Direction générale de la prévention des risques (DGPR), la Direction générale de la santé (DGS), la Direction de l'habitat, de l'urbanisme et des paysages (DHUP), l'Agence de la transition écologique (Ademe) et Santé publique France. L'Anses s'est chargée de financer Pestiloge via son dispositif de phytopharmacovigilance, les données publiques de l'étude – la première de cette envergure sur ce sujet – devant permettre d'évaluer les risques liés à l'exposition des pesticides – produits phytopharmaceutiques, biocides et antiparasitaires – et à leur gestion.

"Visant à prévenir, contrôler ou lutter contre des organismes vivants jugés indésirables (micro-organismes, insectes, 'mauvaises herbes'...), ces produits doivent satisfaire à des critères précis de sécurité sanitaire avant leur commercialisation et être utilisés selon des conditions d'emploi strictes pour limiter les effets indésirables sur la santé humaine et l'environnement. Détecter leur présence et mesurer leur niveau de concentration dans les lieux de vie est fondamental pour évaluer les expositions", explique l'OQEI.

Des substances plus présentes dans les poussières que dans l'air

Au total, 81 pesticides ont été recherchés dans l'air et 92 dans les poussières au sein de 571 logements répartis dans 321 communes et 84 départements de la France continentale.

Dans l'air ambiant, plus de la moitié des produits cibles n'ont pas ou très peu été détectés, mais plusieurs composés ont été très souvent identifiés. Parmi eux, cinq insecticides et insectifuges, à savoir le lindane, la transfluthrine, le DEET, l'icaridine et la perméthrine ont été relevés dans plus de la moitié des logements, tandis que le folpel (un fongicide) et le chlorpropham (un herbicide) ont été localisés respectivement dans plus de 60 % et 70 % des habitations.

En revanche, les pesticides cibles ont été bien plus fréquemment détectés dans les poussières. Treize substances ont ainsi été retrouvées dans plus de 9 habitations sur 10 : des fongicides (le boscalid, le dicloran, le difénoconazole, le propiconazole et le tébuconazole), des insecticides (l’acétamipride, la cyperméthrine, l’imidaclopride et la perméthrine), des herbicides (le glyphosate et le terbutryne) et des répulsifs d'insectes (le DEET et l’icaridine). Le fipronil, le lindane, le pyriproxyfène et la transfluthrine ont pour leur part été relevés dans plus de la moitié des logements.

Pas de valeurs de référence ni de seuils réglementaires

Mais ces résultats sont difficilement interprétables : pour les mesures dans l'air comme pour celles des poussières, "il n'existe pas aujourd'hui de valeurs de référence [ou de seuils réglementaires] permettant de savoir si ces niveaux représentent un risque pour la santé des occupants".

Les équipes de l'OQEI dressent malgré tout quelques enseignements, à commencer par le fait que certains pesticides détectés "font l'objet d'une restriction, voire d'une interdiction d 'usage depuis plusieurs années", ce qui prouve "leur persistance dans les milieux après utilisation, en particulier au sein des environnements intérieurs".

En attendant d'éventuelles propositions d'évolutions réglementaires, l'observatoire considère qu'"un nettoyage régulier des surfaces et l'aspiration des poussières restent parmi les meilleurs outils pour limiter la persistance de ces substances dans le logement". Il appelle aussi à la vigilance sur "la présence de vieux meubles ou charpentes en bois qui ont pu être traités par des produits biocides aujourd'hui interdits d'usage". Enfin, il ne recommande pas "l'utilisation de vieux stocks de produits phytopharmaceutiques".


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