L'ONU s'alarme de la probable explosion de la demande mondiale en climatisation
Quelle place pour la climatisation dans l'adaptation au changement climatique ? Alors que la 30ᵉ Conférence des parties (COP) se tient jusqu'au 21 novembre 2025 à Bélem, au Brésil, la Cool Coalition (un réseau international d'acteurs publics et privés rassemblés autour de la thématique du rafraîchissement) du Programme des Nations Unies pour l'environnement (PNUE) vient de publier un rapport consacré à la probable explosion de la demande mondiale en climatisation, alors que le mercure poursuit sa hausse aux quatre coins de la planète.
Intitulé "Global Cooling Watch 2025", le document affirme que les besoins en froid pourraient plus que tripler d'ici à 2050, si la tendance actuelle se poursuit. "Cette hausse serait due à l'augmentation de la population et des richesses, à la multiplication des vagues de chaleur extrêmes et à l'accès croissant des ménages à faibles revenus à des systèmes de refroidissement plus polluants et moins performants", peut-on lire.
Ce qui aura évidemment des conséquences désastreuses sur le plan environnemental, avec un doublement des émissions de gaz à effet de serre (GES) liées à la climatisation par rapport à leur niveau de 2022, atteignant environ 7,2 milliards de tonnes équivalent CO2 à la moitié du siècle. Et ce, "malgré les efforts déployés pour améliorer l'efficacité énergétique, réduire progressivement l'utilisation des fluides frigorigènes responsables du réchauffement climatique et limiter la saturation des réseaux électriques lors des pics de consommation".
Privilégier les solutions passives
Alors, que faire pour supporter la multiplication des vagues de chaleur ? Le PNUE préconise d'emprunter la "voie du rafraîchissement durable", qui consiste à privilégier les solutions passives, basse consommation et hybrides, tels que les brise-soleil, les brasseurs d'air, la végétalisation, l'isolation thermique ou encore des systèmes combinant ventilateurs et climatiseurs à faible, voire sans consommation d'énergie.
L'idée serait aussi de déployer rapidement des équipements à haute efficacité énergétique et à faire passer la réduction des fluides frigorigènes hydrofluorocarbonés (HFC) à la vitesse supérieure. Généraliser ces solutions "abordables et essentielles" permettrait, toujours d'après le rapport des Nations Unies, de réduire de 64 % les émissions de GES du secteur du froid, à condition de les intégrer aux politiques publiques nationales, et particulièrement dans le domaine de la rénovation urbaine.
"Face à des vagues de chaleur meurtrières de plus en plus fréquentes et extrêmes, l'accès au froid doit être considéré comme une infrastructure essentielle, au même titre que l'eau, l'énergie et l'assainissement", a déclaré pour l'occasion la directrice exécutive du PNUE, Inger Andersen.
D'après elle, ces solutions "passives, économes en énergie et fondées sur la nature peuvent contribuer à répondre à nos besoins croissants en rafraîchissement et à protéger les populations, les chaînes alimentaires et les économies des effets néfastes de la chaleur, tout en poursuivant les objectifs climatiques mondiaux". L'ONU a calculé qu'une telle stratégie permettrait d'économiser environ 15.000 milliards d'euros sur les factures d'énergie et d'éviter 22.000 milliards d'euros d'investissements dans le réseau électrique.
Considérer le froid durable comme "un bien public"
Pour l'heure, 72 pays ont adhéré à l'Engagement mondial pour le rafraîchissement, une initiative du PNUE visant à baisser de 68 % les émissions de GES du froid d'ici à 2050. Mi-2025, 29 pays avaient fixé des objectifs spécifiques pour le secteur de la climatisation et cinq autres étaient en train d'en élaborer. Au total, 134 pays ont à ce jour intégré la problématique du froid durable dans leurs contributions nationales, plans d'adaptation au changement climatique, programmations énergétiques et autres stratégies énergie-climat.
"Cependant, seuls 54 pays disposent de politiques globales couvrant les trois domaines prioritaires : le refroidissement passif dans les réglementations énergétiques des bâtiments, les normes minimales de performance énergétique et la transition vers des fluides frigorigènes plus sûrs", relève le PNUE. "Les lacunes les plus importantes se situent en Afrique et en Asie-Pacifique, régions où l'on peut s'attendre à une forte augmentation de la demande mondiale en froid."
Pour y remédier, le rapport formule une série de recommandations, comme le fait d'établir en la matière "une gouvernance proactive et multiniveaux", tout en considérant le froid durable comme "un bien public". Il invite aussi les gouvernements à repenser l'aménagement urbain en conséquence, à atténuer les îlots de chaleur urbains et à alléger la pression sur le réseau électrique.
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