Chauffage : la pompe à chaleur hybride en quatre questions

La pompe à chaleur hybride ou le mix énergétique à la maison ? La conférence "Pac Hybride : la décarbonation efficace et performante à la maison", organisée par GRDF sur le salon BePositive le 26 mars à Lyon, a permis de mettre en lumière les spécificités de cet équipement qui mise sur sa flexibilité d'utilisation.

Parfois moins connue des professionnels, la Pac hybride est pourtant "une solution qui comporte de nombreux avantages pour les consommateurs comme pour les installateurs" : voici le message que Thierry Bune, responsable commercial à GRDF et Jérôme Silvestre, co-gérant de l’entreprise Solutions Thermiques Dauphinoise située à Châtonnay (Isère), ont fait passer à cette occasion.

Une Pac hybride, c’est moins cher à la consommation ?

Jérôme Silvestre affirme en avoir mis en service 25 depuis qu’il a commencé son travail d’installateur en 2021. Fort de son expérience, il indique : "La Pac hybride, c’est un produit auquel je crois. Il permet aux clients de jouer sur la mixité énergétique, de ne pas être mariés avec EDF."

Parce que la Pac hybride va déclencher l’une ou l’autre des solutions de chauffage – la pompe à chaleur elle-même ou la chaudière à condensation gaz – en fonction de paramètres comme le coefficient de performance ou les coûts des énergies à l’instant T, de vraies économies peuvent être réalisées, assure-t-il.

"Quand votre Pac tout électrique passe en dégivrage, elle va venir chercher son appoint électrique. Avec un appoint au gaz, le pouvoir calorifique est 10 fois supérieur."

En effet, bien qu’il soit effectivement nécessaire d’être à la fois abonné au gaz et à l’électricité, Thierry Bune précise que le gain financier peut être de l’ordre de 100 € par an lorsque les abonnements sont adaptés à la consommation réelle.

"Il est aussi possible avec l’électricité de passer sur un abonnement Tempo et de déclencher le chauffage au gaz pendant les jours classés 'rouges' (durant lesquels l'électricité est plus chère, NDLR) par EDF", ajoute Jérôme Silvestre. "Et la différence de prix entre les abonnements classique et Tempo est énorme."

Une Pac hybride, c’est plus performant ?

"Pour moi, une Pac hybride est plus performante, surtout dans mon secteur où la température peut chuter rapidement en hiver et où il y a beaucoup d’hydrométrie", évoque l’installateur. "Quand votre Pac tout électrique passe en dégivrage, elle va venir chercher son appoint électrique. Avec un appoint au gaz, le pouvoir calorifique est 10 fois supérieur. Donc votre Pac va vite dégivrer et pourra plus vite refonctionner par elle-même."

Jérôme Silvestre, co-gérant de l’entreprise Solutions Thermiques Dauphinoise (à gauche), et Thierry Bune, responsable commercial à GRDF, lors du salon BePositive. Crédit photo Émilie Wood pour XPair

Une performance qui se fera également sentir au niveau du confort : "Avec une hybride gaz, vous n’avez jamais d’interruption d’eau chaude sanitaire. Avec une classique, lorsque votre ballon d’eau chaude est vide, il faut bien compter 3 heures avant de le chauffer s’il fait -7°C dehors, 1h30 s’il fait +7°C. Avec une hybride gaz, c’est 20 minutes."

Le chef d'entreprise poursuit : "Pour le chauffage, vous pouvez alimenter des maisons de 200 ou 250 m² avec des radiateurs, ce qui ne sera pas forcément faisable avec une Pac monophasée".

Une Pac hybride, c’est facile à installer ?

Que les chauffagistes se rassurent : les Pac hybrides ne sont pas plus difficiles à installer que des unités classiques ou des chaudières, assure Jérôme Silvestre.

Elles seraient également moins lourdes : "Quand on installe une Pac en rénovation, parfois on se retrouve avec des doubles ventilateurs, des pièces très lourdes. L’avantage d’une hybride gaz, c’est que c’est tout aussi simple, mais les groupes sont plus petits. On se fracasse moins le dos. La seule différence, c’est qu’on va avoir la partie fumisterie à gérer et la partie gaz. Mais en termes de temps, c’est pareil."

Autre avantage pour les installateurs : en cas de panne, les clients peuvent enclencher le mode secours, ce qui leur permettra d’avoir une solution de chauffage jusqu’à l’intervention de réparation. Moins de pression pour le SAV !

Dans certains cas, l’installation d’une Pac hybride permet même d’éviter d’avoir à réaliser de lourds travaux. "On parle de chauffage, mais il ne faut pas oublier la partie électrique. La dernière hybride que j’ai posée était pour une maison de 250 m²… qui était alimentée avec du 6 carré. Installer une Pac tout élec qui pouvait potentiellement consommer 12 kilowatts n’était pas faisable", se souvient Jérôme Silvestre.

Et pour cause : "Il aurait fallu faire changer la ligne par EDF (devis : 3.500 €) et ensuite faire refaire le tableau électrique par un électricien (devis : 2.000 €). J’ai pu installer ma petite hybride gaz de 8 kW sans changer l’alimentation électrique et sans retirer la ligne. Et j’étais bien moins cher que mes confrères", relate le professionnel.

Et en termes de décarbonation ?

GRDF estime que la réduction des émissions de CO2 peut aller jusqu’à 70% lors du passage à une Pac hybride. Généralement, la pompe à chaleur sera enclenchée 70% du temps. Et pendant le reste du temps, la chaudière gaz, plus performante que les anciens modèles, permettra malgré tout de moins polluer. De plus, ces dernières sont compatibles avec le biofioul, pour ceux qui décident d’en faire le choix.

Posée et fournie, une Pac hybride coûte en moyenne entre 9.000 et 15.000 € TTC. Elle est éligible aux mêmes aides que les Pac air-eau : au minimum 2.500 € pour tous les ménages, et jusqu’à 9.000 € selon les revenus. L’association Professionnels du Gaz propose un choix de modèles dans son catalogue.