Île-de-France : dos au mur, l'école Léa-CFI cherche des repreneurs

Par   Corentin PATRIGEON

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Publié le 15 mai 2025
Crédit photo iStock/Highwaystarz-Photography
Photo d'illustration
MÉTIERS. L'établissement de formation en génie climatique, géré par la Chambre de commerce et d'industrie de Paris - Île-de-France, se retrouve dans une impasse financière et risque de fermer ses portes en septembre 2026. Plusieurs enseignants font part de leur inquiétude et de leur déception.

L'école Léa-CFI risque-t-elle de fermer ses portes à la rentrée scolaire 2026 ? C'est ce que semble avoir annoncé la direction de l'établissement de formation en CVC à son personnel. Gérée par la Chambre de commerce et d'industrie de Paris - Île-de-France, l'école propose notamment des cursus en génie climatique-frigorique et en électricité-électrotechnique à des étudiants en alternance et des professionnels en reconversion, allant du CAP au master.

Elle mise particulièrement sur ses plateaux techniques, répartis sur ses trois campus franciliens (Jouy-en-Josas, Orly et dans le XXe arrondissement), qui s'avèrent cependant "onéreux" et "consommateurs de beaucoup d'espaces". Car la CCI se retrouve aujourd'hui dans une impasse financière.

Ne pouvant "plus allouer de ressources fiscales à ses écoles - ces ressources ayant été par ailleurs amputées de plus de 60 % en 10 ans -, Léa-CFI est confrontée à la baisse des niveaux de prise en charge des 'coûts contrats' apprentissage, décidée de manière homogène sur l'ensemble du territoire national, alors que les charges (immobilier et salaires notamment) sont plus élevées en Île-de-France ; cette baisse atteint 11% pour l'ensemble du portefeuille de formations de l'école depuis 2023", explique un communiqué commun de la CCI et Léa-CFI.

Les "spécificités" de l'école - des formations "nécessitant des apprenants en nombre réduits" ainsi qu'un "accompagnement de proximité" - sont par conséquent présentées aussi bien comme des "atouts" que comme des "pressions" pour son modèle économique. "Le financement complémentaire par les entreprises ne permet pas de se rapprocher de l'équilibre", ajoutent les organisations.

Accompagnement des élèves et du personnel

Depuis deux ans, celles-ci se sont mises en recherche de nouveaux partenaires, et donc de nouveaux financements, publics comme privés. Des fédérations professionnelles et des entreprises ont été contactées, et la CCI assure avoir eu "l'écoute" de la Région et du rectorat.

Un tour de vis a même déjà été donné : depuis 2023, "d'importantes optimisations de fonctionnement interne et le recentrage des activités sur trois filières dédiées à l'efficience des bâtiments et la valorisation des ressources naturelles ont été mises en œuvre". Mais cela n'a pas suffi à améliorer la situation et Léa-CFI "n'est pas en mesure d'assurer un retour à l'équilibre financier à l'horizon 2027".

"Doté des plateaux techniques les plus pédagogiques et innovants de France, d'une équipe toujours à l'écoute de ses apprentis, cette fermeture apparaît comme un non sens dans le paysage francilien."

Léoric Le Roy, formateur en régulation climatique à Léa-CFI

C'est pourquoi l'école et la CCI ont pris "la décision difficile" de chercher "un ou plusieurs repreneurs", auquel cas la Chambre de commerce et d'industrie pourrait "participer au tour de table investisseur en tant que partenaire minoritaire uniquement".

Dans le cas où aucun repreneur ne se présenterait, l'école cesserait ses activités en septembre 2026. Le cas échéant, l'établissement garantirait l'accompagnement des étudiants "jusqu'à leur diplomation", en particulier "les 15 appentis actuellement en seconde des Bacs MEE (Maintenance et efficacité énergétique) et Melec (Métiers de l'électricité et de ses environnements connectés)".

Ceux-ci seraient dirigés vers des organismes de formation "de qualité et correspondant au mieux aux particularités de chacun (temps de transport, etc)" pour y effectuer leur année de terminale. Le personnel de l'école bénéficierait aussi d'un accompagnement "afin de favoriser leur repositionnement professionnel", tandis que les campus feraient l'objet d'une "concertation avec les acteurs territoriaux".

"Un énorme manque de futurs salariés de la transition énergétique"

Plusieurs enseignants à Léa-CFI ont réagi à cette nouvelle sur le réseau social professionnel LinkedIn. "C'est une triste fin qui laisse un grand nombre de jeunes sans école, sans avenir, mais surtout un énorme manque de futurs salariés formés aux métiers de la transition énergétique (1.400 par an)", commente François Caugan, également bénévole au sein de l'AICVF (Association des ingénieurs et techniciens en climatique, ventilation et froid), et récemment interviewé par XPair sur son métier.

"Doté des plateaux techniques les plus pédagogiques et innovants de France, d'une équipe toujours à l'écoute de ses apprentis, cette fermeture apparaît comme un non sens dans le paysage francilien. Financé par de l'argent public (...), la Chambre de commerce, très dispendieuse, n'a jamais trouvé un modèle économique viable pour cet outil qui participe également à l'intégration d'une jeunesse parisienne en quête de repères", affirme pour sa part Léoric Le Roy, formateur en régulation climatique à Léa-CFI. Et d'indiquer qu'il tentera, avec ses collègues, "de sauver ce qui est sauvable".


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