Fluides frigorigènes : renoncez aux HFC, choisissez les fluides naturels !

Tout a commencé avec la révision du règlement européen F-Gaz, lancé par la Commission européenne en 2022. Le 7 février 2024, le nouveau texte a été adopté dans les mêmes termes par le Parlement et le Conseil européens, et s’applique depuis le 11 mars 2024. Intitulée officiellement "Règlement (UE) 2024/573 du Parlement européen et du Conseil du 7 février 2024 relatif aux gaz à effet de serre fluorés, modifiant la directive (UE) 2019/1937 et abrogeant le règlement (UE) n°517/2014", la troisième version de ce règlement, initialement paru en 2006, est consultable ici.
Plusieurs innovations
Première innovation, sa nouvelle version 2024 accélère la baisse de ces volumes, exprimés en tonnes équivalent CO2 (tCO2eq), fixe le quota global de référence à 176.700.479 tCO2eq pour 2015. À partir de cette date et de cette valeur, les quotas annuels autorisés en Europe baissent jusqu’à atteindre 0 en 2050, selon le graphique ci-dessous. La chute est sévère entre 2026 et 2027, puis entre 2029 et 2030.
Les gaz non fluorés ne sont pas soumis au règlement F-Gaz. Les fluides HFC et HFO recyclés ne sont pas non plus comptabilisés dans les quotas annuels mis sur le marché, du moins pour l’instant.
Crédit image Pascal Poggi pour XPair
Cela signifie qu’un fluide comme le R410A, dont le GWP (global warming power) ou le PRP (pouvoir de réchauffement planétaire) en français, est de 2088, pèse plus lourd et coûte plus cher qu’un autre HFC, le R32, dont le GWP est de 675.
Troisièmement, le règlement F-Gaz pose toute une liste d’interdiction de mises sur le marché, à la fois sur les fluides et sur les matériels de climatisation, en fonction des fluides qu’ils contiennent.
De franches interdictions
— Depuis le 1er janvier 2025, l’emploi de gaz à effet de serre fluorés dont le PRP ≥ 2500 est interdit pour la maintenance ou l’entretien de tout équipement de réfrigération, sauf s’il s’agit d’équipements militaires ou destinés à refroidir des produits en-dessous de -50°C. Cette disposition interdit l’entretien des machines contenant du R404A, dont le PRP = 3922.
— À partir du 1er janvier 2026, l’emploi de gaz fluorés dont le PRP ≥ 2500 est interdit pour la maintenance ou l’entretien d’équipements de climatisation et de pompes à chaleur. L’utilisation de fluides régénérés est permise jusqu'en 2032.
Côté matériels, si on se focalise sur la climatisation et le froid commercial :
— À partir du 1er janvier 2027, les chillers, aussi appelés refroidisseurs de liquide ou groupes froids d’une puissance ≤ 12 kilowatts, seront interdits à la vente s’ils fonctionnent avec des HFC dont le PRP ≥ 150. Toujours pour une puissance ≤ 12 kW, ils ne pourront plus être vendus à partir du 1er janvier 2032, s’ils contiennent des HFC tout court, quel que soit leur PRP.
— À compter du 1er janvier 2027, les chillers qui utilisent des HFC pourront être vendus seulement avec un HFC dont le PRP ≥ 750. Ce qui élimine le 410A.
— Depuis le 1er janvier 2025, interdiction de commercialiser des systèmes monosplit (une unité extérieure et une unité intérieure avec liaison en fluide) fonctionnant avec moins de 3 kg de fluide dont le PRP > 750. Ce qui élimine le R410A et sauve tout juste le R32 dont le PRP = 675.
— À partir du 1er janvier 2027, interdiction de mise sur le marché de climatiseurs et Pac monobloc d’une puissance ≤ 12 kW, utilisant un fluide dont le PRP > 150, sauf pour des raisons de sécurité, mais alors le PRP du fluide doit ≤ 750. Les mêmes équipements monoblocs, dont la puissance > 12 kW et ≤ 50 kW, subissent les mêmes restrictions : fluide avec PRP ≥ 150 interdit, sauf pour des raisons de sécurité, auquel cas le GWP ≤ 750. Interdiction des pompes à chaleur air/eau avec des fluides dont le PRP > 150.
— Enfin, à partir du 1er janvier 2029, les climatiseurs en split (monosplits et multisplits) sont interdits à la vente pour une puissance ≤ 12 kW avec un fluide dont le PRP >150.
Quels fluides restent disponibles ?
Mais les industriels et les grossistes ont encore des stocks importants de multisplits fonctionnant au R410A qu’ils s’efforcent d’écouler. Pour un installateur, poser ces matériels chez ses clients n’est pas une bonne idée. Le coût de leur maintenance, notamment de la recharge en fluide, risque d’augmenter rapidement.
Le prix du R410A a déjà progressé de 17% en moyenne à travers l’Europe entre le 3ᵉ et le 4ᵉ trimestres 2024, selon un rapport de Öko-Recherche et du Citepa (Centre interprofessionnel technique d'études de la pollution atmosphérique) pour la Commission européenne. Tandis que le prix du R290, lui, baissait de 2% sur la même période. Comme le rappelait le Snefcca (Syndicat national des entreprises du froid, d'équipements de cuisines professionnelles et du conditionnement de l'air) récemment, un installateur doit aussi le meilleur conseil à son client.
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