Coût, inconfort d'été, aides : la précarité énergétique des ménages français en six chiffres
Ce 18 novembre 2025 se tient la cinquième édition de la Journée contre la précarité énergétique. Depuis 2020, cette opération pilotée par une vingtaine d'organisations a pour but d'attirer l'attention sur cette problématique qui s'est amplifiée avec la hausse des prix de l'énergie consécutive à la période Covid et à l'invasion de l'Ukraine par la Russie. D'après le collectif Effinergie, l'édition 2024 avait vu 160 évènements s'organiser dans toute la France pour dénoncer les conséquences sociales et économiques de ce fléau.
À cette occasion, l'Observatoire national de la précarité énergétique (ONPE) publie son tableau de bord 2025. Son président, Sylvain Waserman – par ailleurs président de l'Ademe (Agence de la transition écologique) – affirme que "le taux de précarité énergétique montre une stabilité du phénomène, voire même une légère baisse (-0,1 point) entre 2022 et 2023". Cela dit, le taux de pauvreté monétaire n'a jamais été aussi haut depuis 1996 : 15,4 % en 2023 pour la France métropolitaine, selon l'Insee (Institut national de la statistique et des études économiques).
"Ces chiffres rappellent combien l'action publique demeure indispensable pour protéger les ménages les plus vulnérables", estime Sylvain Waserman. Voici les principaux chiffres à retenir du tableau de bord 2025 de l'ONPE.
3,1 millions
C'est le nombre de ménages français qui ont dépensé plus de 8 % de leurs revenus pour payer leurs factures d'énergie en 2023. Ces foyers appartiennent aux trois premiers déciles de revenus et représentent environ 10 % de la population, d'après le ministère de la Transition écologique.
35 % des Français déclarent avoir eu froid dans leur logement...
... durant l'hiver 2024-2025, selon des chiffres du Médiateur national de l'énergie. Ils sont 37 % à assurer que la raison est financière, sachant que 59 % des bénéficiaires du chèque énergie disent avoir subi des températures trop basses malgré ce dispositif d'aide.
... et 49 % assurent avoir souffert de la chaleur chez eux
L'inconfort d'été trouve ici une nouvelle illustration : la moitié de la population dit avoir eu trop chaud dans son logement au cours de l'été 2024-2025, soit une hausse de 7 points par rapport à l'été 2023-2024. Là encore, 64 % des ménages ayant bénéficié du chèque énergie ont malgré tout vu leur habitation se transformer en bouilloire thermique.
4,5 millions de ménages ont utilisé leur chèque énergie
Cela représente quasiment 82 % du total des bénéficiaires de ce dispositif. En parallèle, 160.000 foyers parmi les clients d'EDF, Engie et TotalÉnergies (les trois principaux fournisseurs d'énergie en France) ont reçu une aide du Fonds de solidarité logement pour le paiement de leurs factures d'énergie en 2024.
81.000 ménages ont réalisé une rénovation performante de leur logement
Ce chiffre, qui a bondi de 26 % entre 2023 et 2024, s'explique selon l'Agence nationale de l'habitat (Anah) par le succès des dispositifs MaPrimeRénov' Parcours Accompagné, MaPrimeRénov' Copropriété et Loc'avantage avec rénovation. En revanche, le nombre de rénovations par geste a chuté de 51 % sur la même période : seulement 249.000 travaux de ce type ont été financés par MaPrimeRénov', avec près de 7 dossiers sur 10 concernant des ménages modestes et très modestes.
Les rebondissements du feuilleton MaPrimeRénov' sont d'ailleurs pointés du doigt par les associations mobilisées dans le cadre de la Journée contre la précarité énergétique. Pour rappel, le Gouvernement avait décidé de suspendre durant l'été le guichet dédié aux rénovations globales face à l'afflux de demandes... et de tentatives de fraude.
41,3 millions
C'est le nombre d'Européens (soit 9,2 % de la population du Vieux Continent) déclarant ne pas être en mesure de maintenir une température adéquate dans leur logement pendant l'hiver, avec une prédominance en Europe du Sud (≥ 14,7 % en Espagne et au Portugal) et de l'Est (idem pour la Grèce et la Bulgarie).
Car la précarité énergétique ne se limite bien évidemment pas aux frontières de l'Hexagone (où le même taux s'élève à 11,8 %), bien que le phénomène soit complexe à suivre au niveau européen en raison du grand nombre d'indicateurs à prendre en compte. La Commission européenne en a établi 11, tous disponibles dans la base de données d'Eurostat, le service statistique officiel de Bruxelles. Il faut dire aussi que l'Union européenne n'a défini la précarité énergétique dans sa réglementation qu'en 2023.
La directive relative à l'efficacité énergétique 2023/1791 la présente ainsi comme "le manque d'accès [pour un ménage] aux services énergétiques essentiels qui assurent des niveaux de base et des niveaux décents de vie et de santé, notamment des systèmes adéquats de chauffage, d'eau chaude, de refroidissement, d'éclairage et d'alimentation des appareils en énergie, compte tenu du contexte national pertinent, de la politique sociale nationale existante et d'autres politiques nationales pertinentes, en raison d'une combinaison de facteurs, y compris, au moins, le caractère inabordable, un revenu disponible insuffisant, des dépenses énergétiques élevées et la faible efficacité énergétique des logements".
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