Rénovation : où en sont les copropriétés dans leur transition énergétique ?

Par   Corentin PATRIGEON

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Publié le 14 novembre 2025
© iStock/Wirestock
Des immeubles d'habitation parisiens en copropriété.
EN CHIFFRES. Mieux informés sur leurs obligations et davantage conscients de l'impératif de transition écologique qui s'applique aussi à leur patrimoine, les copropriétaires ont néanmoins encore du mal à franchir le pas de la rénovation énergétique. Explications en quelques chiffres clés.

Le ralentissement des travaux de rénovation énergétique ne concerne pas que le logement individuel : le résidentiel collectif est lui aussi touché. Entre les rebondissements du feuilleton MaPrimeRénov', le renchérissement du prix des matériaux et des énergies ou encore le manque de lisibilité des orientations réglementaires, il n'est pas toujours évident pour les copropriétés de s'y retrouver et donc de lancer leurs projets.

Dans son baromètre consacré à la transition énergétique du logement collectif, le délégataire CEE (certificats d'économie d'énergie) Hellio relève cependant une prise de conscience des copropriétaires, qui semblent décidés à réaliser leurs travaux malgré l'instabilité des dispositifs d'aide et la complexité des démarches.

"Aujourd'hui, les copropriétaires manifestent une volonté croissante d'engager des travaux de rénovation énergétique, conscients de l'importance de réduire leurs factures et de valoriser leur patrimoine", analyse Louis-Marie Gillier, responsable commercial habitat collectif chez Hellio. Déplorant que "le passage à l'acte reste encore trop limité", il note toutefois "une meilleure connaissance des obligations réglementaires, comme le DPE (diagnostic de performance énergétique) ou le plan pluriannuel de travaux (PPT)".

Voici les principaux chiffres à retenir du baromètre Hellio sur la rénovation énergétique en copropriété, réalisé durant l'été 2025 auprès de 700 copropriétaires répartis sur l'ensemble du territoire.

4 copropriétaires sur 10 estiment que l'énergie pèse jusqu'à 40 % de leurs charges

Environ la moitié (48,6 %) des copropriétaires considèrent que les dispositifs d'aide à la rénovation énergétique sont encore trop instables, un quart (24,7 %) fustigeant au passage la complexité des démarches administratives. Dans le même temps, ils doivent composer avec des charges de copropriété élevées, essentiellement dues à la hausse continue des coûts de l'énergie : 40,6 % des personnes interrogées estiment que l'énergie pèse entre 20 % à 40 % de leurs charges.

Dans ces conditions, le besoin d'investir dans des solutions plus efficientes et durables se conjugue à une prise de conscience du cadre réglementaire en matière de transition énergétique : 57,6 % des sondés déclarent connaître les obligations liées au PPE et au PPT, contre 49 % en 2023.

Pour Hellio, cela s'explique surtout par "la mise en oeuvre de l'échéancier d'interdiction de location des logements énergivores", entré en vigueur début 2025 et dont la quasi-totalité (96,2 %) des copropriétaires disent avoir connaissance. Ces derniers y voient cependant une nouvelle contrainte, qui, pour 77,8 % d'entre eux, risque d'aggraver davantage la crise du logement.

Un tiers est prêt à consacrer jusqu'à 5.000 € pour une rénovation dans les cinq ans

Pour autant, cela n'altère pas leur volonté d'engager des travaux de rénovation de leur patrimoine : 43,3 % affirment être prêts à franchir le pas, dont 8,9 % dès cette année. La plupart préfèrent néanmoins planifier leurs chantiers à deux ou quatre ans (22,3 %), voire au-delà (12,1 %). En cause : des moyens financiers jugés insuffisants et une capacité d'investissement en retrait.

À peine plus d'un tiers (35,5 %) sont en mesure de consacrer entre 1.000 € et 5.000 € à des travaux de rénovation au cours des cinq prochaines années, contre 48 % en 2023. "Cette baisse traduit la tension économique actuelle et confirme que le financement demeure un levier central – et souvent bloquant – de la transition énergétique dans les copropriétés", résume Hellio.

Seulement 7,7 % se lancent dans une rénovation globale

Quand les copropriétaires passent malgré tout à l'acte de rénover, ils privilégient les mono-gestes : les deux postes les plus sollicités sont l'isolation des murs par l'extérieur (20,5 %) et celle de la toiture (15,2 %), qui pèsent à elles deux plus d'un tiers des intentions de travaux, et qui se retrouvent avec constance d'une année à l'autre.

Pour le délégataire CEE, elles "traduisent une recherche de solutions concrètes et à fort impact, alors que la rénovation globale, plus coûteuse et complexe à organiser collectivement, reste marginale". En effet, celle-ci est mentionnée par seulement 7,7 % des répondants, bien qu'elle "demeure la solution la plus efficace".

Pour 30 % d'entre eux, la valorisation de leur bien est la première motivation 

Les motivations des ménages résidant en logement collectif entrent aussi en ligne de compte. Parmi elles, la valorisation de leur bien immobilier est évoquée par 29,6 % des sondés, devant la diminution de leurs factures d'énergie (25,8 %) et l'amélioration du confort thermique (23,2 %), ce qui témoigne de la priorité donnée à la rentabilité de leurs investissements.

Mais les freins, voire les obstacles sont encore nombreux sur le chemin de la transition énergétique en copropriété : le premier d'entre eux est, sans surprise, le coût des travaux, pour 27,6 % des personnes interrogées. Cela dit, il faut souligner la chute vertigineuse de cet indicateur depuis quatre ans, qui s'élevait tout de même à 75 % en 2021 et encore 81 % en 2023 ! La complexité des démarches et des aides est pour sa part invoquée par 16,7 % des sondés.

Pour Hellio, la massification de la rénovation énergétique dans le résidentiel collectif passera donc par une simplification et une stabilisation du cadre réglementaire, mais aussi par un accompagnement renforcé des syndics et copropriétaires dans leurs projets. "Seule une approche coordonnée, combinant soutien financier et accompagnement clair, permettra de débloquer le potentiel de rénovation des copropriétés et de contribuer efficacement à la transition énergétique en France", conclut Louis-Marie Gillier.


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