Conjoncture, marchés, IA : ce qu'il faut retenir des pratiques des experts du génie climatique

Certes, les experts du génie climatique savent faire preuve de résilience, mais le contexte politique et économique actuel brouillent leurs perspectives. C'est, en substance, ce qui ressort de l'enquête de conjoncture inédite réalisée durant l'été 2025 par XPair, en partenariat avec l'AICVF (Association des ingénieurs en climatique, ventilation et froid), auprès des ingénieurs, prescripteurs et installateurs du secteur.

L'étude, qui a pris le pouls de leur activité tout en cherchant à mieux cerner leurs pratiques professionnelles ainsi que les innovations émergentes dans leurs métiers, met en lumière plusieurs enseignements. Ceux-ci ont été commentés à l'occasion d'un webinaire organisé en octobre par la rédaction d'XPair, en présence du président de l'AICVF, Frank Hovorka, de la directrice-associée de Tribu Énergie, Nathalie Tchang, du directeur des affaires publiques d'Intuis, Éric Baudry, et du délégué général d'Enerplan, Richard Loyen.

À l'image de cette visioconférence (voir encadré ci-dessous), le sondage montre qu'il est possible, malgré la conjoncture en berne, d'actionner des leviers de croissance et de transformer des contraintes en opportunités. Voici les principaux chiffres à retenir.

1 professionnel du CVC sur 2 voit son activité se stabiliser

D'après l'enquête XPair-AICVF, 52 % des répondants estiment que leur activité (chiffre d'affaires, rentabilité, trésorerie...) stagne. Ils sont néanmoins 30 % à observer une dégradation, et seulement 18 % une amélioration. Pour les prochains mois, le ressenti reste très partagé : tandis que 53 % se disent plutôt optimistes, 47 % s'avèrent plutôt pessimistes.

65 % sont inquiets de la conjoncture, 70 % du financement de la rénovation

Interrogés sur les problématiques et défis de la filière CVC, les professionnels ont mis en exergue deux sources d'inquiétude : la conjoncture économique (65 % s'en disent préoccupés) et le financement de la rénovation énergétique (70 %).

La neutralité a tendance à dominer pour la plupart des autres items évoqués, comme la construction et la rénovation bas-carbone (43 %), la solarisation des bâtiments (41 %) ou encore la mise en oeuvre de la réglementation (46 %). Les experts sont particulièrement divisés sur la transition écologique, énergétique et numérique, pour laquelle 33 % se disent confiants sur ses conséquences sur leur activité, 36 % n'ont pas d'avis tranché et 31 % admettent être soucieux.

Le secteur a probablement une carte à jouer sur l'évolution des techniques, une attente visiblement forte puisqu'elle se dégage très nettement des autres items avec 52 % de répondants qui se déclarent optimistes face à cette problématique, contre seulement 13 % qui portent un regard négatif dessus.

69 % se positionnent sur le chauffage, seulement 36 % sur les ENR

Les difficultés actuelles amènent les ingénieurs, prescripteurs et installateurs à se positionner davantage sur certains segments d'activité. Chauffage (69 %), tertiaire (68 %) et rénovation (66 %) sont ainsi les marchés les plus porteurs. À l'inverse, la construction (46 %), le résidentiel (41 %) et les énergies renouvelables (36 %) connaissent une baisse d'activité notable.

Si l'absence de visibilité à long terme des politiques publiques du logement et les allers-retours incessants sur les dispositifs d'aide à la rénovation peuvent expliquer la tendance des deux premiers marchés, le délaissement relatif des ENR interroge, alors que la France a encore du chemin à parcourir pour honorer ses engagements climatiques. Il faut dire aussi qu'une troisième Programmation pluriannuelle de l'énergie (PPE) en bonne et due forme est toujours dans les tuyaux...

61 % n'utilisent pas (encore ?) l'IA

En matière d'innovation comme en matière de pratiques professionnelles, les outils d'intelligence artificielle générative ont évidemment fait une percée dans nombre de secteurs. Les professionnels du CVC sont déjà 39 % à y avoir recours dans leur activité quotidienne, essentiellement pour les aider à assurer une veille technique et réglementaire (63 % des répondants) et à réaliser leurs prestations (48 %). La gestion des devis et factures, ainsi que le suivi des chantiers arrivent loin derrière, avec respectivement 15 % et 11 %.

80 % des experts s'informent en lisant la presse web spécialisée

D'après le baromètre XPair-AICVF, les ingénieurs, prescripteurs et installateurs privilégient trois sources pour s'informer : 80 % citent les sites Internet d'information spécialisée (dont XPair pour 85 % d'entre eux), 55 % les industriels et distributeurs, et 54 % les fédérations et associations professionnelles (dont 59 % pour l'AICVF).