Confort d'été : comment fonctionne ce nouvel indicateur identifiant les bâtiments vulnérables

Par   Émilie WOOD

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Publié le 10 octobre 2025
© Capture d'écran webinaire CSTB
Grâce à un code couleur, l’outil cartographique de l'ISB permet de distinguer aisément les zones les plus sensibles où il serait urgent de rénover : le pourtour méditerranéen, les grandes agglomérations, les zones les plus vulnérables...
ZOOM. Un nouvel indicateur a fait son apparition dans les bases de données des bâtiments consultables : l’indice de surchauffe des bâtiments, ou ISB, développé par le CSTB. Son but : identifier les logements les plus vulnérables aux périodes de fortes chaleurs sur l'ensemble du territoire.

L’ISB, ou indice de surchauffe des bâtiments, a fait son apparition en juin 2025, tandis que le territoire français traversait un nouvel épisode de très fortes chaleurs avec une anomalie de +3,3 °C. Pour l’heure, ce nouvel indicateur développé par le CSTB (Centre scientifique et technique du bâtiment) n’est disponible que pour la France métropolitaine et les logements, collectifs ou individuels.

"Notre objectif est de répondre à un enjeu majeur du changement climatique : identifier les bâtiments vulnérables à la surchauffe estivale et adapter nos territoires au réchauffement climatique", souligne Alexandra Lebert, directrice de domaine d’action stratégique changement climatique au CSTB lors d’un webinaire dédié à l'ISB. 

Ce dernier a pour vocation à être utilisé non seulement par les professionnels du bâtiment comme un outil de support, mais aussi par le grand public en tant qu’outil de sensibilisation dans un contexte climatique où des vagues de chaleur de plus en plus fortes et longues sont attendues au fil du temps.

Les données d’un seul bâtiment sur le site Go Rénove. L’ISB peut être utilisé à l’échelle d’un seul bâtiment, mais aussi d’une commune, d’une collectivité, d’une région... Auquel cas les données statistiques de l’ensemble de la zone sélectionnées sont divulgués. © Capture d'écran webinaire CSTB

Les données de l'ISB à l’échelle d’une collectivité. On notera qu’un indicateur de fiabilité est systématiquement ajouté à l’ISB. Si des données manquantes empêchent un calcul fiable, le résultat indiqué devra donc être pris avec précaution. © Capture d'écran webinaire CSTB

Le degré.heure (DH) d’inconfort comme base

Le CSTB s’appuie sur l’indicateur DH (degré.heure d’inconfort), utilisé dans la RE2020 pour les bâtiments neufs, pour définir l’inconfort dans les bâtiments en cas de fortes chaleur. Ainsi, on considère que, selon la température extérieure, la température de confort intérieur peut aller jusqu’à 26 ou 28 °C maximum.

Le DH est basé sur un calcul permettant de connaître le nombre d’heures pendant lesquelles le bâtiment atteint une température jugée inconfortable durant l’année. À moins de 350 DH (soit environ une semaine d’inconfort dans l’année), on considère que le seuil est bas. À plus de 1.250 DH (25 jours d’inconfort par an), on considère que le seuil est haut.

Pour mieux visualiser les différents types de bâtiments, l’ISB a été réparti en 10 classes, allant de 1 à 10 : de 0 à 350 DH, il s’agit de la classe 1 (en bleu). De 3.000 à 9.999 DH, la classe 10 (en rouge). Dès l’indice 5 (couleur jaune), l’inconfort devient donc problématique.

Pour réaliser les simulations, le CSTB utilise les paramètres du bâti disponibles (BDND – Base de données nationale des bâtiments, DPE – Diagnostic de performance énergétique, IGN BD Topo), les données météorologiques – y compris le calcul des îlots de chaleur urbains – et prend le temps d’enrichir les données manquantes avant de passer par un simulateur thermique dynamique afin d’obtenir le fameux ISB-DH. La vérification des données réelles sur un échantillon de bâtiments représentatif a montré que les simulations étaient significativement proches du réel.

Climat et îlots de chaleur urbains, les plus grandes influences

Sans surprise, les statistiques de l’ISB indiquent que la zone climatique et la présence plus ou moins intense d’îlots de chaleur urbains sont les deux facteurs les plus à même de faire augmenter l’ISB. Pour le bâti en lui-même, c’est l’isolation de la toiture qui a la plus forte influence pour les logements individuels et les logements collectifs situés au dernier étage, tandis que les protections mobiles, l’inertie et la surface du logement sont également des facteurs non négligeables pour tous les types de logements.

Le CSTB est déjà en pleine réflexion pour améliorer l’indicateur. Dans un futur proche, ce dernier pourrait inclure des données météorologiques plus précises localement, et prendre en compte les futurs changements climatiques, par exemple en utilisant les données de la Tracc (Trajectoire de réchauffement de référence pour l’adaptation au changement climatique).


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