Canicule : "Plus de rénovations sans prendre en compte le confort d'été", pressent les industriels

Par   Corentin PATRIGEON

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Publié le 30 juin 2025
Crédit photo iStock/Ake Ngiamsanguan
Neuf logements sur 10 ne seraient pas adaptés aux fortes chaleurs, selon Ignes.
FOCUS. Face à un parc manifestement inadapté au confort d'été, les professionnels demandent à accélérer "sans délai" l'installation d'équipements sobres et efficaces. Les travaux d'adaptation aux fortes chaleurs demeurent les parents pauvres de la rénovation énergétique.

En cette fin juin 2025, le mercure ne cesse de grimper sur l'Hexagone. Dans la foulée d'un rapport fraîchement publié par la Fondation pour le logement des défavorisés, qui souligne que 42% des Français ont souffert de la chaleur dans leur logement en 2024, alors même que l'été dernier n'a pas été caniculaire, l'alliance des industriels du génie numérique, énergétique et sécuritaire (Ignes) confirme qu'il y a "urgence" à préparer les logements à la réalité du réchauffement climatique.

Une étude de 2024 consacrée au confort d'été avait déjà démontré que 9 logements sur 10 ne sont pas adaptés aux vagues de chaleur. Des équipements sobres en énergie et efficaces sur le plan thermique existent pourtant, mais ils peinent à prendre : on estime que 40% des logements ne disposent pas de protections solaires suffisantes et que seulement 5% d'entre eux sont dotés de brasseurs d'air. Or les bénéfices de ces solutions sont loin d'être négligeables puisqu'elles permettent de réduire la température intérieure de respectivement 5°C et 4°C.

Fiabiliser l'indicateur confort d'été du DPE

Un constat qui ne s'applique pas qu'aux passoires thermiques mais aussi aux logements considérés comme énergétiquement performants. "Ainsi, près d'un tiers des logements classés A, malgré une construction ou une rénovation récente, présentent un indicateur confort d'été 'insuffisant', quasi systématiquement du fait du manque de protections solaires", assure Ignes. En cause : les travaux d'adaptation au confort d'été demeurent les parents pauvres de la politique de rénovation.

"Sur les plus de 50.000 rénovations aidées au titre de MaPrimeRénov' Parcours Accompagné (MPR PA) en 2024, seulement quelques dizaines intégraient des travaux de confort d'été", poursuivent les industriels de l'alliance. Ils demandent par conséquent à fiabiliser l'indicateur confort d'été du DPE (diagnostic de performance énergétique) et à revoir les critères d'éligibilité à la TVA à 5,5%, appliqués depuis le 1er janvier 2025 et qui excluent les protections solaires les plus accessibles financièrement et les plus efficaces thermiquement, type volets roulants.

Par ailleurs, Ignes souhaite que les travaux de confort d'été soient systématiquement intégrés dans MPR PA, et financés au titre de MPR par gestes. De même, les professionnels aimeraient voir adopter de manière définitive l'amendement au projet de loi de simplification transformant l'avis contraignant des ABF (architectes des bâtiments de France) en avis simple dans les zones protégées au titre du patrimoine.

Toujours pas de "vision claire des priorités"

"Il ne devrait plus y avoir de rénovations sans prendre en compte le sujet du confort d'été", insiste la déléguée générale d'Ignes, Anne-Sophie Perrissin-Fabert, qui regrette au passage que la concertation sur l'amélioration de l'indicateur confort d'été se fasse toujours attendre. "Le Pnacc (Plan national d'adaptation au changement climatique) prévoit un certain nombre de mesures sur le confort d'été, accueillies favorablement", rappelle-t-elle. Mais la filière attend désormais du Gouvernement "une vision claire des priorités" pour pouvoir "avancer sur celles-ci rapidement".

De son côté, la Fondation pour le logement des défavorisés évalue les financements nécessaires à l'installation de brasseurs d'air et de volets dans l'ensemble du parc à 1,1 milliard d'euros par an jusqu'en 2040. Elle a d'ailleurs annoncé qu'une proposition de loi "transpartisane" sera déposée "dans les prochains jours" à l'Assemblée nationale afin d'avancer dans ce dossier. Le texte proposera, entre autres mesures, d'intégrer la surchauffe dans la définition de la précarité énergétique et d'afficher l'indicateur confort d'été du DPE sur les annonces immobilières.


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