Avec ses algorithmes, Airzone souhaite transformer le HVAC en pilier du réseau électrique intelligent

La dégradation du pouvoir d’achat dans de nombreux pays a accéléré l’équipement en systèmes de chauffage et climatisation dans l'espoir de réaliser des économies. Une évolution qui pèse désormais lourd dans l’équation énergétique mondiale : lors des pics de demande, la climatisation peut représenter plus de 70 % de la consommation électrique dans certains pays.

Dans ce contexte, l’Union européenne, avec la directive 2019/944 sur le marché intérieur de l’électricité, appelle à favoriser les énergies propres et à renforcer la flexibilité électrique. En France, l'outil EcoWatt de RTE (le gestionnaire du réseau haute tension) illustre cette dynamique, en envoyant un signal d’alerte en temps réel quand le réseau se tend, encourageant ainsi les usages responsables. Airzone, depuis son siège espagnol de Malaga, veut aller plus loin : anticiper plutôt que subir.

Le HVAC, nouveau réservoir d’énergie flexible ?

Contrairement aux idées reçues, le HVAC ne serait pas seulement un poste de consommation : il s'agirait aussi de l’un des rares équipements domestiques capables de stocker du froid ou du chaud, en ajustant les cycles pour consommer quand l'énergie est disponible et moins chère. "Le HVAC permet un contrôle plus fin que tout autre équipement domestique. Et il a le potentiel de devenir un outil de stockage énergétique", indique Jade Borgetto, coordinatrice marketing chez Airzone.

L'objectif des équipements consiste alors à se déclencher plus tôt, à refroidir ou chauffer au bon moment, à lisser les pics de consommation et in fine à réduire les coûts. Des algorithmes de recommandation dans Airzone Cloud vont précisément dans ce sens : suivre la consommation, optimiser automatiquement, apprendre les usages... Pour cela, le fabricant de systèmes de régulation s’appuie sur le protocole OpenADR, standard reconnu mondialement pour la gestion distribuée de l’énergie.

Un centre d'excellence dédié à la gestion énergétique distribuée

À Malaga, Airzone a créé il y a deux ans un "centre d’excellence" consacré aux DERMS (Distributed Energy Resources Management System). Dirigé par Manuel Delgado, ce laboratoire regroupe plusieurs équipes spécialisées dans la collecte et l'analyse de données, la prédiction du comportement des bâtiments, le développement d’algorithmes et la cybersécurité.

"Notre but : optimiser le coût pour l’utilisateur, pour l'installateur et pour le réseau électrique", explique-t-il. Tout est mesuré, tout est historisé : données climatiques, comportement du bâtiment, retour terrain installateurs, usage réel. L'entreprise proposera bientôt des capteurs de consommation électrique reliés au tableau, qui doivent encore être testés en interne avant déploiement.

20 % de R&D

L’innovation est ainsi devenue un axe structurant de la stratégie d'Airzone : près de 20 % des effectifs du groupe travaillent en R&D. Antonio Calvo, directeur d'Airzone France, détaille le cap que le fabricant espère franchir à l'horizon 2030 : passer d’une société familiale à une marque technologique mondiale, en mesure de diversifier ses produits et services, et de faire monter en compétences ses équipes et les installateurs de la filière.

"Nous ne fabriquons pas un simple plénum : nous développons un système complet de pilotage énergétique. Il faut utiliser l’électricité au bon moment et nous allons devoir apprendre à gérer notre consommation nous-mêmes", précise-t-il. L’ambition géographique est assumée : si la France, l'Espagne et l'Italie demeurent les piliers du marché d'Airzone, désormais l'objectif prioritaire est de développer son activité en Amérique du Nord.