"Nous orientons nos efforts vers les énergies locales et bas-carbone", N. Daniel (Idex)
XPair : Idex fête ses 60 ans. Quel est le profil de l’entreprise ?
Nicolas Daniel, directeur de la stratégie d’Idex : Idex se présente comme une startup… fondée, c’est vrai, il y a 60 ans… Elle se place sur le marché de l’énergie locale et bas-carbone. Le groupe compte 6.300 salariés et affiche un chiffre d’affaires de 2,1 milliards d'euros. Mais notre positionnement s’estime avant tout par les investissements déployés : ils étaient de 50 millions d'euros en 2018, et ils devraient atteindre 400 M€ fin 2025.
Notre métier est de concevoir, construire, financer et exploiter des infrastructures de production et de distribution de chaleur, de froid et d’électricité. Ce sont toujours des énergies locales et bas-carbone. Nous sommes présents sur 25 sites industriels pour produire de la chaleur et du froid ; 65 à 70% de l’énergie utilisée est d’origine renouvelable ou récupérée.
Idex est aussi présent dans les territoires où l’entreprise exploite des réseaux de chaleur urbains et des unités de valorisation de l’énergie à partir de déchets ménagers. Nous exploitons 13 UVE, ce qui représente 1,6 million de tonnes de déchets traités et 150 mégawatts électriques installés.
Pour atteindre la neutralité carbone, il va falloir investir de manière colossale pour parvenir aux objectifs récemment renouvelés par les débats sur la PPE
Idex gère aussi l’énergie dans 18.000 bâtiments, qu’il s’agisse de copropriétés, de logements gérés par des bailleurs sociaux ou de bâtiments publics. Le but est de proposer la consommation d’énergies vertes et d’économiser l’énergie. L’ambition est d’accompagner les clients pour leur proposer de consommer mieux et de consommer moins, en exploitant notamment la géothermie, la biomasse... Aujourd’hui, 45% de la demande d’énergie est dédiée à la fourniture de chaleur, et globalement, les sources d’énergie utilisées sont très carbonées.
Nous sommes aussi présents en Belgique depuis 2018-2019 où nous gérons particulièrement des unités de cogénération. Nous y développons aussi des installations de pompes à chaleur en copropriété. Un réseau de chaleur a été mis en œuvre sur le site de l’Université catholique de Louvain. À cela s’ajoute une démarche de solarisation des patrimoines avec une offre photovoltaïque.
L’entreprise est aussi basée en Lituanie où elle exploite des réseaux de chaleur à Vilnius et à Kaunas, alimentés en biomasse. Les Lituaniens disposent d’une importante ressource biomasse et sont intéressés pour se désengager de l’alimentation en gaz. Notre démarche sur ces marchés porte sur la densification des plateformes. En outre, nous souhaitons étendre notre savoir-faire vers l’Europe du Sud, l’Italie et l’Espagne, pour leur fournir de la chaleur.
Pratiquement, cette démarche repose sur une volonté d’augmenter le nombre d’infrastructures. Il existe actuellement environ 1.000 réseaux de chaleur urbains en France. Pour atteindre la neutralité carbone, il va falloir investir de manière colossale pour parvenir aux objectifs récemment renouvelés par les débats sur la Programmation pluriannuelle de l’énergie : on y a inscrit un doublement de la chaleur renouvelable et de récupération d’ici 2035.
Les opportunités concernent actuellement la géothermie de surface
Déjà, il y a quelques années, Via Sèva, l’association qui anime l’information sur les réseaux de chaleur, avait annoncé que pour tenir les engagements déjà posés, il faudrait mettre en place deux nouveaux réseaux de chaleur par département et par an…
Par ailleurs, nous répondons aux appels d’offres de création de nouveaux réseaux. Avec l’appui du Fonds chaleur, la tendance pour les petites et moyennes collectivités est de développer les opportunités de montages d’investissements compétitifs pour des installations techniques performantes. Il faut noter que cette aide publique a aussi le mérite d’abaisser le coût de la tonne de carbone évitée à 36 €. Elle a surtout permis de convaincre des villes moyennes de changer leurs équipements énergétiques. À date, quelque 1,5 MD€ de projets d’investissements ont été générés par le Fonds chaleur.
La pompe à chaleur qui alimente le mini-réseau de chaleur sera reliée à 69 sondes dans des forages d’une profondeur jusqu’à 300 m. L’économie annuelle de CO2 est établie à quelque 1 800 t par rapport à la combustion de gaz naturel. La joint-venture entre Accenta et Idex existait déjà depuis plusieurs années et prend désormais plus de sens.
Autre sujet important pour notre développement : celui des réseaux multi-énergies, de chaleur et de froid, associés à une gestion intelligente des consommations.
Nous tenons à maintenir le développement des contrats de performance énergétique
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