L'arrêté abaissant le coefficient d'énergie primaire est paru, le secteur toujours divisé

C'est acté : l'arrêté abaissant le coefficient d'énergie primaire (CEP) de 2,3 à 1,9 vient de paraître au Journal officiel du 26 août 2025. Annoncé par le Premier ministre François Bayrou au début de l'été, le texte doit adapter le coefficient de conversion de l'électricité utilisé dans le calcul du diagnostic de performance énergétique (DPE) à la valeur européenne, tout en corrigeant "une inégalité de traitement pénalisant l'électricité – énergie souveraine et fortement décarbonée grâce au nucléaire et aux énergies renouvelables – au profit du gaz ou du fioul importés", assure un communiqué gouvernemental.
À compter du 1ᵉʳ janvier 2026, certains logements chauffés à l'électricité devraient ainsi voir leur DPE amélioré, mais l'exécutif assure qu'"aucun logement ne verra son étiquette baisser". Au contraire, il espère que les aides à la rénovation énergétique seront mieux ciblées vers les logements chauffés aux combustibles fossiles et que les propriétaires seront davantage incités à remplacer leur chaudière fioul ou gaz par une pompe à chaleur. Les pouvoirs publics présentent cette dernière comme "une solution de référence" pour "chauffer et climatiser les bâtiments".
Un choix technologique et industriel confirmé par la ministre de la Transition écologique : "La révision du calcul du DPE à partir du 1ᵉʳ janvier 2026 tire enfin les conséquences d'une politique énergétique qui a réussi à décarboner à 95 % notre électricité grâce au nucléaire et aux renouvelables. Elle envoie un signal fort en faveur de l'électrification des logements et de la sortie des chaudières fossiles", a déclaré Agnès Pannier-Runacher, estimant que l'électron est "la clé" de la décarbonation et qu'elle "ne doit plus être pénalisée".
La Pac, "solution de référence" pour la décarbonation du bâtiment ?
Son collègue de l'Énergie et de l'Industrie, Marc Ferracci, présente également les Pac comme une "solution très efficace". Misant sur le plan Un million de Pac lancé en 2024 et sur les "importantes capacités industrielles de production" supposées des fabricants français en la matière, le locataire de Bercy veut "accélérer le déploiement des Pac dans les logements" et considère que la mise à jour du CEP concrétise "cette priorité".
Dans les faits, les DPE ou audits énergétiques édités à compter du 1ᵉʳ janvier prochain intègreront automatiquement la nouvelle valeur du coefficient. Ceux édités avant cette date demeureront valables et pourront être actualisés "gratuitement et facilement, sans nouvelle visite du diagnostiqueur, sur le site Internet de l'Observatoire DPE-Audit de l'Ademe", complète Roquelaure.
D'après les estimations officielles, l'abaissement du CEP devrait faire sortir 850.000 logements de la catégorie des passoires thermiques, sur les 5,8 millions d'habitations classées F ou G au DPE. Pour rappel, le coefficient du gaz naturel est pour sa part fixé à 1. Mais depuis le départ, les réactions sont pour le moins tranchées. Des organisations professionnelles engagées dans la rénovation énergétique et des associations de consommateurs ont fustigé cette décision, tandis que des industriels de l'électricité et des fédérations de l'immobilier l'ont, à l'inverse, salué.
"Décision arbitraire et contreproductive" VS "évolution majeure"
Militant pour la complémentarité des énergies dans le bâtiment, Coénove a une nouvelle fois pris la plume pour regretter la modification du coefficient, taclant "une consultation bâclée" et "des conséquences sociales désastreuses" malgré "une opposition claire". Selon l'association, la consultation publique menée en juillet a collecté "223 contributions défavorables contre seulement 98 favorables", et le Conseil supérieur de l'énergie (CSE) ainsi que le Conseil supérieur de la construction et de l'efficacité énergétique (CSCEE) se sont "prononcés contre".
Son président, Jean-Charles Colas-Roy, enfonce le clou : "Avec la publication de cet arrêté, nous avons l'exemple criant d'une décision arbitraire et contreproductive : pas de justification scientifique, pas de concertation réelle avec les professionnels et les sachants, aucune prise en considération des objections exprimées et un calendrier contestable en plein cœur de l'été. Cette décision fragilise la crédibilité de nos outils scientifiques et réglementaires, et brouille le signal envoyé aux ménages comme aux acteurs de la rénovation."
Coénove s'étonne par ailleurs que les études d'impact qui auraient motivé cette décision n'ont pas été publiées, et s'interroge sur les risques d'approvisionnement induits par une hausse de l'électrification des logements. "C'est une décision qui ne coûte rien au budget de l'État, qui ne pénalise aucun consommateur, qui encourage la décarbonation des logements et qui contribue donc à la protection du climat", se félicite pour sa part l'ancien ministre de l'Environnement Brice Lalonde. L'association qu'il préside, Équilibre des énergies, voit dans la publication de l'arrêté une "évolution majeure" ainsi qu'une "avancée".
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