La géothermie pourra-t-elle répondre à la hausse de la demande mondiale en électricité ?
Et si la géothermie fournissait de l'énergie aux quatre coins de la planète ? C'est ce que suggère un rapport de l'Agence internationale de l'énergie (AIE) paru en décembre 2024 et consacré à cette source d'énergie souterraine. Face à la hausse exponentielle de la demande mondiale en électricité, la filière pourrait en effet miser sur de nouvelles technologies pour assurer une énergie renouvelable et permanente dans la plupart des pays du monde.
Concrètement, les experts de l'AIE estiment que la géothermie pourrait répondre à 15% de cette demande en constante augmentation d'ici 2050, à condition toutefois qu'elle parvienne à diminuer ses coûts. Le déploiement de quelque 800 gigawatts de capacités géothermiques fournirait ainsi une production annuelle équivalente à la demande d'électricité actuelle et combinée des États-Unis et de l'Inde.
"Les nouvelles technologies ouvrent de nouveaux horizons à l'énergie géothermique dans le monde entier, offrant la possibilité de répondre à une part importante de la demande mondiale en électricité en pleine croissance, de manière sûre et propre", affirme le directeur exécutif de l'AIE, Fatih Birol. D'après le responsable, "la géothermie est une opportunité majeure de s'appuyer sur la technologie et l'expertise de l'industrie pétrolière et gazière".
Simplification administrative
Reste que le chemin à parcourir est encore long. La géothermie ne répond aujourd'hui qu'à 1% de la demande mondiale en électricité. Pour monter en puissance, elle doit, selon l'agence, miser sur ses dernières innovations et recourir à des forages plus profonds afin d'atteindre et d'exploiter de nouvelles ressources.
Si une centaine de pays ont à ce jour institué des politiques publiques en faveur de l'éolien terrestre et du solaire photovoltaïque, ils ne sont en revanche qu'une trentaine à avoir fait de même pour la géothermie. C'est pourquoi l'AIE incite les gouvernements à inscrire dans leurs feuilles de route énergétiques des objectifs spécifiques à la géothermie et à soutenir ses efforts en R&D.
Un changement de braquet qui permettrait de réduire la perception des risques liés aux projets et débloquerait ainsi de nouveaux investissements. Mais les porteurs de projets géothermiques ont aussi besoin d'une stabilité et d'une visibilité réglementaires qui font aujourd'hui défaut.
Le rapport de l'AIE souligne que "les formalités administratives et les procédures d'autorisation constituent un obstacle majeur aux projets géothermiques, dont la mise en service peut prendre jusqu'à 10 ans". Or simplifier ces démarches rendrait les projets plus compétitifs : leurs coûts "pourraient ainsi diminuer de 80% d'ici 2035 pour atteindre environ 50 dollars par mégawatt-heure (soit environ 47,7€/MWh)", faisant ainsi de la géothermie "la source d'électricité à faibles émissions la moins chère, à égalité avec les centrales hydroélectriques et nucléaires existantes".
Alimenter les data centers
Des niveaux de prix qui rendrait la géothermie également très intéressante par rapport au solaire PV et à l'éolien couplés à un stockage sur batterie. Dans ces conditions, "l'investissement total dans la géothermie pourrait atteindre 1.000 milliards de dollars (environ 955,1 milliards d'euros) d'ici 2035 et 2.500 milliards de dollars (environ 2 387,9 milliards d'euros) d'ici 2050" d'après l'AIE.
Avec des conséquences sociales non négligeables : "Si la géothermie de nouvelle génération connaît une forte croissance dans les années à venir, l'emploi dans le secteur géothermique pourrait être multiplié par six, pour atteindre 1 million d'emplois d'ici 2030".
La hausse de la production trouverait de nombreux débouchés, à commencer par l'alimentation des centres de données, déjà en forte croissance et amenés à se multiplier avec la progression des usages numériques et le recours à l'intelligence artificielle. "La géothermie de nouvelle génération offrant une source d'énergie stable et essentiellement inépuisable, les grandes entreprises technologiques signent déjà des accords d'achat d'électricité avec de nouveaux projets", précise le rapport.
Lire aussi
-
Ce que les modes de chauffage des Français disent de leur logement
-
Économies d’énergie : un programme dédié aux écoles dresse son premier bilan
-
Des collectivités plaident pour accélérer la mise en oeuvre des réseaux de chaleur
-
Investissements, bases de données : quelles sont les pistes d'économies d'énergie pour les collectivités ?
Sélection produits
Contenus qui devraient vous plaire
- LEADER LE MANS BTP
Bardeur etancheur (H/F)
- Colas France - Territoire Ile-de-France Normandie