Ce que les modes de chauffage des Français disent de leur logement

Par   Corentin PATRIGEON

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Mis à jour le 9 janvier 2025
Publié le 11 décembre 2024
Illustration chauffage urbain
iStock/marc chesneau
Photo d'illustration
ANALYSE. D'après le service de données et d'études statistiques du ministère de la Transition écologique, l'électricité et le gaz représentent les trois quarts des énergies de chauffage utilisées par les ménages de l'Hexagone. De nombreux facteurs influent cependant sur le choix du système.

La manière de chauffer un logement peut être révélateur de son état. Dans une étude publiée fin 2024 mais portant sur des données de 2020, le service des études statistiques du ministère de la Transition écologique confirme le lien entre ces deux indicateurs et dessine les grandes tendances qui s'observent chez les ménages de l'Hexagone.

On apprend ainsi que l'électricité (37,2% du total, dont 5,1% par une pompe à chaleur) et le gaz de réseau (35,8%, principalement des molécules naturelles) prédominent parmi les énergies de chauffage utilisées en métropole. Cependant, le choix de l'énergie est souvent motivé par la date de construction du logement, même si celui-ci a été rénové.

Avantage historique au gaz dans le collectif

Sans grande surprise, le gaz est donc majoritaire dans le parc du XXe siècle et l'électricité ne prend la relève qu'à partir des années 1980. Viennent ensuite le bois (10,5%), le fioul (9,6%), les réseaux de chaleur (5,3%) puis le gaz de pétrole liquéfié (GPL) stocké en citerne ou en bouteille (1,5%).

Au total, 47% des foyers français utilisent directement un combustible fossile pour chauffer leur résidence principale, qu'il s'agisse de gaz de réseau, de GPL ou de fioul. Un chiffre encore préoccupant au regard de l'impératif de transition énergétique, et qui prouve que les énergies renouvelables ont encore du mal à percer.

La typologie de logement joue aussi un rôle dans l'utilisation du chauffage. D'après Roquelaure, le gaz pèse plus lourd dans les appartements que dans les maisons (44% contre 30%), tout comme les réseaux de chaleur (12% contre 0%).

L'accès d'un logement aux réseaux va donc forcément influer sur son énergie : l'électricité s'octroie ainsi la même part dans les logements individuels que dans les collectifs, exception faite des Pac, qui équipent 9% des premiers mais seulement 1% des seconds. Les autres énergies se retrouvent essentiellement dans les maisons : la part du bois y est de 18% (contre 1% en appartement), celle du fioul est de 14% (contre 4%) et celle du GPL, 2% (contre moins de 1%).

Les années 2000 ou l'émergence des Pac

Idem pour la date de construction : les logements construits dans les années 1860 sont davantage chauffés à l'électricité qu'au gaz (44% contre 21%) étant donné que le déploiement des réseaux de gaz et de chauffage central à eau chaude n'a commencé que dans la seconde moitié du XIXe siècle.

Le gaz a ensuite pris le relais jusqu'au milieu des années 1950, parallèlement à la montée en puissance des réseaux de chaleur dans les immeubles urbains et du fioul dans les maisons, surtout en milieu rural. Le chauffage électrique est néanmoins revenu en force dans les décennies 1970 et 1980, à la faveur des chocs pétroliers et de l'essor du nucléaire.

La baisse des prix des fossiles amorcée en 1986 a ensuite permis au gaz de prendre sa revanche jusqu'à la fin des années 1990. Un nouveau report vers l'électricité a eu lieu dans les années 2000, favorisant cette fois l'émergence des Pac. Après 2010, ces dernières ont pris encore plus d'importance et équipaient, en 2020, 17% des logements (dont 31% des maisons) construits en 2015.

Dans son enquête, le ministère rappelle que "la décennie 2010 est aussi marquée par le développement des chaudières gaz à condensation et des réseaux de chaleur par biomasse ou récupération des déchets, favorisés par la Réglementation thermique de 2012, au détriment du chauffage électrique traditionnel, moins performant en termes de rendement".

Différence nord/sud

Cela s'observe particulièrement dans le collectif, où, en 2020, le gaz de réseau chauffait 58% des appartements sortis de terre en 2015 (contre 27% de ceux construits en 2009) et les réseaux de chaleur, 14% (contre 5%), alors que l'électricité chutait à 25% (contre 66%).

Par ailleurs, le climat local a son mot à dire dans le choix du système de chauffage. Dans le nord et le nord-est de la France, 44% des ménages utilisaient le gaz de réseau comme principale énergie de chauffage il y a quatre ans, et 31% avaient recours à l'électricité. À l'inverse, les hivers plus doux du sud-est ont établi ces parts respectives à 24% et 54%.

"Pour les maisons, la part du gaz de réseau diminue nettement suivant un axe climatique nord-ouest/sud-est, passant de 47% en zone H1A (nord) à 16% en zone H3 (sud-est). Dans le collectif, seul le sud (zones H3 et H2C) se particularise clairement avec une part du chauffage électrique de 53%, contre moins de 40% sur le reste de la métropole", relève le service statistique du ministère.

À titre d'exemple, les réseaux de chaleur sont bien implantés dans les appartements franciliens (22% contre 12% au niveau national), tandis que les Pac sont moins utilisées dans les maisons du nord que dans le reste de la métropole (5% contre 10%).

Enfin, l'étude nous apprend que les petits appartements sont essentiellement chauffés à l'électricité, quand le parc collectif social est majoritairement alimenté par les réseaux de gaz et de chaleur. À la campagne, les maisons affichent un mix énergétique plus varié qu'en milieu urbain, et on retrouve une plus forte proportion de Pac et de chaudières fioul dans les grandes demeures, notamment lorsqu'elles sont habitées par des retraités âgés et des agriculteurs.


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