L'Alsace accueille une première unité de liquéfaction de CO2 biogénique

Par   Corentin PATRIGEON

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Publié le 12 mai 2025
Crédit photo Neustark/ABH
Le site de Wittersheim est en mesure de capturer puis liquéfier 4.200 tonnes de CO2 biogénique par an.
INNOVATION. Située dans le Bas-Rhin, l'installation est en mesure, chaque année, de capturer puis liquéfier 4.200 tonnes de dioxyde de carbone biogénique issues d'une production agricole locale. Grâce à une technologie de minéralisation, le liquide est ensuite injecté dans du béton de démolition pour le transformer en puits de carbone.

C'est une première en France : une installation de liquéfaction de CO2 biogénique vient de prendre ses quartiers à Wittersheim, dans le Bas-Rhin. Fruit d'une collaboration entre Neustark, spécialiste suisse des solutions de capture du carbone, et la société ABH (Agriculteurs Biométhane Haguenau), qui regroupe une quinzaine d'agriculteurs associés pour produire des énergies renouvelables, le site est en mesure de capturer puis liquéfier 4.200 tonnes de dioxyde de carbone biogénique chaque année.

"Le processus innovant commence par la fermentation de la biomasse composée de fumier, lisier et résidus de cultures et dérobées chez ABH, produisant un biogaz composé à 60% de méthane et 40% de CO2", relate un communiqué de Neustark. "Le méthane est transformé en biométhane, un gaz vert qui permet de répondre aux besoins en énergie des foyers dans la région."

Quant au CO2, il est capté avant même d'être émis et rejeté dans l'atmosphère. "Il est ensuite acheminé sur quelques mètres vers l'installation de liquéfaction de Neustark, où il est comprimé et refroidi à -20°C pour être liquéfié. Ensuite, le CO2 liquide est transporté par camion vers Fehr et d'autres partenaires de stockage de CO2 dans la région", précise le document.

Injection de CO2 biogénique dans des déchets minéraux

Fehr, un producteur local de béton, utilise la technologie de minéralisation également développée par Neustark pour injecter le CO2 dans du béton de démolition, de sorte à le transformer en puits de carbone. Avec ce procédé de stockage dans des flux de déchets minéraux particulièrement importants, les partenaires espèrent contribuer à l'atteinte de la neutralité carbone en 2050.

"Cette synergie entre agriculture, industrie et recyclage illustre notre vision d'une économie circulaire au service de l'environnement. Cette approche est essentielle pour créer des émissions négatives et atteindre nos objectifs climatiques ambitieux", affirme le fondateur et co-président de Neustark, Valentin Gutknecht.

Du côté du collectif ABH, on se félicite de pouvoir transformer le CO2 "en une ressource intéressante à plusieurs titres", comme l'explique son président, Régis Huss : "Après avoir obtenu la certification Red 2 spécifique aux émissions de gaz à effet de serre de notre unité en 2023, il ne restait plus qu'à trouver une valorisation pour le CO2 rejeté. En collaboration avec GRDF, nous avons identifié des opportunités prometteuses pour la séquestration du CO2 biogénique issu de la méthanisation."

Neustark, qui rachète l'intégralité de la production d'ABH, compte déjà une trentaine de sites innovants en Europe, et prévoit au total cinq projets de captage et stockage de CO2 en France sur l'année 2025. D'après l'entreprise basée à Berne, sa technologie élimine 93% du carbone sur l'ensemble de son cycle de vie, soit environ 930 kg détruits sur une tonne capturée.


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