Entre coûts et bénéfices des CEE, les délégataires veulent mettre les points sur les "i"

Par   Corentin PATRIGEON

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Publié le 26 novembre 2025
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Illustration d'un chantier de rénovation énergétique dans un logement.
ANALYSE. Une étude du Groupement des professionnels des Certificats d'économies d'énergie (GPCEE) tend à prouver que le dispositif rapporterait plus qu'il ne coûte au contribuable français. En formulant des pistes d'amélioration, les délégataires reconnaissent néanmoins que le système actuel est critiquable et donc largement perfectible.

Les Certificats d'économies d'énergie (CEE), plus utiles que contre-productifs ? C'est en tout cas ce que met en avant son Groupement professionnel (GPCEE) dans une étude publiée ce 26 novembre 2025 sur les coûts et bénéfices du dispositif de financements privés dédié à la transition écologique et énergétique. Chiffres à l'appui, les délégataires des CEE voulaient ainsi prendre le contre-pied des nombreuses critiques formulées depuis plus d'un an à l'égard du dispositif, notamment sur son efficacité réelle, ses coûts ou encore son modèle de gouvernance.

Considérant malgré tout que certaines questions soulevées sont légitimes, le GPCEE a donc voulu mettre les points sur les "i" en analysant la littérature existante et en menant une vingtaine d'entretiens avec des spécialistes. Les chiffres qu'il avance aujourd'hui ont été calculés "sur la base d'hypothèses conservatrices" et en se focalisant "sur certains impacts mesurables" et "non exhaustifs". Une cinquantaine de fiches standardisées ont également été épluchées pour l'occasion, de l'isolation aux pompes à chaleur en passant par les chaudières, la ventilation et les raccordements aux réseaux de chaleur, sans oublier les centrales solaires, les opérations de rénovation ou encore la GTB.

Le rôle du résidentiel et du tertiaire dans la baisse de la consommation d'énergie

Les actions financées par les CEE auraient ainsi permis de baisser de 130 térawattheures la consommation d'énergie finale de la France entre 2018 et 2024, ce qui représente 66 % de l'objectif visé par la Stratégie nationale bas-carbone (SNBC) entre 2018 et 2030. Dans le détail, cette réduction serait imputable à 51 % au résidentiel et au tertiaire, à 37 % à l'industrie et à 12 % au commerce.

D'après l'étude, le dispositif aurait également entraîné une diminution de 48 % des émissions de CO2 dans les secteurs d'activité éligibles aux aides (hors énergie et déchets), tout en faisant économiser 39 milliards d'euros sur la facture énergétique de l'Hexagone depuis 2018.

"Avec les prix de l'énergie actuels, toutes choses égales par ailleurs, les CEE permettent d'économiser environ 7 milliards d'euros par an", assurent les auteurs. À l'échelle d'un ménage, cela représenterait en moyenne 90 € de bénéfices annuels. Sur le plan de l'emploi, les certificats auraient facilité la création de 50.000 postes entre 2018 et 2022 dans le secteur de la rénovation énergétique du logement.

"Ces chiffres mettent enfin en avant les quatre forces des CEE : un soutien pour les ménages en situation de précarité, un instrument de souveraineté énergétique et de la décarbonation de notre économie, une source d'emploi pour notre pays et un avantage pour le pouvoir d'achat de nos concitoyens et pour la compétitivité de nos entreprises", plaide Florence Lievyn, à la tête du GPCEE. Et d'appeler "les responsables politiques, think tanks et autres organisations proposant la suppression pure et simple du dispositif" de prendre conscience "que rayer les CEE de la carte causerait bien plus de dégâts qu'elle n'en résoudrait".

Conditionner différents bonus

Pour autant, les acteurs des Certificats d'économies d'énergie reconnaissent que le système n'est pas exempt de critiques, et qu'il est par conséquent encore largement perfectible. C'est pourquoi ils formulent une série de recommandations censées améliorer l'efficacité du dispositif, le contrôle des opérations et la lutte contre la fraude, la régulation économique des opérations financées ou encore les gisements d'économies d'énergie.

Les principales préconisations consistent à "éco-conditionner un bonus à l'installation de matériels ou matériaux produits localement ou dans de bonnes conditions climatiques et environnementales" et à "conditionner un bonus de 5 ou 10 %, encadré, à l'effectivité d'une partie des économies d'énergie pour les ménages".

Il est aussi proposé de "cadrer et déployer de manière effective le contrôle visuel à distance (CVAD) dans la réglementation en termes de contrôles en amont et en aval de la réalisation des opérations" et de mettre sur pied une base de données des opérations valorisées "pour se prémunir du risque de doublons". L'idée d'un "niveau de contrôle minimal systématique sur l'ensemble des fiches" est par ailleurs avancée, tout comme celle de "s'assurer de la délivrance d'une prime CEE minimale aux bénéficiaires des travaux".

Vers "un reste à charge minimum de 5 % sur le devis" ?

Le GPCEE pousse aussi pour lancer une expérimentation sur le plafonnement des prix de travaux sur les devis éligibles à certaines fiches d'opérations standardisées, afin "d'éviter d'alourdir la facture des ménages" et d'instituer "un reste à charge minimum de 5 % sur le devis pour se prémunir des opérations à 1 €".

L'organisation souhaite en outre faire passer la rénovation énergétique du résidentiel collectif à la vitesse supérieure "en rendant plus attractives les aides" qui y sont dévolues, "et s'assurer ainsi d'un meilleur équilibre entre les bénéficiaires du dispositif". Enfin, les fiches abrogées par le 71ᵉ arrêté pourraient faire l'objet de nouvelles discussions "au regard de leur impact en termes d'économies d'énergie et de CO2".


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