DPE : des professionnels mettent en garde contre une révision du coefficient d'énergie primaire et finale

Un projet de révision du coefficient d'énergie primaire et finale (CEP/CEF) suscite l'inquiétude de certains acteurs. Le Gouvernement envisagerait en effet de ramener cet indicateur utilisé pour établir les diagnostics de performance énergétique (DPE) de 2,3 à 1,9, apparemment pour favoriser le vecteur électrique. Ce qui ne convient évidemment pas aux professionnels promouvant la complémentarité des énergies.
"Cette révision, si elle était actée, constituerait un tripatouillage politique d'un outil scientifique de mesure pour masquer le retard pris sur les objectifs de rénovation", accuse Jean-Charles Colas-Roy, à la tête de Coénove. "Modifier artificiellement le CEP/CEF constituerait une décision politiquement risquée, aux conséquences techniques, sociales et environnementales mal maîtrisées."
D'après l'association, cela déboucherait en effet sur une décorrélation entre le DPE et les flux physiques, et accorderait "un avantage indu" à des systèmes électriques jugés peu performants du fait de l'effet Joule. Selon ses calculs, un million de logements sortiraient ainsi mécaniquement du statut de passoires thermiques, ce qui pourrait les priver de travaux d'amélioration du confort des occupants.
"Ce sont les logements qu'il faut rénover"
En outre, les adhérents de Coénove craignent une "surélectrification" des logements induite par la multiplication d'appareils inefficaces, et in fine un risque de "blackout" lors des pointes hivernales. "Ce n'est pas en cassant le thermomètre que l'on soigne la fièvre, car modifier artificiellement le CEP/CEF ne change en rien la réalité des logements. Ce n'est pas le CEP/CEF qu'il faut changer, ce sont les logements qu'il faut rénover", insiste Jean-Charles Colas-Roy.
Avant toute modification du DPE, les membres de Coénove appellent par conséquent à une "concertation approfondie avec la filière", agrémentée d'une étude d'impact sur "les trajectoires de rénovation, d'électrification des usages et de sécurité du réseau".
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