Moratoire sur le solaire : les professionnels s'insurgent et redoutent un "effondrement" de l'activité

Par   Corentin PATRIGEON

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Publié le 23 juin 2025
Crédit photo iStock/dutourdumonde
La façade de l'Assemblée nationale.
RENOUVELABLES. L'adoption d'un amendement imposant un moratoire sur le photovoltaïque lors des débats autour de la proposition de loi Gremillet à l'Assemblée nationale fait sortir les professionnels de leurs gonds. Réactions.

L'examen de la proposition de loi de programmation énergie-climat Gremillet à l'Assemblée nationale tournerait-elle au grand n'importe quoi ? Des amendements adoptés en séance le 19 juin ont fait sortir les professionnels de l'énergie de leurs gonds : réouverture de la centrale nucléaire de Fessenheim (Haut-Rhin), suppression des objectifs de développement des biocarburants, moratoire sur le solaire et l'éolien, affaiblissement des efforts d'efficacité énergétique et de rénovation des bâtiments... Rien ne va plus aux yeux de la filière.

"Le texte tel qu'il ressort de la phase d'examen à l'Assemblée nationale [le 19 juin] n'a plus aucun sens", tonne Jules Nyssen, à la tête du Syndicat des énergies renouvelables (SER). "Il met plusieurs dizaines de milliers d'emplois en danger et sacrifie notre avenir énergétique au-delà des 10 prochaines années." Même le déploiement de la chaleur et des gaz renouvelables font les frais de la politique politicienne du Palais Bourbon, en ne faisant l'objet que d'un cadre "très flou".

Une décision "en contradiction totale avec la réalité du terrain"

Du côté d'Enerplan, c'est bien évidemment le moratoire sur "l'instruction, l'autorisation et l'installation de tout nouveau projet d'installation de production d'électricité utilisant (...) l'énergie solaire photovoltaïque" qui ne passe pas. Le président du syndicat des professionnels de l'énergie solaire, Daniel Bour, le dépeint comme "pas sérieux" et "totalement hors sol".

Dans le détail, il serait "en contradiction totale avec la réalité du terrain, avec les projets que portent aujourd'hui des collectivités ou des entreprises, qui veulent sécuriser leur approvisionnement électrique par l'autoconsommation solaire et participer à la transition énergétique".

En effet, les professionnels redoutent un gel des installations susceptible d'entraîner "un risque d'effondrement d'activité", d'après le Groupement des métiers du photovoltaïque de la Fédération française du bâtiment (GMPV-FFB). "Trop, c'est trop", abonde Coédis.

Proposer une PPE "en faveur des ENR mais aussi de la maîtrise de l'énergie"

La Fédération des distributeurs d'équipements et solutions électriques, génie climatique et sanitaires reprend à son compte les propos du député EPR Antoine Armand, rapporteur du texte, qui a qualifié ce vote de "catastrophe économique et industrielle", ainsi que ceux du ministre de l'Industrie Marc Ferracci, qui l'a jugé "dévastateur". "Il est temps que les pouvoirs publics cessent de changer en permanence de pied en matière d'accompagnement de la transition énergétique", prévient Coédis.

Sans surprise, cette analyse est partagée par l'ensemble des acteurs. L'association Amorce fustige pour sa part une orientation "absurde et irresponsable", faisant valoir que des élus locaux veulent "relever le niveau du débat parlementaire et médiatique pour être à la hauteur des enjeux vitaux pour le pays". D'après elle, l'essor des ENR "peut être réalisé avec bon sens et concertation dans toutes les communes françaises, en fonction de leurs spécificités".

Quoi qu'il en soit, tous appellent les députés à rejeter la proposition de loi Gremillet, dont le vote final doit intervenir ce 24 juin. Le SER demande "solennellement" aux parlementaires de voter contre un texte "incohérent qui fait honte à la France", quand Coédis invoque la "responsabilité" du Parlement face à ce "vote néfaste". Amorce l'exhorte pour sa part à "effacer" la trajectoire qui se dessine pour, à la place, "réaffirmer une PPE visionnaire et ambitieuse en faveur des ENR, mais aussi de la maîtrise de l'énergie".


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