Comment le projet de chaudière à gaz Ch0C compte décarboner l’industrie

Quantité d’industries, depuis l’agroalimentaire jusqu’à la chimie, en passant par l’industrie pharmaceutique, la transformation du plastique et du caoutchouc, la transformation de la viande, la métallurgie ou la blanchisserie utilisent de grandes quantités de vapeur.
Toutes énergies confondues, les chaudières industrielles contribuent pour 23% des émissions globales de gaz à effet de serre de l’industrie française. Décarboner celle-ci passe donc par la décarbonation de la production de vapeur. Rappelons que, selon la Stratégie nationale bas-carbone (SNBC) de la France, l’industrie doit diviser ses émissions de GES par 5 d’ici à 2050.
(Toutes les photos sont créditées Pascal Poggi pour XPair)
L’oxycombustion et captage du CO2
La combustion a besoin d’un combustible – en l’occurrence le gaz naturel – et d’un comburant contenant de l’oxygène, la plus souvent l’air ambiant. Dans le projet Ch0C, l’air ambiant est remplacé par de l’oxygène pur, en réalité du dioxygène O2. L’air contient en effet 78% d’azote, et lors d’une combustion, l’azote absorbe de la chaleur et réduit le rendement. Dans une oxycombustion, la température des flammes augmente significativement, le volume de CO2 est multiplié par 10 dans les gaz de combustion.
Les produits de combustion dans une oxycombustion sont principalement du CO2 et de la vapeur d’eau (H2O). Pour réduire le risque d’une production de NOx due à la température de flamme élevée, la chaudière Ch0C organise une recirculation des produits de combustion, pour obtenir non plus du dioxygène pur comme gaz comburant, mais un mélange O2 + CO2 + H2O. Ce qui réduit la température de combustion, augmente le rendement et produit des fumées encore plus concentrées en CO2.
La vapeur d’eau dans les fumées est condensée et le CO2 contenu dans les produits de combustion est liquéfié et capté. De nombreux industriels ont besoin de CO2 dans leur processus de production : le CO2 capté est stocké, valorisé sur site ou bien transporté vers d’autres industriels.
Seize partenaires
- Babcock Wanson qui a fabriqué la chaudière de 3 MW utilisée pour le test,
- Fives qui a conçu et fourni le brûleur Pillard intégré à la chaudière,
- Verdemobil Biogaz qui fournit le système de captage et de liquéfaction du CO2,
- Engie Solutions qui accueille sur son site de de Villers-Saint-Paul (Oise) le démonstrateur de 3 MW,
- GRDF, NaTran (ex-GRTGaz), TotalÉnergies, Eiffage Énergie Systèmes, l’Université de Paris,
- Et de potentiels utilisateurs : Agrial, Agro Mousquetaires, Bonduelle, Carboneo, Coca-Cola, Constellium.
Fives a fourni l’élément rose : un brûleur à oxycombustion et bas NOx, à prémélange, avec recirculation des produits de combustion pour réduire la température en chaque point de la flamme.
En sortie de cheminées, la température des fumées est descendue à ≥ 5°C du point de rosée. La fumée est épurée pour la débarrasser des Cov, etc.
Les fumées sont ensuite compressées à 19 bars, leur température est descendue à -60°C du point de rosée pour permettre leur assèchement. Le CO2 est capté, liquéfié, compressé à 19 bars et stocké à -21°C. Il est alors pur à 99,9%.
L’oxygène nécessaire à l’oxycombustion est fourni par Linde.
La chaudière Ch0C devrait être commercialisée dès l’an prochain. En coût complet d’exploitation, hors taxes, la Ch0C devrait afficher des coûts en euro par kWh de vapeur produite jusqu’à 40% inférieurs à ceux d’une chaudière électrique, et au minimum équivalents à ceux d’une chaudière biomasse.
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