Chauffage : comment le biofioul compte intégrer toujours plus d'ENR

Le biofioul continue à creuser son sillon. Mis sur le marché à la fin de l'année 2022, le carburant qui contient jusqu'à 30% d'ester méthylique de colza (EMC), dit F30, offre "de nouvelles perspectives" d'activité aux professionnels du chauffage, assure la Fédération française des combustibles, carburants et chauffage (FF3C). Le produit aurait en effet le mérite de conjuguer innovation technique et transition énergétique, répondant ainsi à la fois à la réglementation et aux attentes des consommateurs.
Pour l'heure, le réseau de distribution du F30 compte 390 établissements référencés en métropole. La filière a également mis à disposition des usagers un annuaire Internet listant les professionnels compétents dans l'installation, l'entretien et la maintenance de leurs équipements recourant au biofioul. Actuellement, 430 chauffagistes sont inscrits dans cette base.
Le biocarburant se développe donc au fur et à mesure, avec 75.000 m³ distribués au cours des 12 derniers mois d'après le CPDP (Comité professionnel du pétrole), et 15.000 chaudières compatibles F30 vendues en 2024, cette fois selon la FF3C. Toujours d'après les chiffres du secteur, 2,5 millions de résidences principales sont aujourd'hui équipées d'un chauffage au combustible liquide, type fioul ou biofioul.
La part des maisons individuelles (en résidences principales) chauffées avec cette énergie est de 11,5%. Un chiffre qui ne risque pas de diminuer puisque 58% des utilisateurs de fioul souhaitent conserver leur mode de chauffage, si l'on en croit une étude Audirep réalisée en juin 2024 auprès d'un millier d'habitants en maison individuelle.
Objectif : 100% d'ENR à horizon 2030
Des chiffres encourageants qui incitent la filière à préparer la prochaine étape, à savoir la commercialisation du F55. Celui-ci est présenté comme un "biocombustible liquide qui intègrera une majorité d'énergie renouvelable", c'est-à-dire 50 à 55% d'Emag (ester méthylique d'acide gras) provenant essentiellement des cultures de colza françaises.
Les choses progressent sur le plan réglementaire, puisque le Bureau de normalisation pétrolière (BNPÉ) "a engagé le processus de normalisation sous mandat Afnor pour un F55" qui pourrait être autorisé "dès 2027", ainsi que sur le plan technique, dans la mesure où des essais de chaudières utilisant du F55 en conditions réelles "sont prévus durant l'hiver 2025-2026 afin de valider la compatibilité par avance des chaudières F30 installées avec les futurs F55 et F100".
Car la filière planche en effet déjà sur un bioliquide de chauffage fabriqué à partir de 100% d'ENR. Le BNPÉ se serait ainsi lancé dans un "travail de normalisation sur un F100" qui pourrait "voir le jour après 2030". D'ici là, se pose la question de la compatibilité des matériels actuels avec les biocombustibles, actuels ou futurs.
Ceux recourant au F30 "sont désormais considérés compatibles avec des grades supérieurs de biocombustibles, jusqu'à F100", répond la FF3C, qui renvoie à des tests menés par le Cetiat (Centre technique des industries aérauliques et thermiques) sur la "biocompatibilité" d'équipements neufs existants au-delà du F30. "Le rapport final du Cetiat est désormais bouclé et ses conclusions attestent de la biocompatibilité de ces matériels jusqu'à F100", insiste la fédération, qui met en avant la "pérennité" des appareils.
Une nouvelle marque pour les rassembler tous
Pour inciter davantage de chauffagistes à franchir le pas, la filière lance par ailleurs la marque "Biofioul Expert", dont l'ambition est de rassembler "au sein d'un réseau immédiatement identifiable" les spécialistes en installation, entretien et maintenance des matériels fonctionnant au biofioul. "Ces professionnels seront reconnaissables au logo 'Biofioul Expert'", indique la FF3C, qui espère ainsi "favoriser la confiance des consommateurs envers des professionnels agréés".
Un site Internet dédié sera également lancé en septembre prochain, et proposera notamment un annuaire des professionnels incluant les chauffagistes labellisés "Biofioul Expert". La demande d'agrément sera elle aussi accessible dès la rentrée. Gratuite, elle imposera toutefois la signature d'une charte d'engagement.
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