Agrivoltaïsme, stockage : comment ce fabricant français de panneaux solaires diversifie son activité

Par   Émilie WOOD

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Mis à jour le 12 juin 2025
Publié le 12 juin 2025
Crédit photo Cyrille Vidal / Reden Solar
Reden a choisi de miser notamment sur l’agrivoltaïsme, qui représente 30% de ses exploitations actuelles.
STRATÉGIE. En forte croissance, Reden Solar multiplie les projets. Une nouvelle ligne de production a été inaugurée en novembre 2024 dans son usine de panneaux photovoltaïques, à Roquefort (Lot-et-Garonne).

À la fois développeur, financeur, fabricant et opérateur de centrales photovoltaïques à travers l’Europe, Reden Solar est un acteur aussi atypique qu’incontournable sur le marché du photovoltaïque. "Nous sommes la seule entreprise d’électricité verte qui maîtrise toute la chaîne de valeur", affirme Frank Demaille, président-directeur général de la société. En effet, Reden choisit, réalise et finance de A à Z des projets photovoltaïques d’envergure (à partir de 4 mégawatts), avant de les gérer pendant 30 ou 40 ans.

Basée historiquement à Roquefort, près d’Agen (dans le Lot-et-Garonne, sous le nom de Fonroche à l’origine), Reden y possède notamment une usine de fabrication, à laquelle s'ajoutent des bureaux à Toulouse, Bordeaux et Nîmes, ainsi qu'à l’international (Espagne, Portugal, Grèce, Italie, Allemagne et Amérique centrale). Avec 300 collaborateurs, son chiffre d’affaires est compris entre 180 et 200 millions d’euros.

Frank Demaille, PDG de Reden Solar. Crédit photo Reden Solar

En forte croissance depuis 2018, l’entreprise possède 1.000 MW en opération, avec un portefeuille de projets de 4.000 MW très proches d’être construits, et environ 10.000 MW en phase de développement. La croissance est donc actée pour les prochaines années.

Rachetée par un consortium de trois actionnaires en 2022 (des fonds d’investissements australien, canadien et allemand), l’entreprise dispose d’un appui solide pour investir et se développer, malgré une conjoncture plus tendue : "Le contexte macroéconomique plus complexe, les taux d’intérêts plus élevés… font que nous avons adapté notre modèle de croissance : nous nous concentrons sur le développement organique plutôt que sur l’acquisition de centrales en opération", évoque Frank Demaille.

L’agrivoltaïsme en fort développement

Dans ce contexte, Reden a choisi de miser notamment sur l’agrivoltaïsme, qui représente 30% de ses exploitations actuelles. Objectif : passer à 60% d’ici à quelques années. L'entreprise propose notamment des serres photovoltaïques aux agriculteurs.

"Ces serres de qualité sont des outils agricoles gratuits pour les exploitants. Elles constituent un abri d’excellence pour les cultures tout en garantissent un revenu régulier toute l’année. Autre approche : l’installation de panneaux solaires sur des parcelles d’élevage ou de grandes cultures. Ces structures apportent une protection face aux aléas climatiques et elles garantissent un complément de revenu régulier à l’exploitant sur des décennies. L’agrivoltaïsme, c’est un mariage intelligent entre la production agricole et la production énergétique", précise le chef d’entreprise.

Mais la mise en place de tout projet de taille est longue, rappelle-t-il : "Entre l’identification du terrain et la construction, il faut compter en France entre 5 et 6 ans pour une centrale au sol, à peine moins pour une serre. Il y a plus de 80 étapes de validation interne dans notre processus de développement."

Des projets de stockage... et un pied dans la fabrication

Autre pilier de développement depuis 2024 : celui des projets de stockage d’énergie en batterie, une corde de plus à l’arc de Reden. "Le renouvelable va aller de pair avec le développement des batteries et vice versa dans les années qui viennent", affirme le chef d’entreprise. 

Le potentiel est important en Europe, notamment dans des pays comme l’Italie, dont les objectifs de développement des ENR sont encore plus importants que ceux de la France. Avec l’inauguration, en novembre 2024, d’une nouvelle ligne de production pour son usine de Roquefort – un investissement de 4 millions d'euros pour moderniser l’usine datant de 2008, Reden reste impliquée dans la fabrication de panneaux solaires.

Avec l’inauguration, en novembre 2024, d’une nouvelle ligne de production pour son usine de Roquefort, Reden reste impliquée dans la fabrication de panneaux solaires. Crédit photo Simon Abiker / Reden Solar

Un atout par rapport à la concurrence : "Bien qu’on importe aussi des panneaux de Chine où ils sont aujourd’hui moins chers à produire, le fait d’avoir notre propre production nous donne une meilleure compréhension du produit. On est plus réactifs pour le SAV, on fabrique nous-mêmes les petites séries. Et demain, si le projet d’évolution du S21 incitant les installateurs à acheter des panneaux photovoltaïques européens est adopté, l’usine va tourner à plein régime", conclut-il.

C’est-à-dire potentiellement jusqu’à 300.000 panneaux solaires par an. Reden Solar est actuellement en phase active de recrutement.


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