Logement : comment les installations électriques pourraient s'adapter aux nouveaux usages

"On a de plus en plus de nouveaux usages électriques dans le logement", affirme Cyril Artis, président du comité infrastructure électrique chez Ignes (Alliance des industriels des solutions électriques et numériques), à l'occasion d'un webinaire organisé avec l'AJCAM (Association des journalistes de la construction et des activités de la maison) et dédié à la parution de leur livre blanc sur les nouveaux enjeux de sécurité électrique dans le résidentiel.

Ces usages concernent le remplacement des équipements au fioul et au gaz par des solutions électriques, mais aussi l’essor des véhicules électriques, des climatiseurs mobiles et du stockage par batteries. Une multiplication qui entraîne de nouveaux défis. "Le risque est très présent, avec l’ajout des autres sources comme le panneau solaire. Le disjoncteur est à revoir", alerte Gilles Maillet, président des métiers de l’électricité à la Capeb (Confédération de l'artisanat et des petites entreprises du bâtiment).

Même constat pour Anne-Sophie Perrissin-Fabert, déléguée générale d’Ignes : "Avec des déclenchements excessifs pour certaines installations, il faut vérifier tous les câbles. Quand on additionne les usages, les jonctions ne sont pas adaptées." Selon l’Observatoire national de la sécurité électrique (Promotelec / Consuel), 83 % des installations électriques de plus de 15 ans comportent au moins une anomalie. Un enjeu de taille, quand "en cas de production ou de réinjection, les puissances véhiculées sont supérieures à la puissance de l’installation historique", souligne Cyril Artis.

Six propositions pour le neuf, quatre pour l’existant

Pour sécuriser les logements face à la montée en puissance des usages électriques, Ignes avance donc dans son livre blanc une série de recommandations très concrètes. "Il faut raccorder toutes les sources de production à l’origine de l’installation et en amont du disjoncteur général, et avoir une centralisation du raccordement en un même lieu", précise Angélique Branton, responsable infrastructure électrique chez Ignes.

Pour les logements neufs, six propositions sont mises en avant. D’abord, considérer dès la conception que les bornes de recharge pour véhicules électriques seront bidirectionnelles, capables à la fois de consommer et de restituer de l’électricité. Ensuite, créer des circuits spécifiques protégés pour chaque source afin d’éviter les surcharges. Ignes recommande aussi d’informer clairement occupants et installateurs sur les capacités réelles de l’installation, avec indication de la puissance maximale et du courant admissible.

Quatrième mesure : choisir les protections différentielles adaptées aux charges, afin de garantir la sécurité même en cas d’ajout ultérieur de nouvelles sources. Cinquième point, prévoir dès la construction des cheminements et réservations pour de futurs projets d’électrification. Enfin, raccorder toutes les sources de production locales au tableau principal, avant le disjoncteur général, pour un pilotage centralisé et sécurisé.

La transition sans compromission

Pour le parc existant, quatre mesures sont proposées : créer des circuits spécifiques protégés, installer un "disjoncteur barrière de sécurité" entre les nouvelles sources et le tableau en place, renforcer l’information sur les capacités de l’installation et veiller à raccorder les sources à l’origine de l’installation.

Au-delà de ces aspects techniques, l’objectif est clair : accompagner la transition énergétique sans compromis sur la sécurité. Comme le répète Anne-Sophie Perrissin-Fabert, "la sécurité électrique est essentielle pour protéger les biens et les personnes et accompagner l’électrification des usages". Il s’agirait donc de ne pas se court-circuiter soi-même, chez soi.