Lever de rideau imminent pour ISH 2025, la filière aux aguets

L'un des rendez-vous phares de la performance énergétique et environnementale se tient du 17 au 21 mars 2025 à Francfort-sur-le-Main : le salon ISH, qui accueille pour cette nouvelle édition 2.183 exposants de 54 nationalités différentes, met en avant son slogan "Solutions pour un avenir durable" pour rappeler l'enjeu de la transition écologique dans le secteur du bâtiment.
D'après l'équipe d'organisation, ce dernier représente environ 40% de la consommation d'énergie et 36% des émissions de gaz à effet de serre de l'Europe. Au travers de leurs innovations et de leurs recours aux énergies renouvelables ou aux systèmes de gestion de l'eau et de contrôle intelligent, les professionnels du génie climatique sont donc attendus au tournant pour contribuer à la décarbonation et à l'optimisation des ressources.
"Une mise en œuvre à grande échelle de la révolution énergétique ne sera possible que si nous collaborons dans des conditions optimales."
"Le secteur du sanitaire et du CVC développe en permanence des innovations importantes qui peuvent faire avancer la révolution énergétique et contribuer à faire progresser l'approvisionnement en chauffage et la gestion de l'eau", affirme Wolfgang Marzin, le président-directeur général de Messe Frankfurt, le parc d'expositions qui accueille l'évènement.
"Cependant, une mise en œuvre à grande échelle ne sera possible que si nous collaborons dans des conditions optimales", poursuit le responsable, qui veut faire d'ISH "la plateforme leader du secteur, où fabricants, prescripteurs, artisans et décideurs politiques se réunissent pour développer des solutions durables et façonner activement l'avenir du bâtiment".
Focus sur les systèmes complets et solutions intégrées
Les visiteurs devraient avoir un aperçu assez large des tendances mondiales : outre les industriels allemands, qui jouent évidemment à domicile, la majorité des exposants proviennent d'Italie, de Chine, de Turquie, de Pologne, d'Espagne, des Pays-Bas, d'Autriche, de République tchèque et d'Inde. Les organisateurs soulignent que 72% des stands seront tenus par des entreprises étrangères.
En outre, suite à des enquêtes de satisfaction réalisées auprès des visiteurs et des échanges menés avec les partenaires et exposants, le format même du salon a été modifié. Les systèmes complets et solutions intégrées, aujourd'hui davantage recherchés par les prescripteurs et exploitants, seront ainsi davantage mis en valeur.
"Au cœur du salon se trouvent huit domaines de solutions offrant une orientation rapide : salles de bains, systèmes hydrauliques, installation, production de chaleur, air intérieur, gestion intelligente des bâtiments, logiciels, et production sanitaire et CVC", détaille l'organisation.
"Avec pas moins de 87 usines dans l'Hexagone, nous n'attendons que la reprise pour relancer les investissements prévus et renforcer notre ancrage territorial."
- Uniclima
Parmi les temps forts d'ISH 2025, une conférence sur la "valeur de l'eau" se tiendra par ailleurs les 17 et 18 mars autour d'un panel de spécialistes internationaux (responsables politiques, économistes, scientifiques...) pour échanger sur les innovations et les stratégies de gestion durable à mettre en place pour préserver l'or bleu.
Une autre conférence, intitulée "Construire l'avenir", s'intéressera aux solutions "climatiquement neutres" pour le secteur de la construction. Les intervenants s'exprimeront sur le bâtiment durable, l'efficacité énergétique et la contribution de la filière à l'atteinte des objectifs de décarbonation.
Poursuite des efforts
Dans un contexte économique et industriel difficile pour le bâtiment et l'énergie, la température ressentie sur ISH influencera probablement la dynamique des industriels pour les prochains mois. Il y a un peu plus d'un mois, Uniclima, le groupement professionnel des industries thermiques, aérauliques et frigorifiques françaises, a dressé un bilan dégradé des ventes de matériels de génie climatique dans l'Hexagone pour l'année 2024.
Plombé notamment par la baisse des mises en chantier de logements et de locaux non résidentiels, le recul des rénovations énergétiques (-41% de dossiers Ma prime rénov' dont -50% pour les rénovations par geste) et l'instabilité des aides publiques, le secteur du génie climatique demeure dans l'expectative.
Interrogé par XPair, Uniclima estime que "la conjoncture n'est guère meilleure dans la plupart des autres pays européens", le contexte macroéconomique étant commun aux Vingt-Sept. Les industriels tricolores assurent néanmoins poursuivre leurs efforts pour améliorer leurs technologies et diminuer leur impact environnemental. "Nul doute que le salon de Francfort en sera le reflet, tout comme Interclima l'a été en octobre dernier pour les professionnels français", indique-t-on au sein du groupement.
Faire redémarrer la rénovation énergétique
Sur le marché français, les perspectives restent malgré tout incertaines, ballotées entre des "éléments favorables" et des "vents contraires". Dans le rayon des points positifs, Uniclima relève "la baisse du coût de l'électricité tout comme celle des taux d'inflation et d’intérêt, qui pourraient stimuler la demande dans les mois à venir". L'entrée en vigueur de la RE2020 pour le parc tertiaire pourrait également avoir un "impact positif sur différents marchés".
Car les fabricants du groupement mettent en avant "le potentiel immédiat" de leurs équipements dans la transition écologique du pays, ainsi que leur implantation industrielle. "Avec pas moins de 87 usines dans l'Hexagone, nous n'attendons que la reprise pour relancer les investissements prévus et renforcer notre ancrage territorial", plaident-ils.
Pour faire redémarrer la rénovation énergétique, la filière propose en parallèle de "prendre en compte un parcours de rénovation par étapes qui ne s'oppose pas au fait de promouvoir également des rénovations globales, de simplifier et sécuriser les systèmes d'aide existants, de lutter contre les fraudes à travers quelques modalités pratiques et de mobiliser de nouveaux instruments financiers pour alléger le reste à charge des ménages".
Dans le cadre budgétaire actuel, pour le moins contraint, il n'est cependant pas certain que les pouvoirs publics disposent d'une marge de manœuvre financière suffisante pour relancer cette dynamique.
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