Les émissions mondiales du bâtiment marquent une pause, d’après l’ONU

Les émissions mondiales de gaz à effet de serre (GES) du bâtiment ont cessé leur progression, et c’est évidemment une bonne nouvelle. Dans son rapport annuel sur le secteur de la construction, le Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE), en collaboration avec l’Alliance mondiale pour les bâtiments et la construction (Global ABC, qui compte 42 pays membres), souligne les efforts entrepris par de nombreux pays pour décarboner leurs bâtiments.
Tous les freins sont toutefois encore loin d’être levés. "Les bâtiments où nous travaillons, faisons nos courses et vivons représentent un tiers des émissions mondiales et un tiers des déchets mondiaux", rappelle la directrice exécutive du PNUE, Inger Andersen.
"La bonne nouvelle, c’est que les actions gouvernementales portent leurs fruits. Mais nous devons faire plus et plus vite." C’est pourquoi la responsable incite tous les gouvernements à "inclure des plans de réduction rapide des émissions du secteur du bâtiment" dans leurs nouvelles contributions nationales.
Adoption de réglementations sur la neutralité carbone
En analysant la décennie qui s’est écoulée depuis la signature de l’Accord de Paris en 2015, le PNUE constate que 2024 a été la première année où la croissance du secteur de la construction s’est découplée de ses émissions de GES. Auparavant, la tendance avait plutôt été à la stagnation.
Les spécialistes de l’ONU expliquent cette situation par l’adoption de réglementations énergétiques axées sur la neutralité carbone, doublées de normes de performance. Les investissements en faveur de l’efficacité énergétique auraient aussi permis au secteur de diminuer son intensité énergétique de près de 10%.
En parallèle, la part des énergies renouvelables dans la demande énergétique finale a augmenté d’environ 5%. "Des mesures complémentaires, telles que les pratiques de construction circulaire, les baux verts, la rénovation énergétique des bâtiments existants et la priorité donnée à l’utilisation de matériaux à faibles émissions de carbone, peuvent encore réduire la consommation d’énergie, améliorer la gestion des déchets et réduire les émissions globales", ajoute le rapport.
Le "déclin" des installations de Pac inquiète
Cependant, le chemin est encore long. Le secteur du bâtiment continue à consommer 32% de l’énergie mondiale et contribue à hauteur de 34% aux émissions planétaires de dioxyde de carbone. À eux seuls, le ciment et l’acier sont responsables de 18% des émissions de GES et génèrent une quantité importante de déchets.
Le PNUE s’inquiète particulièrement du fait que la moitié des bâtiments qui existeront dans le monde d’ici à 2050 ne sont pas encore sortis de terre, ce qui rend d’autant plus cruciale l’adoption dès à présent de réglementations énergétiques ambitieuses.
Il s’alarme également du "déclin récent de mesures très efficaces, comme les installations de pompes à chaleur", et du fait que "plus de 50% des surfaces nouvellement construites dans les pays émergents et en développement ne sont toujours pas concernés par ces réglementations".
Doubler les investissements dans l’efficacité énergétique
L’ONU enjoint donc les principaux pays émetteurs (USA, Chine…) à promulguer ces normes d’ici à 2028 afin de décarboner leurs parcs respectifs. Les autres pays pourront emprunter la même voie "au plus tard en 2035".
Des moyens financiers considérables devront aussi être débloqués : l’agence estime qu’il est nécessaire de doubler les investissements mondiaux dans l’efficacité énergétique des bâtiments d’ici à la fin de décennie, les faisant passer de 270 à 522 milliards de dollars (soit respectivement de 247 à 478 milliards d’euros).
En conclusion, le PNUE considère que "l’adoption de mesures de responsabilité élargie des producteurs et de pratiques d’économie circulaire – notamment l’allongement de la durée de vie des bâtiments, une meilleure efficacité et réutilisation des matériaux, le recyclage, la conception passive et la gestion des déchets" est "essentielle pour combler les déficits de financement".
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