Le R290 s'impose dans toutes les Pac, sauf en géothermie où le R454C apparaît

Le salon Artibat, qui s'est tenu du 22 au 24 octobre à Rennes, était un exposé des contrastes. Les fabricants et exposants de chaudières biomasse étaient notamment à la peine, tandis que les industriels de la pompe à chaleur, malgré un marché encore difficile, estimaient aller dans le sens de l’Histoire.

Commençons par les chaudières bois. Un arrêté de septembre 2025 indique qu’à compter du 1ᵉʳ janvier 2026, les chaudières biomasse et l’isolation thermique des murs seront supprimés de MaPrimeRénov’ parcours par geste. Les fabricants de chaudières bois qui exposaient à Artibat en voyaient déjà les conséquences : leurs ventes sont en chute libre, sauf sur le segment des grosses puissances où les chaufferies urbaines, par exemple, se tournent encore volontiers vers les chaudières biomasse pour décarboner leur production de chaleur.

Baisser les prix des chaudières biomasse... ou pas

Face à ce vent mauvais soufflé par les pouvoirs publics contre les chaudières biomasse, les constructeurs ont adopté des stratégies différentes. Le français Self Climat Morvan, fabricant de chaudières biomasse depuis 1948, présentait à Artibat sa chaudière à granulés GM EKO, déjà disponible en 14 et 18 kW, et en 21 kW en 2026.

Elle a été conçue pour être plus simple, donc moins coûteuse : moins d’automatismes, stockage de granulés intégré, empreinte au sol de moins de 0,6 m², rendement > 91 %, tout cela pour un prix public de 4.900 €. Le but étant que le client final puisse utiliser cette nouvelle chaudière pour remplacer une chaudière fioul ou gaz sans avoir besoin de faire appel aux aides publiques qui disparaissent bientôt.

Le constructeur autrichien Ökofen a fait un autre choix. Spécialiste de la chaudière biomasse haut de gamme à condensation, il reste fidèle à cette gamme de générateurs, mais en même temps, présentait à Artibat une toute nouvelle pompe à chaleur air / eau.

Ökofen reste fidèle aux chaudières bois haut de gamme. Ses chaudières Pelletmatic XS à condensation de 14 à 18 kW assurent chauffage et production d’ECS instantanée. Elle est prête au raccordement d’un système solaire thermique et affiche un rendement sur PCI > 100 %. © Pascal Poggi pour XPair

La nouvelle pompe à chaleur GreenFOX air / eau, monobloc et au R290 d’Ökofen est disponible en trois couleurs – blanc, gris et anthracite – et deux puissances : 3,4-12,5 kW et 3,4-14,5 kW pour des température A7 / W35. C’est un appareil réversible qui assure la production d’ECS, même en mode froid. © Pascal Poggi pour XPair

Le R290 s’impose dans les Pac air / eau... mais pas complètement dans les Pac géothermiques

Côté pompes à chaleur, justement, pas de surprise : le R290 s’impose dans toutes les Pac air / eau monobloc. De Bosch à Viessmann, en passant par Atlantic, Domusa, Elco, Lemasson, Saunier-Duval et Vaillant, tous les nouveaux modèles de Pac monoblocs extérieures présentées utilisent le R290 comme fluide frigorifique.

Elles se ressemblent un peu toutes également : nouvelle couleur gris foncé, grilles verticales, etc. Leurs composants sont très similaires aussi. Seul Vaillant et Saunier-Duval se distinguent. Ce groupe a en effet mis au point un absorbeur de R290 en charbon actif.

En cas de fuite du R290, l’absorbeur capte tout le fluide, sauf 1 %. Ce 1 % restant ne présente aucun risque d’embrasement ou d’explosion, mais il suffit pour que la sonde de R290 placée dans le volume confiné du circuit thermodynamique détecte la fuite et envoie une alarme. Une fois la fuite réparée, il faut changer l’absorbeur.

Même les industriels asiatiques, comme Hitachi, abandonnent les HFC dans leurs Pac air / eau monoblocs extérieures. Cette Pac Hitachi air / eau airH2O 800 H utilise le R290. Réversible, elle est disponible dans différentes puissances, de 4 à 14 kW, et sait produire une température de départ d’eau de 75 °C par -5 °C de température extérieure, et encore 60 °C avec l’aide d’une résistance électrique par -20 °C à l’extérieur. © Pascal Poggi pour XPair

Pour Lemasson, un spécialiste français de la pompe à chaleur géothermique, la nouveauté à Artibat était pourtant Alt’Air, une gamme de Pac air / eau au R290 de 6 à 15 kW. Leur ETAS (efficacité thermique annuelle saisonnière) atteint 148 %, avec un COP de 2,2 pour une température extérieure de -15 °C et un départ d’eau à 55 °C et de 5,40 à A7 / W35. © Pascal Poggi pour XPair

Le groupe Ariston est venu à Artibat avec toutes ses marques : Ariston, Elco, Rendamax, Chaffoteaux (Maury a disparu depuis longtemps), Brink et Wolf. Ce qui nous a permis de découvrir cette nouvelle Pac air / eau Elco monobloc extérieure au R290, l'AEROTOP SPK de 16 et 20 kW. Son ETAS atteint 205 % pour le modèle de 20 kW et 215 % pour le modèle de 16 kW, pour des COP respectifs de 5,46 et 5,25 pour A7 / W35. © Pascal Poggi pour XPair

Atlantic présentait à Artibat sa nouvelle pompe à chaleur air / eau au R290 Alfea M, qui fournit 75 °C de départ d’eau par 0 °C à l’extérieur et 65 °C par -15 °C extérieurs, sans l’aide d’une résistance électrique. Elle est fabriquée dans l’usine de Billy-Berclau, dans le Pas-de-Calais. La gamme Alfea M compte 30 modèles : chauffage seul, Duo (chauffage et ECS), Compact et six puissances, 3 et 4 kW en monophasé, 6, 8, 10 et 12 kW en mono- et triphasé. Les prix varient de 8.536 € TTC (TVA à 20 %) pour le modèle de 3 kW chauffage seul à 18.738 € TTC pour le modèle de 12 kW en triphasé et avec ballon d’eau chaude. © Pascal Poggi pour XPair

Côté Pac géothermique, la situation est plus contrastée. Si de grands fabricants comme Nibe et Vaillant, ainsi que de tout petits comme le français Geothermik, ont adopté le R290, d’autres, dont le français Enthalpie, ont choisi le R454C. En effet, le R290 est classé A3 – inflammable –, tandis que le R454C est un mélange de HFC R32 (21,5 %) et de HFO R1234yf (78,5 %), classé A2L avec un GWP (potentiel de réchauffement global) de 148. Un fluide A2L requiert moins de dispositifs de sécurité qu’un fluide A3, notamment quand la machine est installée dans le bâtiment.

Enthalpie, créé en 2006 et racheté en 2015 par ETAO, a opté pour le R454C pour ses pompes à chaleur géothermiques G-PAC. Elles sont disponibles en mono- et en triphasé de 5,40 à 18,38 kW, avec des EATS (climat moyen) de 176 à 186 % selon les modèles. © Pascal Poggi pour XPair

Arkteos exposait à Artibat sa pompe à chaleur eau / eau INVELIA, qui utilise le R454C. Ce modèle est optimisé pour le concept Solarothermie, raccordé à des capteurs solaires hybrides Dualsun Max. © Pascal Poggi pour XPair

Nibe a passé toutes ses pompes à chaleur géothermiques au R290. Le fabricant, dont on parle comme l’un des potentiels repreneurs du groupe Atlantic, présentait à Artibat sa nouvelle Pac géothermique S1357 au R290. Elle est destinée au tertiaire et au collectif avec des puissances de 30, 40, 60 et 120 kW. Elle est cascadable jusqu’à 960 kW. © Pascal Poggi pour XPair

Nibe présentait également à Artibat sa nouvelle Pac géothermique Nibe S1257 au R290. Elle est naturellement connectée au portail en ligne myUPLINK de Nibe pour un suivi et un pilotage par smartphone. Elle assure chauffage, production d’ECS et rafraîchissement. © Pascal Poggi pour XPair

Présent en France depuis plus de 20 ans, Domusa Teknik montrait à Artibat à la fois des pompes à chaleur air / eau et des ballons thermodynamiques, tous au R290. Domusa Teknik est également un spécialiste de la Pac hybride et propose des modèles avec chaudières à condensation gaz. © Pascal Poggi pour XPair

Le français QVANTUM proposait à Artibat son concept d’accumulation de chaleur : une pompe à chaleur air / eau de 9 ou de 15 kW, associée à un ballon d’accumulation de chaleur. Le système assure chauffage et production d’ECS instantanée. Le ballon de stockage est une batterie thermique dont la capacité atteint 12 kWh. Ce stockage est piloté en fonction des prix de l’électricité et, bientôt, des prévisions météo, de manière à minimiser le budget de fonctionnement, sans nuire au confort. © Pascal Poggi pour XPair